BCE : Christine Lagarde juge "très improbable" une hausse des taux directeurs en 2022

Contrairement aux institutions américaines et britanniques, la banque centrale européenne va se montrer plus conciliante envers les Etats, malgré la poussée de l'inflation. En cause notamment, une reprise économique sur le Vieux continent qui se révèle plus fragile que prévu.
Un durcissement indu des conditions de financement n'est pas souhaitable à un moment où le pouvoir d'achat est déjà comprimé par la hausse des factures d'énergie et de carburant, a souligné Christine Lagarde.
"Un durcissement indu des conditions de financement n'est pas souhaitable à un moment où le pouvoir d'achat est déjà comprimé par la hausse des factures d'énergie et de carburant", a souligné Christine Lagarde. (Crédits : POOL)

A quelques heures de la décision de la Banque centrale américaine (Fed) de changer ou non sa stratégie monétaire, Christine Lagarde a, elle, anticipé les interrogations quant à la position de la Banque centrale européenne (BCE). Malgré une inflation galopante en zone euro, à 4,1% sur un an en septembre, soit le rythme de hausse des prix le plus haut depuis plus de 13 ans, la présidente de la BCE a jugé mercredi "très improbable" une hausse des taux directeurs de l'institut en 2022.

Christine Lagarde continue de défendre le soutien monétaire aux Etats, jugeant la poussée inflationniste "temporaire".

Or, à l'inverse, la Fed devrait annoncer mercredi la réduction progressive de son soutien à l'économie, une mesure très attendue maintenant que la reprise semble solide et que l'inflation apparaît plus forte et tenace que prévu.

De même, la Banque d'Angleterre (BoE) pourrait relever son taux directeur jeudi pour la première fois depuis août 2018 pour contrer l'accélération de l'inflation.

Au sein même de l'Union, la banque centrale de Pologne (NBP) a annoncé mercredi une hausse de 75 points de base, à 1,25%, de son principal taux directeur, afin de combattre l'inflation qui monte en flèche. Il s'agit de la deuxième hausse successive de taux de la NBP en deux mois.

Mais la Française reste, elle, confiante. Malgré la poussée inflationniste actuelle en zone euro, les "perspectives d'inflation à moyen terme restent modestes" faisant que "les conditions d'une hausse des taux" ne seront pas réunies l'an prochain, a-t-elle expliqué lors d'un discours à Lisbonne.

La BCE souhaite conserver des conditions de financement favorables pour les ménages et entreprises afin de ne pas compromettre la reprise encore fragile.

De fait, au troisième trimestre, la croissance générée est restée moindre, à +2,2% seulement par rapport au trois mois précédents. L'Europe est en effet encore fortement dépendante de la crise d'approvisionnement.

"Un durcissement indu des conditions de financement n'est pas souhaitable à un moment où le pouvoir d'achat est déjà comprimé par la hausse des factures d'énergie et de carburant", et cela représenterait un "vent contraire non désirable pour la reprise", a expliqué Mme Lagarde.

Une inflation limitée en 2023 ?

Elle a de ce fait repoussé les anticipations des marchés, qui voient une première hausse des taux en décembre 2022, de manière plus nette que lors de la dernière conférence de presse de l'institut fin octobre.

Mais pour l'instant, la banque s'attend à que l'inflation retombe en 2022 et n'atteigne que 1,5% en 2023, encore loin de sa cible de 2%.

Or, il faudrait que la prévision d'inflation pour l'année suivante et celle d'après se situent dans les clous de son objectif pour que la BCE se mette à réagir sur les taux.

La BCE voit, elle, une bonne raison de temporiser dans sa jeune histoire. Il y a dix ans, son ancien président Jean-Claude Trichet avait relevé trop tôt les taux, alors que la crise allait frapper, une erreur rapidement corrigée par son successeur Mario Draghi, mais restée dans les annales de l'institution.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 04/11/2021 à 2:00
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On se souviendra que la même Lagarde, encore au début 2008, alors que les banques européennes étaient sous perfusion de la BCE pour garantir les prêts interbancaires et ce, pour plus de 200 milliards €, prétendait que tout allait bien. Attendez vous...

à écrit le 03/11/2021 à 19:59
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Ah elle aura lutté jusqu'au bout la vaillante petite pour arroser ses amis fortunés d'argent gratuit. Tant pis pour les pauvres qui vont morfler avec l'inflation galopante ...

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