Brexit : Theresa May assouplit sa position mais reste floue sur les détails

A Florence, en Italie, la Première ministre britannique a dévoilé quelques uns de ces souhaits concernant la relation future entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Sans réellement se montrer force de proposition, préférant appeler à "la créativité" des négociateurs et des chefs d'Etat au cours d'un discours marqué par les appels à conserver un partenariat étroit entre les deux rives de la Manche.
Sasha Mitchell
Theresa May lors de son discours à Florence, le 22 septembre 2017.

"Je vais leur faire une offre qu'ils pourraient refuser." Publiée vendredi par le journal londonien Evening Standard, la caricature d'une Theresa May grimée en "Marraine" résumait parfaitement les attentes suscitées par le discours qu'a prononcé la Première ministre britannique, dans l'après-midi à Florence (Italie). Alors qu'à Bruxelles les négociations piétinent depuis leur ouverture en juin, la dirigeante conservatrice a tenté d'apporter des précisions, réclamées depuis plusieurs semaines par les négociateurs européens. Des annonces qui n'avaient, néanmoins, aucune garantie d'être accueillies favorablement par les équipes de Michel Barnier.

Au moment d'établir un état des lieux des discussions en cours, Theresa May a fait part de son désaccord avec le Français, négociateur en chef côté européen, qui regrettait fin août l'absence de "progrès décisif". "Je pense que nous avons réalisé des progrès concrets, notamment sur la question de l'Irlande du Nord et de l'avenir des citoyens européens au Royaume-Uni. Nous voulons que vous restiez", a lancé la Première ministre britannique. Opposée à l'idée que les expatriés puissent dépendre de la Cour de justice européenne une fois le Brexit effectif, May a promis que l'accord de sortie serait incorporé au droit britannique afin que les juges puissent s'y référer. Et ainsi garantir une certaine sécurité aux trois millions de personnes concernées.

May attend mieux que le CETA et l'Espace économique européen

Concernant la question du futur partenariat économique, la dirigeante conservatrice n'a pas réellement détaillé sa vision, mais plutôt listé ce dont elle ne voulait pas. "Nous savons que nous ne pourrons pas garder les bénéfices sans les contraintes, a débuté Theresa May. Nous n'appartiendrons donc plus au marché unique ni à l'union douanière. Et je suis persuadé que nous pouvons faire mieux que l'Espace économique européen (auquel appartiennent la Norvège et l'Islande, pays non-membres de l'UE, ndlr) ou que le CETA. Et nous n'avons certainement pas besoin de mettre des barrières tarifaires là où il n'en existe pas actuellement." L'élue de Maidenhead, à l'ouest de Londres, a également exclu tout rôle de la Cour de justice de l'Union européenne ou des tribunaux britanniques dans le règlement des futurs litiges, en appelant à la création d'une nouvelle institution.

Dans un discours s'adressant davantage aux chefs d'Etats européens qu'à Bruxelles, la Première ministre britannique a appelé à plusieurs reprises ses homologues à faire "preuve de créativité et d'inventivité". "C'est dans l'intérêt de chacun que les négociations réussissent, a-t-elle assuré. Nous partageons un sens des responsabilités pour que le processus soit fluide."

Aucun chiffre annoncé

Cette fluidité, notamment sur le plan des échanges économiques, ne semblait, au vu de la lenteur des négociations, pouvoir intervenir sans période de transition. Semblant s'y être résolue au cours de l'été, Theresa May a confirmé qu'il faudrait une "période d'implémentation" du futur accord après le 29 mars 2019, date de sortie effective du Royaume-Uni de l'Union européenne. "Les modalités doivent être établies le plus vite possible avec une double assurance : que cette période ait bien lieu, et qu'elle soit limitée dans le temps" - la seconde condition étant partagée par l'UE, à en croire sa directive du 22 mai dernier. "Celle-ci devrait durer à peu près deux ans", a-t-elle estimé, avant d'émettre le souhait que les règles européennes existantes servent de cadre à l'accès aux marchés britannique et européens. Après avoir martelé pendant de longs mois que "pas d'accord vaut mieux qu'un mauvais accord", Theresa May semble indiquer par cette déclaration que le spectre d'un "cliff edge", une sortie sans accord, s'éloigne. Par la même occasion, celle-ci réaffirme son autorité sur son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, qui a fait part dans une tribune publiée dans le Daily Telegraph le week-end dernier de son souhait de sortir aussi vite que possible de l'UE.

Si la Première ministre a assuré que le Royaume-Uni honorerait "ses obligations au cours du reste de son appartenance à l'UE", celle-ci n'a communiqué aucun chiffre, notamment sur la fameuse facture de sortie, au cœur des débats entre négociateurs britanniques et européens. Ni sur une éventuelle contribution future qui permettrait au pays de conserver l'accès au marché unique pendant la période de transition. Les sujets à aborder et à régler par les équipes de négociations à Bruxelles restent, à l'évidence, très nombreux.

Sasha Mitchell
Commentaires 4
à écrit le 24/09/2017 à 20:59
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Bref, elle improvise !!!!

à écrit le 23/09/2017 à 18:55
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Absolutely never trust the brits ! Ils sont encore et toujours à Queen Victoria et britania rules the world . Ce brexit est l'occasion unique de les remettre Where they belong .

à écrit le 23/09/2017 à 16:55
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Euh, ce ne serait pas malin de sa part de dévoiler ses atouts dès le début. Une négociation normale, c'est je donne et tu donnes aussi :-)

à écrit le 23/09/2017 à 8:53
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Dans les heures suivantes Moody's a décidé de dégrader la note de la GB....Quoiqu'on pense de Moody's, ça résume bien la prestation de Maybot.

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