Endettement : l'Espagne s'engage à repasser son déficit public sous la barre des 3% dès 2024

Le gouvernement espagnol s'est engagé à ramener son déficit public à moins de 3% du PIB dès 2024, et non en 2025 comme initialement prévu. Cela s'explique par la baisse plus forte qu'espérée de son endettement l'an dernier, grâce au bond de +5,5% de son PIB. Selon la ministre espagnole du Budget, l'amélioration devrait se poursuivre cette année, malgré le ralentissement de la croissance.
Le déficit de l'Espagne s’était envolé à cause de la crise du Covid-19 allant jusqu'à atteindre 10,3% en 2020.
Le déficit de l'Espagne s’était envolé à cause de la crise du Covid-19 allant jusqu'à atteindre 10,3% en 2020. (Crédits : VIOLETA SANTOS MOURA)

L'Espagne joue les bons élèves. Le gouvernement espagnol a fait savoir ce jeudi 27 avril qu'il s'engage à passer son déficit public sous la barre des 3% du PIB dès 2024, contre 2025 jusque-là. Et ainsi de revenir un an plus tôt que prévu dans les clous du Pacte de stabilité imposé par Bruxelles.

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Pour rappel, les règles budgétaires du Pacte de stabilité, qui exigent également que la dette publique ne représente pas plus de 60% du PIB des États membres, avaient été suspendues en 2020 à cause de la crise du Covid-19. Malgré la guerre en Ukraine, Bruxelles va les réactiver fin 2023 alors que la crise a fait exploser la dette des pays les plus fragiles et qu'il n'est plus applicable en l'état.

Madrid prévoit désormais 3,9% de déficit en 2023, 3% en 2024 et 2,7% en 2025. Le chiffre de 3,9% pour 2023 reste inchangé par rapport aux dernières projections, mais celui de 2024 est inférieur de 0,3 point à celui jusque-là prévu (3,3%).

La croissance améliore les comptes publics

Ce nouvel objectif de l'Espagne, inscrit dans le cadre du programme de stabilité (PSTAB) envoyé à Bruxelles, s'explique par la baisse plus forte qu'espérée du déficit public espagnol l'an dernier, dans un contexte de forte croissance, a précisé à l'AFP un porte-parole du ministère. Pour rappel, la croissance espagnole s'est établie à 5,5% l'an dernier, soit l'un des chiffres les plus élevés de la zone euro, notamment grâce au rebond du tourisme.

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Le déficit de l'Espagne s'était envolé à cause de la crise du Covid-19 allant jusqu'à atteindre 10,3% en 2020, avant de redescendre à 6,7% en 2021. En 2022, il est encore descendu, à 4,8% lieu des 5% initialement prévus. Ce, grâce à des rentrées fiscales plus fortes qu'attendues, tirées par la croissance et par la flambée de l'inflation.

Cette dynamique a permis à l'Espagne de réduire fortement sa dette publique, qui a atteint 113,1% du PIB fin 2022, malgré les nombreuses dépenses engagées pour soutenir la consommation face à l'envolée des prix. La dette publique espagnole, l'une des plus élevées d'Europe, avait d'ailleurs bondi à 125,7% en 2020 en raison des mesures prises face à la crise sanitaire. Madrid s'était engagé à ramener ce ratio à 115,2% en 2022.

Selon la ministre espagnole du Budget, Maria Jesus Montero, l'amélioration des comptes publics devrait se poursuivre cette année, malgré le ralentissement de la croissance, attendue à 2,1% par l'exécutif et à 1,4% par la Commission européenne.

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Des règles budgétaires bientôt modernisées

Cette annonce intervient au lendemain où Bruxelles a présenté une modernisation des règles budgétaires de l'UE. Adoptées en 1997, elles sont devenues aujourd'hui trop obsolètes. Surtout que, dans les faits, elles n'ont jamais été appliquées.

Le texte, qui doit être désormais débattu par les eurodéputés et les États membres, maintient les limites emblématiques de 3% pour le déficit et de 60% pour la dette publique - les fameux « critères de Maastricht ». Mais, afin de promouvoir l'investissement, il donne plus de marges de manœuvre aux États, en tenant compte de leur situation particulière. Il leur accorderait aussi plus de temps pour réduire leur endettement en échange de réformes et d'investissements.

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(Avec AFP)

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