C’est confirmé, l’Allemagne voit son économie entrer dans la zone rouge

L'Allemagne a enregistré une chute de 0,1% de son PIB au troisième trimestre 2023, selon l’estimation définitive de l’institut allemand des statistiques. La première économie européenne a vu son important secteur manufacturier être touché par la crise énergétique.
D'après le Fonds monétaire international, l'Allemagne sera le seul pays du G7 en récession cette année et pourrait voir son PIB reculer de 0,5%. (Image de la porte de Brandebourg)
D'après le Fonds monétaire international, l'Allemagne sera le seul pays du G7 en récession cette année et pourrait voir son PIB reculer de 0,5%. (Image de la porte de Brandebourg) (Crédits : SWANTJE STEIN)

L'économie allemande en zone de turbulences. Au troisième trimestre, elle affiche une baisse de son produit intérieur brut (PIB) de 0,1%, selon des chiffres officiels confirmés, publiés ce vendredi par l'institut de statistique Destatis.

L'économie allemande « a commencé le deuxième semestre 2023 avec un léger ralentissement », a déclaré Ruth Brand, présidente de Destatis, dans un communiqué.

Dans le détail, de juillet à septembre, la production du secteur manufacturier hors construction a reculé de 1,3%, plombée par un recul dans la fabrication de véhicules automobiles et de pièces détachées, selon l'institut. Les exportations se sont contractées de 0,8% et les importations de -1,3%, par rapport au deuxième trimestre. Des impulsions positives sont cependant venues des investissements en biens d'équipement, en progression de 1,1% au troisième trimestre.

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L'économie allemande frappée par la crise énergétique

Reste que la situation est inquiétante car elle n'est pas nouvelle. Si elle a échappé de justesse à la récession puisque le PIB allemand a finalement progressé de +0,1% au deuxième trimestre, après une croissance nulle au premier trimestre, l'économie d'Outre-Rhin affiche depuis plusieurs trimestres des performances inférieures à celles de ses voisins, elles-mêmes peu flamboyantes. À l'inverse, en Italie, le PIB a stagné (0,0%) au troisième trimestre, par rapport au précédent, tandis qu'il a progressé de +0,1% en France et de +0,3% en Espagne.

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La première économie européenne est aujourd'hui affaiblie par la crise des prix de l'énergie, les hausses des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne pour lutter contre l'inflation, et l'affaiblissement d'importants partenaires économiques mondiaux, comme la Chine.

Le recul du PIB allemand pour l'ensemble de l'année 2023 est un scénario qui fait d'ailleurs pleinement consensus. Y compris du côté du gouvernement allemand, qui a annoncé mi-octobre s'attendre à une baisse de -0,4%, sabrant ainsi ses précédentes prévisions. Et d'après le Fonds monétaire international (FMI), l'Allemagne sera le seul pays du G7 en récession cette année et pourrait voir son PIB reculer de 0,5%.

Mais le plus dur semble être derrière l'économie allemande. Pour cause, le taux d'inflation Outre-Rhin s'est établi à 3,8% sur un an en octobre. Il s'agit donc d'un ralentissement après les 4,5% de septembre et les 6,4% d'août. L'inflation allemande est même de retour à son niveau le plus bas depuis août 2021. Forte de cette dynamique positive, l'économie allemande pourrait connaître un rebond, d'après les calculs du gouvernement allemand.

2024 devrait rester morose

Mais la première économie européenne fait néanmoins face à de nombreux autres défis. Outre la faiblesse démographique et un retard d'investissements, l'Allemagne est désormais exposée à « deux nouveaux facteurs de risque : l'austérité budgétaire et l'incertitude politique », après la récente décision de la Cour constitutionnelle allemande qui a annulé 60 milliards de dépenses mal budgétées, note Carsten Brzeski, chez ING.

En ajoutant à cela les effets à retardement du resserrement monétaire de la Banque centrale européenne, le lent déstockage dans les entreprises et les nouvelles incertitudes géopolitiques, « il est difficile d'imaginer que la stagnation économique de l'Allemagne prenne fin de sitôt », conclut l'économiste senior.

Les entreprises allemandes reprennent espoir

Malgré un contexte économique morose, le moral des entrepreneurs en Allemagne s'est légèrement amélioré en novembre, pour le deuxième mois d'affilée, mais pas assez pour suggérer un rebond. Selon le baromètre Ifo publié ce vendredi, l'indicateur mesurant ce paramètre (réalisé via un sondage mensuel auprès de 9.000 entreprises allemandes), a gagné 0,4 point, à 87,3 points, mais reste loin de son niveau d'avril (93,4 points).

Cette publication est toutefois moins bien que celle prévue par le consensus des analystes interrogés par Factset, qui tablaient sur un Ifo à 87,5. « L'économie allemande se stabilise, bien qu'à un faible niveau », a commenté Clemens Fuest, président de l'institut Ifo, cité dans un communiqué.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 27/11/2023 à 7:17
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Le problème c'est que l'Allemagne est la locomotive européenne, et que la France et dans une situation financière catastrophique, si l'Allemagne s'arrête là France plongera la première avec l'Italie, et il ne faudra pas compter sur l'Allemagne pour s...

à écrit le 25/11/2023 à 10:06
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Les traumatismes des guerres mondiales perdues bloquent toujours la société et la politique allemandes. Nous pensons que nous devions rendre l'Europe et le monde heureux et financés, mais négliger nos propres intérêts. Notre cadre économique est misé...

à écrit le 25/11/2023 à 8:57
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Et en Allemagne la zone rouge n'est jamais loin de la zone brune.

à écrit le 24/11/2023 à 14:12
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L'Allemagne à toujours essayé de profiter de tout. Du gaz Russe à ses voisins européens, de sa relation avec la Chine, sans se préoccuper des conséquences à long terme. Un jour, il faut bien payer la facture et c'est maintenant.

à écrit le 24/11/2023 à 13:19
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L'Allemagne a vraisemblablement mangé son pain blanc car outre que l'industrie a besoin d'énergie bon marché, elle arrive vraisemblablement au terme du dividende démographique qui a longtemps permis de faire des économies, mais dont la contrepartie e...

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