Budget : en prenant les commandes de l'Europe, Macron veut repenser "Maastricht"

Révision des règles budgétaires, taxe carbone aux frontières, souveraineté, salaire minimum...le chef de l'Etat a déroulé dans un discours aux allures de programme présidentiel les priorités de la présidence française du conseil de l'Union européenne (PFUE) à partir du premier janvier prochain. A quatre mois du premier tour du scrutin, cet agenda européen prend un tournant très politique pour le président-candidat Macron.
Grégoire Normand
Le président français a aussi jugé que la présidence française de l'Union européenne devait être l'occasion d'avancer concrètement sur une politique de défense commune, aussi bien en matière opérationnelle que dans la définition d'une boussole stratégique.
Le président français a aussi jugé que la présidence française de l'Union européenne devait être l'occasion d'avancer concrètement sur une politique de défense commune, aussi bien en matière opérationnelle que dans la définition d'une boussole stratégique. (Crédits : Reuters)

La France s'apprête à prendre les commandes du conseil de l'Union européenne (PFUE). Au premier janvier prochain, l'Hexagone aura la main sur l'agenda des grands chantiers bruxellois. Autant dire que la tâche s'annonce gigantesque pour le chef de l'Etat déjà bien occupé par l'aggravation de la situation sanitaire à l'approche de la campagne présidentielle. Emmanuel Macron aura notamment la lourde tâche de trouver des compromis sur des dossiers aussi brûlants que la relance, l'espace Schengen ou encore la transition énergétique.

Cela faisait treize ans que la France n'avait pas été à la tête de l'Europe. En 2008, la crise financière plongeait l'économie mondiale dans une profonde récession. L'onde de choc qui s'est propagée sur le Vieux continent avait considérablement fragilisé la zone euro au moment de la crise des dettes souveraines pendant plusieurs années. A l'époque, le président français Nicolas Sarkozy à la présidence du conseil de l'Union européenne tentait de chercher l'aide de la chancelière Angela Merkel sans vraiment de succès.

La première réunion de crise qui réunissait en octobre 2008 l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, celui de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et les principaux dirigeants pays européens dont le Britannique Gordon Brown, n'avait rien produit de concret. Depuis cette période tourmentée, l'horizon européen est loin d'être dégagé. La pandémie secoue toujours l'économie européenne près de deux ans après son apparition. Dans ce contexte sanitaire à nouveau dégradé par le variant Omicron, Emmanuel Macron a dévoilé ses grandes priorités pour l'Europe dans les six prochains mois au cours d'une conférence de presse ouverte aux questions des journalistes, un exercice inédit depuis le printemps 2019. A quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle, l'agenda européen du président va se télescoper avec celui du candidat. Une vingtaine de conférences interministérielles seront organisées sur tout le territoire français.

Révision des règles budgétaires et transition énergétique

Pendant son allocution au château de l'Elysée en présence de nombreux journalistes et plusieurs ministres, le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité de repenser le cadre budgétaire (3% de déficit, 60% de dette) européen fixé par le traité de Maastricht. "Durant la pandémie, nous avons mis entre parenthèses nos règles budgétaires. Nous devrons revenir à des règles mais nous ne pouvons pas ignorer le besoin d'investissements nouveaux. Nous devons repenser notre cadre budgétaire. Nous ne pourrons pas mener ces investissements si nous restons aux règles budgétaires dans les années 90" a-t-il déclaré. "Nous devons acter des financements européens pour faire ces investissements" a ajouté le quadragénaire. "La question des 3%" est dépassée" a-t-il affirmé. Il a notamment fait référence au plan de relance européen de 750 milliards d'euros âprement négocié entre les différents pays au cours de l'été 2020 basé sur des subventions et des prêts aux Etats.

Pour le président de la République, cette révision des règles budgétaire doit permettre de bâtir un nouveau modèle de croissance. "Il faut définir l'Europe de 2030. La présidence doit être l'occasion d'imaginer un nouveau modèle de production et de solidarité", a déclaré Emmanuel Macron. Sur ce point, Macron a repris les ambitions exprimées lors de la présentation du plan France 2030 au début du mois d'octobre. A savoir bâtir des nouvelles filières industrielles et réindustrialiser le continent. "Ces nouvelles filières vont structurer l'emploi de demain en Europe", a-t-il précisé. "Le changement de modèle de croissance" doit également passer par une décarbonation de la production et de la consommation électriques et la mise en place d'une taxe carbone aux frontières.

Lire aussi 9 mnFrance 2030 : le plan d'investissement inachevé d'Emmanuel Macron

Porter la directive sur les salaires minimums

L'autre priorité importante concerne la directive sur les salaires minimums en Europe. Là encore, ce sujet hautement inflammable a divisé les Etats au sein du Vieux continent pendant des années. "La directive sur les salaires minimums européens, qui définit non pas un SMIC européen comme une moyenne mais tire tous les bas salaires vers le haut grâce à un salaire minimum décent, sera au coeur de notre présidence", a affirmé Emmanuel Macron. Le locataire de l'Elysée a notamment évoqué la défiance des citoyens à l'égard de l'Europe. "Il s'agit de créer des bons emplois. L'Europe s'est construite sur des préférences collectives et des équilibres sociaux. Si notre Europe ne protège pas mieux les plus faibles, alors apparaît un marché sans règles. C'est ce qui s'est passé avec le Brexit "a-t-il insisté.

Lire aussi 6 mnSalaire minimum : le Conseil de l'UE donne son feu vert mais exclut l'idée d'un SMIC européen

La cinquième vague et le variant Omicron viennent percuter la stratégie européenne de Macron

Le prolongement de la pandémie et l'arrivée du variant Omicron sur le sol européen sèment le trouble dans la stratégie élyséenne. En septembre, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire se réjouissait du rebond de l'économie française au moment de la levée des restrictions au printemps lors d'une réunion avec des journalistes. Le locataire de Bercy annonçait la fin du "quoi qu'il en coûte" défendu par le président Macron en mars 2020. Quatre mois après ces réjouissances, l'ambiance est plus morose dans les vastes couloirs du ministère des Finances.

L'annonce en début de semaine par le chef du gouvernement de la fermeture des discothèques pendant un mois a suscité l'incompréhension des principales fédérations professionnelles du monde de la nuit. A l'échelle européenne, le durcissement des mesures sanitaires et la fermeture des frontières pour certains voyageurs laissent présager des relations encore tendues entre les différents Etats européens.

Le renouveau de l'axe franco-allemand

L'arrivée cette semaine de la coalition feu tricolore au pouvoir outre-Rhin emmenée par le chancelier Olaf Scholz annonce une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes. Après seize années à la tête du gouvernement fédéral, Angela Merkel a fait ses adieux solennels aux institutions européennes en début de semaine. A peine arrivé au pouvoir, le nouveau chancelier Olaf Scholz (SPD) ardent défenseur de la discipline budgétaire a prévu comme le veut la tradition pour les nouveaux dirigeants allemands son premier déplacement à l'étranger en France. Il sera reçu à l'Elysée pour un déjeuner de travail ce vendredi 10 décembre.

Au menu des discussions, la poursuite du "travail franco-allemand en faveur du renforcement de la souveraineté européenne [...] les grands dossiers d'actualité internationale et étoffer le partenariat bilatéral" entre la France et l'Allemagne précise un communiqué de presse de l'Elysée. De son côté, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est entretenu jeudi après-midi avec le ministre des Finances très orthodoxe Christian Linder issu des rangs du FDP et Robert Habeck (Grünen/Les Verts), vice-chancelier, ministre de l'Economie et du Climat. Le profil du ministre des Finances allemand garant de l'ordolibéralisme allemand sème déjà le doute sur la capacité de la coalition allemande à mener les investissements nécessaires à la transition énergétique en Allemagne. Sur la scène européenne, le chemin pour bâtir l'Europe de 2030 pourrait être semé d'embûches.

Grégoire Normand
Commentaires 20
à écrit le 10/12/2021 à 18:29
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Il est complètement barjo ! il se prend vraiment pour le "chef de l'Europe", alors que cette "présidence" est purement formelle et automatique... dans 6 mois, la présidence de l'UE sera assumée par... la Tchéquie, ensuite, la Suède ! Il faut qu'il ar...

à écrit le 10/12/2021 à 17:39
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Laissez moi rire !!!!!!!! Le cancre de l'Europe en matière de finance qui veut encore donner des lecons !!!!!! heureusement que nous aurons un peu de sagesse venue d'Allemagne

à écrit le 10/12/2021 à 17:00
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Pauvre MACRON, d'abord les 26 de l'U.E. vont être perplexes sur les propositions en général du caporal Français compte tenu qu'il ne sera peut être Président de la France que jusqu'au 24 avril 2022, en outre il fera fi du nouveau Ministre Libéral All...

à écrit le 10/12/2021 à 14:25
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Il sait qu'en tant que président il n'a pas plus de possibilité d'imposer cela qu'il y a 6 mois ? Il faut, sur la modification des Traités, l'unanimité et tous les Etats peuvent à tout moment proposer les modifications qu'ils souhaitent...

à écrit le 10/12/2021 à 12:09
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Je pense qu'il est très mal placé et pas du tout en situation d'en parler . Le pays est un très mauvais état au niveau de son économie , mauvaise gestion , et mauvaise anticipation des évènements . Il faudrait un audit pour éclairer les électeurs , c...

le 10/12/2021 à 16:37
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Très mauvaise situation économique? Vous vivez sur Mars? Elle n'a jamais été aussi bonne et ce malgré la pandémie! Et ce ne sont que les 1ers fruits des réformes commencée sous Hollande et continuée par Macron.

à écrit le 10/12/2021 à 11:59
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Eh oh, le traité a été ratifié tel qu'il est actuellement par les députés, il a quelque chose contre la démocratie parlementaire notre juju?

à écrit le 10/12/2021 à 9:39
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Heu... faudrait déjà arriver à penser cher ami ! :-)

à écrit le 10/12/2021 à 9:27
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S'il ne veut qu'y repenser, comme quand il s'agit des "sans dents", on ne verra rien de notre vivant! Cela tombe bien , il y a la covid pour régler le problème!

à écrit le 10/12/2021 à 8:51
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Avant de vouloir revoir les règles budgétaires européennes pour ne pas avoir à respecter la fin du déficit publique, commençons par faire nos propres réformes même douloureuse, on ne peut plus continuer avec le quoi qu,il en coûte. Miser toujours sur...

à écrit le 10/12/2021 à 6:18
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M.Macron arrive en Europe sans avoir fait le travail en France. malheureusement, autant es discours peuvent être entendus, autant tous savent l'écart entre le discours et les actes. la crédibilité française, ébranlée depuis des années, est au plus ba...

le 10/12/2021 à 8:01
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avant de penser europe comme les autres presidents avant lui son job est de proteger la france les francais et son industrie ce que tous ont oublier sauf que maintenant sans production de richesse nous en somme venu a na voir que le tourisme q...

le 11/12/2021 à 9:39
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personne en europe peut croire a la volte face de m macron qui est incapables de servir son pays alors l'europe c'est encore et toujours le travail de l'ilusion sa seule competences est de servir les usa et la version mondialiste que tout pays r...

le 11/12/2021 à 12:44
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et puis penser n'est pas agir et pour une cohésion de l'europe surtout avec une personne qui nie aux peuple le droit a l(independence mais l'accorde aux minotiré

à écrit le 10/12/2021 à 6:06
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Bof, il a quasi rien foutu en france en ayant les pleins pouvoirs a part nous endetter encore plus, il n'arrivera (heureusement) a rien avec les 26 autres où il faut une unanimité.

à écrit le 09/12/2021 à 20:54
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quand un francais ' repense' un projet commun, c'est qu'il cherche des imbeciles pour etre a son service, tout en leur donnant de la bonne lecon de morale... si c'est pour expliquer que le reste de l'europe doit etre m'enfoutiste comme la france d'un...

à écrit le 09/12/2021 à 20:34
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Macron veut surtout basculer en lui portant de l' aliment vers le great reset de Schwab, celui du forum de Davos après avoir passé 4 ans à déglinguer les entreprises et le peuple français, voilà donc un homme dénué de moyens q...

à écrit le 09/12/2021 à 20:06
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Cet ado attardé, peureux, lâche et qui vit depuis 30 ans avec sa mère et entouré de bottoms. Un vrai cas d'école de psychologie.

le 10/12/2021 à 3:05
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L'art de brasser de l'air.

le 10/12/2021 à 8:35
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@ lorenzo lamas: excellent résumé

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