Des Britanniques expatriés perdent leur compte en banque à cause du Brexit

Ils seraient quelques dizaines de milliers de résidents britanniques sur le continent à devoir gérer la perte du "passeport" bancaire détenu par leur banque basée au Royaume-Uni. De leur côté, les banques évaluent les coûts, avant de s'orienter vers les marchés les plus porteurs.
(Crédits : Toby Melville)

Comme Roger Morton et son épouse écossaise en Dordogne, de nombreux Britanniques expatriés dans l'UE ont découvert avec stupeur la fermeture prochaine de leur compte bancaire au Royaume-Uni. En cause, les tracasseries du Brexit pour des banques bientôt privées de l'accès au marché européen.

L'épouse de ce photographe retraité néo-zélandais de 78 ans a eu la désagréable surprise de recevoir une lettre de Barclaycard, filiale spécialisée dans les cartes bancaires de Barclays, l'informant de la clôture de son compte.

"C'est une décision drastique. C'est davantage de stress à un moment déjà stressant avec le Brexit et l'épidémie", explique Roger Morton. Leur compte chez Barclays, leur banque depuis près de 40 ans, n'est lui pas touché.

La fin du "passeport" bancaire européen

Un nombre limité de Britanniques sont concernés, peut-être quelques dizaines de milliers dans plusieurs pays d'Europe, mais il s'agit d'une des premières conséquences directes du Brexit, dont l'impact sur la vie quotidienne est encore peu concret des deux côtés de la Manche.

Dès le 1er janvier, une fois écoulée la période de transition, les banques installées au Royaume-Uni seront privées de leur "passeport" européen, une disposition du marché unique qui leur permet de proposer leurs services sur le continent.

Pour pouvoir continuer à exercer, elles n'auront d'autres choix que de demander une licence bancaire dans un pays de l'UE et d'y disposer d'une entité juridique.

Des complications administratives en perspective que préfèrent éviter plusieurs grandes banques, quitte à se priver de clients qui n'ont pas d'adresse au Royaume-Uni.

"Cela va évidemment engendrer des coûts supplémentaires, donc les banques devront décider quels sont les marchés rentables", explique Sarah Hall, professeure à l'université de Nottingham et membre du centre de recherche The UK in a Changing Europe.

Pour la banque Lloyds, l'une des plus importantes pour les particuliers au Royaume-Uni, le choix est fait. Elle va fermer 13.000 comptes de clients aux Pays-Bas, en Slovaquie, Allemagne, Irlande, Italie et Portugal.

"En raison de la sortie du Royaume-Uni de l'UE, nous ne serons avec regret plus capable de fournir certains services bancaires depuis le Royaume-Uni", selon un porte-parole.

Les clients affectés devront prendre leurs précautions et veiller à confier les dépôts ou paiements réguliers réalisés sur le compte à une autre banque.

HSBC et Santander évaluent la situation

Même chose chez Barclays donc, chez qui la fermeture dépend des services proposés, et qui assure que cela ne concerne qu'un faible nombre de clients.

De même, la très chic Coutts, banque de la reine Elisabeth II et filiale de Natwest, a prévenu ses clients dès juillet et a mis en place une équipe dédiée pour les accompagner dans leurs démarches.

Le sujet ne manque pas de mobiliser les journaux à destination des Britanniques installés en France, comme The Connexion, qui relaie l'inquiétude de lecteurs qui reçoivent par exemple leur retraite sur leur compte au Royaume-Uni.

Toutes les banques n'ont pas pris cette décision radicale, comme HSBC et Santander. Cette dernière se dit toutefois attentive à l'évolution de la situation.

Dans le cas de HSBC, la banque "a une entité juridique en France et prévoit de s'en servir pour les Britanniques expatriés en France", rappelle Mme Hall.

Et de prévenir en outre que la question de l'avenir du passeport financier ne figure pas au menu des discussions en cours sur la relation post-Brexit. Il est donc perdu, quoi qu'il arrive pour les banques au Royaume-Uni.

"Il est encore possible d'avoir un accord commercial a minima mais il ne devrait pas aller loin concernant les services en général", selon elle.

La situation financière des Britanniques dans l'UE préoccupe jusqu'à la puissante commission du Trésor du parlement britannique qui vient d'écrire au régulateur financier pour demander des éclaircissements.

"De nombreux Britanniques expatriés dans l'UE sont informés de la fermeture de leurs comptes banques britanniques à la fin de l'année. Il est crucial qu'ils soient prévenus à l'avance pour trouver des solutions alternatives", prévient Mel Stride, député conservateur et président de la commission.

Le régulateur, la FCA (Financial Conduct Authority), ne peut toutefois pas empêcher les banques de revenir sur leur décision mais simplement d'accompagner au mieux les clients lésés.

Commentaires 15
à écrit le 02/10/2020 à 13:19
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La livre sterling évolue face a l'euro, le choix est donc donné aux propriétaires des comptes!

à écrit le 02/10/2020 à 10:08
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Il est normal que le RU demande à ses ressortissants de mettre leur argent dans une banque anglaise, vous faites de minis exceptions des généralités aux conséquences humaines dramatiques, vous en faites des caisses et des caisses c'est profondément p...

le 02/10/2020 à 12:11
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Le Royaume Uni ne demande pas aux britanniques de mettre leur argent sur un compte bancaire anglais.Simplement, compte tenu de la perte du passeport bancaire, les banques du R.U. doivent établir un siège social dans l'Union Européénne.

le 02/10/2020 à 13:30
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Je pense que le RU fait l'inverse. Les banques britanniques disent à des citoyens britanniques, qui ne résident pas au RU, de se trouver une autre banque europeenne. Après, je suis d'accord avec vous que c'est plus anecdotique qu'autre chose. Bien qu...

le 02/10/2020 à 14:34
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Des GB qui sont en France (et ailleurs) voient leurs comptes RU clos d'ici le 31 décembre, ils vont devoir ouvrir un compte dans une banque UE, malheur ! :-) Et y faire virer leur pension en £. La compensation de l'euro ça va durer encore à la City,...

le 02/10/2020 à 15:47
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Tout à fait d'accord, cet article, comme tout ce qu'on lit et voit dans les médias français est orienté "europhile" et donc anti Brexit. Espérons que l'échec patent de cette "construction" européenne face à une future résurrection britannique ouvrira...

le 02/10/2020 à 15:48
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Tout à fait d'accord, cet article, comme tout ce qu'on lit et voit dans les médias français est orienté "europhile" et donc anti Brexit. Espérons que l'échec patent de cette "construction" européenne face à une future résurrection britannique ouvrira...

le 02/10/2020 à 17:35
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"Espérons que l'échec patent de cette "construction" européenne face à une future résurrection britannique ouvrira les yeux des Français" C'est mal barré puisqu'ils sont en train déjà de nous bâillonner, et vu l’hystérie politico-médiatique actue...

le 02/10/2020 à 19:32
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Manifestement vous n'avez rien compris. Les banques anglaises clôturent les comptes des anglais qui habitent en France. Donc ils sont déjà dans une banque anglaise mais ils ne peuvent y rester car avec la bonne idée du Brexit, leur banque ne peut plu...

le 02/10/2020 à 23:33
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D’où on peut conclure qu’il vaut mieux lire jusqu’au bout un article et y réfléchir avant de faire un commentaire ou de chercher un frexit.

le 03/10/2020 à 9:20
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"Le Frexit ce serait juste le suicide économique de la France . " Non ça serait la fin de tes gros revenus plutôt hein, arrête de faire le gars intéressé par l'intérêt général tu n'es intéressé que par le tien d'intérêt, et rempli de peur de perd...

le 03/10/2020 à 9:46
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en reponse a eric, vous dites que le frexit serait un suicide economique... parce que là c'est quoi ?

le 03/10/2020 à 10:26
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„Arrête vraiment de me harceler“ .... chacun a le droit de critiquer en bonne et due forme, mais personne a le droit d‘insulter cceux qui critiquent et de leur interdire la parole.

le 06/10/2020 à 10:37
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@ multipseudos: "chacun a le droit de critiquer en bonne et due forme, mais personne a le droit d‘insulter cceux qui critiquent et de leur interdire la parole" Tu ne sais plus quoi dire ni faire pour me coller, tu mets les mots les uns derrière l...

à écrit le 02/10/2020 à 9:59
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La finance se moque bien du petit fretin! Pour les chambres de compensation, enjeu autrement plus important que l'avenir de Mr Jones en retraite en Dordogne , une prolongation a été facilement décrétée par les 2 parties.

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