Prix de l’électricité : l’Allemagne dévoile son plan colossal pour soutenir l'industrie

Le gouvernement allemand a annoncé ce jeudi un plan d'aide massif pour réduire les prix de l'électricité élevés frappant son industrie, en difficulté depuis plusieurs mois. Ce soutien passera par de larges baisses d'impôts et des subventions jusqu'en 2028.
« Le gouvernement soulage massivement l'industrie manufacturière de ses coûts d'électricité », a vanté le chancelier Olaf Scholz, dans un communiqué.
« Le gouvernement soulage massivement l'industrie manufacturière de ses coûts d'électricité », a vanté le chancelier Olaf Scholz, dans un communiqué. (Crédits : YVES HERMAN)

Le gouvernement allemand a dévoilé ce jeudi 9 novembre un plan d'aide massif pour soutenir son industrie. Objectif affiché, réduire les prix de l'électricité. Pour ce faire, Berlin opte notamment pour de larges baisses d'impôts et des subventions jusqu'en 2028. Coût total : 12 milliards d'euros.

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Dans le détail, l'exécutif allemand prévoit de « réduire considérablement la taxe sur l'électricité » pour le secteur manufacturier. Elle sera ainsi ramenée de 1,537 centime par kWh au minimum européen de 0,05 centime par kWh, selon un communiqué. Prévue « jusqu'en 2025 », cette réduction pourra être prolongée « pendant trois ans ».

En outre, le gouvernement a affirmé que les entreprises les plus consommatrices d'énergie et « confrontées le plus à la concurrence internationale », bénéficieront de la prolongation « pendant cinq ans » de dispositifs permettant de compenser une partie de leurs coûts liés aux marchés de droits à polluer.

« Le gouvernement soulage massivement l'industrie manufacturière de ses coûts d'électricité », a vanté le chancelier Olaf Scholz, dans un communiqué.

L'Allemagne face à une crise énergétique

Cette annonce intervient après des semaines de discussions intenses entre les industriels, les syndicats, et le gouvernement. Et pour cause, l'avenir de l'industrie, pilier du modèle allemand, est en jeu.

Pour rappel, l'Allemagne, qui a dépendu pendant des années du gaz russe bon marché pour se fournir en énergie, a dû se passer de cette ressource dans le sillage de la guerre en Ukraine. Depuis, les industriels connaissent des prix de l'électricité particulièrement élevés - parmi les plus hauts en Europe. Résultat, certaines activités les plus énergivores, comme la chimie, peinent à retrouver leur niveau de production d'avant la guerre, menaçant de délocalisation.

La situation est si pesante que le gouvernement allemand prévoit une récession de 0,4% cette année. L'ancienne locomotive de l'UE devrait être le seul pays du G7 à connaître une récession cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI).

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Bras de fer au sein du Bundestag

Dans ce contexte, le ministre de l'Economie, l'écologiste Robert Habeck réclamait depuis plusieurs mois l'instauration d'un plafond des prix, au moyen d'une subvention massive pour les industries les plus consommatrices. Une solution refusée par son homologue aux Finances, le libéral Christian Lindner.

Ce dernier craignait le coût engendré par un tel dispositif et des distorsions de concurrence. Le chancelier Olaf Scholz a plaidé pour un compromis. « Nous trouverons une bonne solution (...) qui contribuera effectivement à ce qu'il n'y ait aucune entreprise qui ne survive pas à cette situation de prix élevés », avait-il promis fin octobre.

Même le FMI a donné son avis sur la question du plan de soutien allemand. « Nous recommandons de ne pas subventionner l'électricité pour l'industrie manufacturière en Allemagne », a déclaré Alfred Kammer, son directeur pour l'Europe, lors d'un briefing en visioconférence avec des journalistes à Bruxelles.

« Ce ne sera pas de l'argent bien dépensé. Il fera monter les prix de l'électricité pour ceux qui ne bénéficient pas du régime de subvention, il subventionnera les combustibles fossiles dont nous voulons nous passer. Enfin, il retardera une transformation (du système énergétique allemand) qui devra avoir lieu », a estimé ce responsable qui s'exprimait depuis Washington.

L'Europe s'accorde sur la réforme du prix de l'électricité en acceptant à demande de la France

Mardi 17 octobre, lors d'un conseil réunissant les ministres de l'énergie de chaque pays, les Etats européens se sont enfin entendus sur la réforme du marché de l'électricité, qui vise à réduire la facture des ménages et des entreprises tout en évitant des distorsions de compétitivité entre pays membres.

Ce nouveau texte devra lui servir de cadre pour « contrôler » les prix de son électricité, afin qu'ils ne soient pas soumis à la volatilité du marché, comme voulu par Emmanuel Macron. Ainsi, il autorise l'accès à des contrats à prix fixes garantis par l'Etat (appelés contrats pour différence ou CfD) pour les installations existantes, dont le parc atomique d'EDF. Concrètement, afin que le groupe ne vende pas ses électrons aux tarifs (exorbitants) du marché, l'exécutif définirait un prix, appelé « strike price », proche des coûts de production d'EDF. Or, ces derniers sont évalués autour de 60 euros du mégawattheure par la Commission de régulation de l'énergie, contre plus de 100 euros sur les marchés actuellement.

Concrètement, quand les cours du marché tomberont en dessous de ce strike price, l'Etat compenserait EDF. Mais s'ils lui étaient supérieurs, comme c'est le cas en ce moment, EDF devrait rembourser la différence, renonçant à d'éventuelles marges. « C'est un nouvel outil pour protéger les consommateurs français », se félicite-t-on à l'Elysée.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 11/11/2023 à 19:57
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Avec les crasses de Scholz à notre endroit concernant la coopération militaire, n’ayons aucuns scrupules de sortir de l’accord européen concernant électricité et gaz, et remettre en fonction Fessenheim fermée à cause de la pression des verts allemand...

à écrit le 11/11/2023 à 10:17
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L'Allemagne a un des coûts de production de l'électricité des moins élèves d'Europe, et même du monde. Mais elle en plombe le prix de vente par des taxes colossales. Ces taxes subventionnent une foule de choses dont certaines n'ont rien à voir avec l...

à écrit le 10/11/2023 à 14:55
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J'ai du mal à comprendre ... le prix de l'électricité a explosé, et EDF vend de l'électricité : EDF devrait mécaniquement avoir des marges exorbitantes ?!!? ... manifestement, ce n'est pas le cas : où passe l'argent ??? Quelqu'un a-t-il la réponse ?

le 10/11/2023 à 15:53
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Lyonnais, vous avez raison dans votre analyse. C'est pour cela qu'il faudrait s'interroger sur les vrais coûts du nucléaire francais. Imaginez une entreprise qui soit-disant produit de l'energie moins chere pour les francais qui a 60 milliards€ de d...

à écrit le 10/11/2023 à 8:17
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Et on montre du doigt la chine qui a subventionné son industrie automobile. L'Europe et ses états marchent sur la tête. Ayons des projets à long termes, plutôt que de subventionner les industries en réduisant leurs notes d’électricité, investissez ...

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