Jachères, Mercosur : l'UE tente de faire un pas vers les agriculteurs en colère

Alors que, Emmanuel Macron a rappelé l'opposition de la France au traité de libre-échange Mercosur, la Commission européenne a annoncé peu avant, ce mardi, que « les conditions pour conclure les négociations ne sont pas réunies », mais que « les discussions continuent ». Elle a également indiqué que Bruxelles envisage une nouvelle dérogation relative aux règles imposées sur les jachères.
Les agriculteurs entament mardi leur deuxième jour de blocage d'axes stratégiques autour de Paris, déterminés à montrer qu'ils peuvent tenir plusieurs jours
Les agriculteurs entament mardi leur deuxième jour de blocage d'axes stratégiques autour de Paris, déterminés à montrer qu'ils peuvent tenir plusieurs jours (Crédits : Emmanuel Foudrot)

[Article publié le mardi 30 janvier 2024 à 08H17 et mis à jour à 15H20] Face à l'ampleur de la colère des agriculteurs qui manifestent dans plusieurs pays de la zone euro, la réponse doit se faire à l'échelle européenne. Le président français a d'ailleurs profité d'une visite d'Etat en Suède pour porter un message auprès des 27.

Si Emmanuel Macron a estimé ce mardi que ce serait de la « facilité de tout mettre sur le dos de l'Europe » pour expliquer les difficultés des agriculteurs français, il a par ailleurs expliqué s'opposer à l'accord commercial en négociations entre l'Union européenne et les pays du Mercosur en raison de « règles qui ne sont pas homogènes avec les nôtres », et a demandé des « mesures claires » pour les importations de poulets et de céréales d'Ukraine.

Peu avant, ce mardi, Bruxelles avait déjà annoncé que « à l'heure actuelle, l'analyse de la Commission est que les conditions pour conclure des négociations avec le Mercosur ne sont pas réunies », a fait savoir son porte-parole, Eric Mamer.

Mais « les discussions continuent et l'Union européenne continue à poursuivre son objectif d'atteindre un accord qui respecte les objectifs de l'UE en matière de durabilité et qui respecte nos sensibilités, notamment dans le domaine agricole », a-t-il néanmoins précisé.

Pour rappel, l'accord concerne l'Union européenne et le Mercosur, c'est-à-dire le Marché Commun de l'Amérique du Sud. Ce dernier rassemble l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay au sein d'une zone de libre-échange institutionnalisée. Dans le détail, l'accord avec le Vieux continent prévoit de favoriser certaines exportations européennes et certaines importations sud-américaines.

Lire aussiLois Egalim : les raisons de la colère des agriculteurs

Les négociations entre l'UE et le Mercosur pour la conclusion d'un accord commercial ont débuté... il y a près d'un quart de siècle, en 2000 ! Un accord politique avait été conclu en 2019, mais l'opposition de plusieurs pays, dont la France, en a bloqué l'adoption définitive.

« Impossible de conclure dans ces conditions »

Les propos de la Commission ce mardi détonnent avec ceux de l'Elysée. Et pour cause, elle avait assuré, en amont, que l'exécutif européen aurait décidé « de mettre fin aux négociations en cours au Brésil sur le Mercosur, un projet de traité de libre-échange avec l'Amérique du Sud ».

Et pour cause, les conditions dans lesquelles sont importées des denrées alimentaires produites à l'étranger sont au cœur des revendications des agriculteurs français. Ainsi, en déplacement à Montastruc-du-Salies (Haute-Garonne), vendredi 26 janvier, pour tenter de répondre à la colère des agriculteurs, le Premier ministre Gabriel Attal avait prévenu que la France s'opposait à la signature du traité avec le Mercosur.

« Emmanuel Macron a réitéré auprès de la Commission avec la plus grande fermeté le fait qu'il était impossible de conclure dans ces conditions », a fait savoir l'Elysée.

Jachères, bientôt une nouvelle dérogation ?

Autre élément de la colère des agriculteurs : les jachères. Selon la Commission européenne, Bruxelles envisagerait une nouvelle dérogation. Pour rappel, la loi exige, depuis 2023, qu'une partie des terres arables de chaque exploitation (4%) soit laissée en jachère. Objectif, préserver la biodiversité. Une mesure obligatoire si les professionnels du secteur souhaite bénéficier d'aides européennes dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). Mais les agriculteurs se plaignent qu'on leur retire l'exploitation d'une partie de leurs terres.

L'exécutif européen examinera ainsi jeudi une proposition sur « une dérogation temporaire à ces règles », dans la continuité de l'exemption déjà accordée en 2023 consécutive à la guerre en Ukraine, a explicité le porte-parole de l'institution Eric Mamer. Outre la France, plusieurs Etats de l'UE réclamaient la poursuite de cette dérogation.

Lire aussiMercosur : nouvelles discussions en vue d'un accord commercial avec l'UE

De nouvelles annonces attendues ce mardi

En attendant, les agriculteurs français continuent leurs actions. Un cortège en route pour investir le marché de Rungis (MIN) a ainsi été freiné dans sa progression par les forces de l'ordre, ce mardi. Ces convois s'ajoutent aux blocages d'axes stratégiques autour de Paris. Les agriculteurs déterminés à montrer qu'ils peuvent tenir plusieurs jours si les « nouvelles mesures » dévoilées dans la journée par le gouvernement déçoivent encore.

Selon une source policière, les blocages autour de Paris ont impliqué lundi un millier d'agriculteurs et « un peu plus de 500 engins ». « L'objectif de tenir jusqu'à vendredi est manifeste », selon cette source.

Dans l'optique d'esquisser une sortie de crise, Gabriel Attal a reçu une nouvelle fois lundi soir Arnaud Rousseau, et son homologue du syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot. La réunion a duré 3h30. Les participants ne se sont pas exprimés à l'issue. Non convié, le syndicat minoritaire Confédération paysanne, de gauche, appelle les autres organisations à porter avec lui principalement « deux mesures » : « l'arrêt des accords de libre-échange et la suspension immédiate de toutes les négociations » et « l'interdiction formelle de l'achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient ».

(Avec AFP)

Commentaires 29
à écrit le 31/01/2024 à 9:28
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Les haies font partie du calcul des jachères. Un responsable FNSEA disait que l'agriculture ça consiste à exploiter le sol pour en tirer le maximum (maximorum ?), pas question de se passer de produits ou ne pas utiliser le moindre mètre carré dispon...

le 31/01/2024 à 9:55
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les haies, les espaces humides, qui participent à la biodiversité devraient etre récompensés et donc etre subventionner, si l'exploitant ne veut pas il touche rien. c'est ça de l'écologie positive

à écrit le 31/01/2024 à 9:24
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Si l'UE de Bruxelles n'applique son dogme de "la concurrence libre et (surtout) non faussée" quand cela lui chante..., sa crédibilité est nulle ! ;-)

à écrit le 31/01/2024 à 8:45
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Oui le lobby agro-industriel déteste les jachères, heureusement que leurs marionnettes font le taf.

à écrit le 30/01/2024 à 19:37
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Les agriculteurs les plus subventionnés au monde manifestent en se faisant passer pour les victimes du système. Les vraies victimes sont les Français qui paient deux fois: une fois à travers leurs impôts servant à subventionner les agriculteurs et un...

à écrit le 30/01/2024 à 19:37
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Les agriculteurs les plus subventionnés au monde manifestent en se faisant passer pour les victimes du système. Les vraies victimes sont les Français qui paient deux fois: une fois à travers leurs impôts servant à subventionner les agriculteurs et un...

à écrit le 30/01/2024 à 17:47
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Le Mercosur est une chance pour la France à condition d'avoir compris toutes les implications ce qui n'est pa le cas des politiques .

le 30/01/2024 à 18:27
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Ah ouais une chose pour qui? Les industriels transformateurs européens mais pas les consommateurs: des substances chimiques et pesticides sont employés depuis des décennies au Brésil par exemple l’ atracine évaluée cancérigène aux usa et en Europe et...

le 30/01/2024 à 18:32
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Ah ouais une chance pour qui? Les industriels transformateurs européens mais pas les consommateurs: des substances chimiques et pesticides sont employés depuis des décennies au Brésil par exemple : l’ atracine évaluée cancérigène aux usa et en Europe...

le 30/01/2024 à 18:32
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Ah ouais une chance pour qui? Les industriels transformateurs européens mais pas les consommateurs: des substances chimiques et pesticides sont employés depuis des décennies au Brésil par exemple : l’ atracine évaluée cancérigène aux usa et en Europe...

le 30/01/2024 à 18:35
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Ah ouais une chance pour qui? Les industriels transformateurs européens mais pas les consommateurs: des substances chimiques et pesticides sont employés depuis des décennies au Brésil par exemple : l’ atracine évaluée cancérigène aux usa et en Europe...

le 30/01/2024 à 18:35
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Ah ouais une chance pour qui? Les industriels transformateurs européens mais pas les consommateurs: des substances chimiques et pesticides sont employés depuis des décennies au Brésil par exemple : l’ atracine évaluée cancérigène aux usa et en Europe...

à écrit le 30/01/2024 à 17:17
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BRUXELLES a financè plusieurs projets de recherche sur la viande en laboratoire ! bien que mauvais pour la planète le juteux BUSINESS de la viande de synthèse a t il été approuvé ? une utopie ! engendre une pollution bien supérieur au tra...

à écrit le 30/01/2024 à 17:12
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BRUXELLES a financè plusieurs projets de recherche sur la viande en laboratoire ! le juteux BUSINESS de la viande de synthèse a t il été approuvé ? une utopie ! engendre une pollution bien supérieur au traditionnel bon steak ,, la HOLLA...

à écrit le 30/01/2024 à 14:18
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Quel intérêt de fragiliser l'agriculture européenne par le libre-échange avec des productions de moindre qualité voir toxiques d'Amérique latine ou d'ailleurs sinon pour engraisser des importateurs? L'agriculture européenne ultra-subventionnée p...

à écrit le 30/01/2024 à 13:59
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Pas de Mercosur, c'est une porte qui se ferme pour tout un tas de productions industrielles, agricoles et de services Français et Européens. En parallèle, un boulevard pour d'autres pays. La France pourra faire sa devise: "L'agriculture m'a tuer".

à écrit le 30/01/2024 à 13:33
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"Gabriel Attal avait prévenu que la France s'opposait à la signature du traité avec le Mercosur." 2019 : Coup politique ou véritable prise de conscience ? La question mérite d’être posée après la volte-face spectaculaire d’Emmanuel Macron sur l’a...

à écrit le 30/01/2024 à 11:36
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Une décision qui va sauver l'agriculture Française gavée de subvention. Peut être une remise en cause de notre modèle français pour l'agriculture ou dans tous autres domaines car plus rien ne fonctionne surtout lorsque c'est géré par l'état où nos ch...

à écrit le 30/01/2024 à 11:31
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Si avec leurs manifestations ils peuvent en effet détruire ce traité c'est déjà bien mais s'ils pouvaient remettre en question tous les traités de libre échange qui les mettent effectivement en difficultés, et qui anéantissent la biodiversité et l'éc...

à écrit le 30/01/2024 à 11:07
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L'agro-industrie. Franchement j'espère que tu le fais exprès au moins hein... -_-

à écrit le 30/01/2024 à 11:07
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@Dossier 51 - Vous n'avez pas compris : il existe de vrais problèmes en matière de protection de l'environnement, mais cela ne retire rien au caractère nuisible de l'écologie politique. D'ailleurs, votre commentaire le confirme : quel lien entre les ...

à écrit le 30/01/2024 à 10:54
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Mes commentaires étant supprimés quelques semaines après leurs diffusions, vous serez t'il possible de m'éviter les trolls habituels au moins ou bien de ne pas les publie si c'est interdit de diffuser un commentaire sans police police aux fesses ? ME...

à écrit le 30/01/2024 à 9:36
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Facile de mettre les problèmes sur le dos du Brésil et du Mercosur : une partie de la grande colère des agriculteurs, vient de la concurrence sauvage de l'agriculture ukrainienne, dont les produits ne sont plus taxés à l'importation. Mais il ne faut ...

à écrit le 30/01/2024 à 9:06
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Il n'y a pas de solution aux problèmes des agriculteurs et des français en général car aucun gouvernement ne remettra en causes les délires des écologistes et le suivisme que les USA nous ont imposé pour les sanctions contre la Russie en nous privant...

le 30/01/2024 à 9:43
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"les délires des écologistes" 240000 fragments de plastique dans l'eau en bouteille traitée illégalement qu'on nous vend. LOL ! La réalité d'une agro-industrie obscurantiste dépasse la fiction.

le 30/01/2024 à 10:37
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@Dossier 51 - Vous n'avez pas compris : il existe de vrais problèmes en matière de protection de l'environnement, mais cela ne retire rien au caractère nuisible de l'écologie politique. D'ailleurs, votre commentaire le confirme : quel lien entre les ...

le 30/01/2024 à 10:50
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L'agro-industrie. Franchement j'espère que tu le fais exprès au moins hein... -_-

le 30/01/2024 à 11:16
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meme si je deteste EELV et sandrine rousseau, il faut bien reconnaitre qu ils ont pas tort sur un point : la pollution majeure due a la FNSEA et ses copains qui manifestent maintenant. Si Nestle a du traiter clandestinement l eau de ses sources (alor...

à écrit le 30/01/2024 à 8:42
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Si avec leurs manifestations ils peuvent en effet détruire ce traité c'est déjà bien mais s'ils pouvaient remettre en question tous les traités de libre échange qui les mettent effectivement en difficultés, et qui anéantissent la biodiversité et l'éc...

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