Brexit : ces entreprises qui font payer aux consommateurs la note pour la chute de la livre

La monnaie britannique a perdu plus de 15% de sa valeur au cours des derniers mois. Ce qui entraîne un manque à gagner pour les entreprises importatrices, qui le répercutent sur le prix de ventes en livres et donc sur leurs clients.
Laszlo Perelstein
Le citoyen britannique pourrait payer cher la sortie de l'Union européenne.

Pendant que Bruxelles et Londres se préparent à négocier âprement les modalités de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, les effets du Brexit à venir sont déjà visibles sur le portefeuille des Britanniques. L'inflation a ainsi accéléré en septembre, prenant 1% sur un an -après +0,6% en août et en juillet-, soit la plus forte hausse depuis novembre 2014 selon les derniers chiffres de l'ONS (Office for national statistics). Il est important de noter que celle-ci reste néanmoins inférieure à l'objectif d'inflation de 2% de la Banque d'Angleterre (BoE).

Mais les produits de certaines entreprises, particulièrement à l'import, ont subi des hausses de prix plus importantes pour compenser la chute de la livre. Depuis le vote du 23 juin, la valeur de la monnaie britannique a chuté de 16,9% par rapport à l'euro, 21,59% face au dollar.

Microsoft a ainsi annoncé dans une note de blog que le prix de ses logiciels d'entreprise allait grimper de 13%, tandis que la hausse de serait de 22% pour ses services de cloud, son nouveau levier de croissance. La firme de Redmond n'est pas la seule à vouloir minimiser la chute de la monnaie britannique. Avant elle, Apple avait silencieusement augmenté en août les prix de ses produits électroniques d'un montant allant de 20 à 50 livres soit une hausse comprise entre 3 et 10%. Une décision également prise par le taïwanais HTC qui a rajouté 70 livres (+10%) au prix de son casque de réalité virtuelle le HTC Vive, trois semaines après que le prix du smartphone OnePlus 3 a été ajusté de 20 livres (+6,4%). Les fabricants de PC Asus (+9% sur les prix de vente au Royaume-Uni à partir d'octobre), Dell (+10%) et HP (jusqu'à 10% de hausse) ont également appliqué une hausse.

Toutes les entreprises du secteur n'ont toutefois pas encore pris de décisions et certains comptent bien en profiter. Sur le forum Reddit, un utilisateur conseille ainsi d'acheter la monnaie d'échange de League of Legends (le jeu le plus joué au monde) en livres et non en euros afin d'obtenir un meilleur rapport quantité-prix.

Le secteur automobile tâte le terrain avec des hausses modérées

Chez les constructeurs automobiles, la montée des prix a été nettement plus douce. Dès le mois d'août, le français PSA a pris les devants en annonçant une augmentation des prix de ses véhicules outre-Manche, qui sont désormais en moyenne 2% plus chers (+2,8% pour la Peugeot 308). Le constructeur a par la suite été rejoint par l'américain Ford (+1,5% en moyenne), les japonais Honda (+0,9%) et Suzuki (+2%) et même le britannique Vauxhall (société-sœur d'Opel et filiale de General Motors) a fait grimper les prix (+2,5%) de certains de ses modèles à compter du 1er octobre. Pour les constructeurs, la hausse des prix semble inévitable, à en croire Tina Müller, directrice du marketing d'Opel, selon qui le Brexit a déjà coûté 346 millions de livres à GM Europe.

Ces hausses très modérées des prix ne devraient toutefois pas permettre de compenser les effets de change et des augmentations de prix plus importantes devraient suivre, selon une note d'Arndt Ellinghorst, analyste chez le courtier Evercore ISI.

Des hausses à venir sur le vin et la nourriture

Si les produits technologiques et les automobiles relèvent des achats d'exception et peuvent ainsi donner le sentiment d'un impact lointain au consommateur britannique, celui-ci est également touché dans sa consommation de tous les jours. Deux géants britanniques, l'enseigne de supermarchés Tesco et Unilever, se sont ainsi récemment livrés une bataille parce que le premier refusait d'augmenter d'environ 10% le prix de certains produits commercialisés par le second (la Marmite ou encore les crèmes glaces Ben & Jerry's). Les deux entreprises ont toutefois fini par trouver un accord -gardé secret-, Tesco a pu profiter de la publicité pour se présenter en champion de la défense des prix bas et Unilever pour voir les ventes de Marmite grimper de 61% sur une semaine. Quant aux consommateurs ? La hausse sera peut-être limitée un temps pour eux mais finiront indubitablement par payer le prix du Brexit.

Très grands consommateurs de vins étrangers - 99% des 1,8 million de bouteilles consommées chaque année au Royaume-Uni sont importées -, les Britanniques doivent ainsi s'attendre à payer plus cher leur alcool. Le prix des bouteilles importées depuis l'Union européenne devrait ainsi grimper en moyenne de 29 pence (22 pence pour le vin hors UE), a mis en garde la Wine and Spirit Trade Association (WSTA), le 18 octobre. Soit une hausse d'environ 5,3%, à raison d'un prix moyen de la bouteille évalué entre 5,22 et 5,43 livres.

L'effondrement de la livre a également contribué à fortement faire grimper le prix du porc à cause de la demande chinoise. Comme le rapportait fin août le Guardian, l'industrie porcine du pays a été fortement touchée par de fortes inondations, poussant les exportations européennes vers la Chine, qui ont bondi de 60% sur les six premiers mois de l'année, à 1,2 millions de tonnes, dont une large partie provient du Royaume-Uni. Face à cette explosion de la demande, les fournisseurs vendent leurs produits jusqu'à 38% plus cher, une hausse que les supermarchés répercutent sur leurs clients qui achètent jusqu'à 19% plus cher leur bacon, écrit le journal britannique qui cite des données de Beacon. Et le consortium d'achats de souligner que cette montée des prix devrait persister.

D'après la première prévision de PIB pour le troisième trimestre 2016 publiée jeudi 27 octobre par l'ONS, le prix des biens à la production (qui comprend les biens importés et les biens produits sur le marché domestique) ont grimpé de 7,2% sur un an en septembre, après avoir pris 7,8% en août. Mais l'accélération est encore plus forte pour les biens exportés, qui ont vu leur prix gagner 10,2% en septembre sur un an. Dans l'équation finale, les entreprises britanniques devraient être gagnantes, ce qui pourrait entraîner des hausses de salaire supérieure à l'inflation, signifiant que les consommateurs pourraient alors gagner du pouvoir d'achat. Rappelons d'ailleurs que jusqu'ici, les hausses de salaires ont été supérieures à l'inflation : +4,4% pour les 10% de salariés les moins bien payés entre avril 2015 et avril 2016, +6,2 pour les 5% les moins bien rémunérés et 2,2% en moyenne pour le Royaume-Uni.

>> Aller plus loin Brexit : la chute de la livre, chance ou damnation de l'économie britannique ?

| Article publié le 27/10 à 07h02, mis à jour à 16h02 avec des précisions concernant l'inflation et le pouvoir d'achat des Britanniques.

Laszlo Perelstein
Commentaires 18
à écrit le 28/10/2016 à 9:28
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Ça suffit ces articles comme quoi le brexit est l apocalypse.pour le moment la croissance est meilleure qu avant le brexit et aucune entreprise n a quitté le RU et ils ne le feront pas.on cite des banques qui étudieront un départ mais pour le moment ...

le 28/10/2016 à 11:33
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Pour les banques Britanniques, voici l'annonce exact par Anthony Browne, Directeur Général de la British Bankers Association: "Many smaller banks plan to start relocations before Christmas; bigger banks are expected to start in the first quarter of ...

à écrit le 28/10/2016 à 8:18
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Interessant de noter que nos eleveurs de porc ne semblent pas se ruer a exporter en Chine qui est demandeuse. Une fois encore ils ratent le coche!

à écrit le 27/10/2016 à 13:34
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Les premières années vont être difficiles mais remarque 1 : cette baisse de la livre équivaut à une baisse des coûts salariaux de 15% au RU, et elle a été obtenue en quelques mois alors les politiques d'austérités sur le reste du continent n'arrivent...

le 27/10/2016 à 14:18
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Le Roayme uni ne disposant que de peu d'industrie d'exportation, lesquelles sont d'ailleurs dans un type de gamme/produit les rendant peu sensible aux variations de change (industrie financiere, pharamacie, etc.), cette baisse de la Livre n'a donc qu...

le 27/10/2016 à 22:05
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Quand on cherche bien on trouve des avantages à tout. Mais se féliciter d'avoir perdu 15% sur sa fiche de paie parce qu'on va payer moins d'impôts ou qu'on va redevenir les Chinois du monde, ça s'appelle l'humour anglais. Heureusement qu'il exist...

à écrit le 27/10/2016 à 13:03
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Persister jusqu'à ce que les gens se rendent compte qu'un produit, "made in China" notamment, fabriqué a un coût de revient très bas dans les pays de délocalisation ne peut pas être vendu très cher, avec des augmentations ridicules, en Occident. Ce q...

à écrit le 27/10/2016 à 11:53
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La valeur de la livre reste supérieur à l'euro de 12% ce n'est pas encore la parité. Et nos amis Britanniques gagnent toujours à passer leurs vacances voir leurs retraites en France!

à écrit le 27/10/2016 à 11:36
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Pourquoi d'essayer de nous faire peur, quant on sait que la stratégie de ce nouveau gouvernement est bien celle-ci , l'avenir nous le dira mais je pense qu'ils sont sur le bon chemin économique avec les prix de l'immobilier en baisses qui vont redonn...

le 27/10/2016 à 14:21
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les prix de l'immobilier en baisse, ca veut surtout dire que le secteur de la construction, qui etait assezb dynamique outre-manche, va prendre une claque. Ca veut aussi dire que les personnes qui payent un credit sur leur logement vont payer plus ch...

le 27/10/2016 à 18:43
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Que vous le vouliez ou non la dernière reprise enregistrée à la fin des années 1998 est venu du fait d'une baisse significative de l'immobilier pendant plus sieurs années , elle a été rendue possible qu'après cet épurement nécessaire qui a duré une...

le 28/10/2016 à 8:20
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"pourquoi essayer de nous faire peur ..." c'est la stratégie utilisée par les européistes de tous bords pour nous dissuader 1) de ne surtout pas voter aux toutes prochaines élections présidentielles et législatives pour les hommes et les femmes qui p...

à écrit le 27/10/2016 à 11:34
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Oui ce qui est scandaleux, c'est que si les produits importés augmentent peu, bien en deçà de la chute de La livre, les producteurs locaux eux se goinfrent avec plus de 30% d'augmentation sur le porc. Quelle mentalité ! Pas de cela chez nous!

à écrit le 27/10/2016 à 11:20
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hausse du crédit a la consommation au plus haut depuis 10 ans et poursuite de la baisse du taux d'épargne + prix Immo encore dynamiques = croissance de 0,5% au T3 ? cela va durer ? baisse des rentrées d'impôts sur les sociétés, ralentissement des re...

à écrit le 27/10/2016 à 10:31
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Si si : c'est tout gagnant de dévaluer sa monnaie...

à écrit le 27/10/2016 à 10:17
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Bad England ! Bad, Bad, Bad...

à écrit le 27/10/2016 à 9:45
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En juin 2014, j'ai acheté un processeur, deux ans plus tard, il était 15% plus cher à cause de la baisse de l'euro malgré sa plus grande ancienneté. C'est ce qui attend les brittaniques, les effets de change seront intégralement répercutés pour les...

à écrit le 27/10/2016 à 8:03
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La phase d'adaptation est en cours, fini l'irresponsabilité, chacun devra participer!

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