
Pas de ralentissement et encore moins de récession en vue en Espagne. La croissance économique a surpris en caracolant à 5,5% l'an dernier dans le pays, au-dessus des 4,4% de 2021 et des objectifs du gouvernement. Le Fonds monétaire international (FMI) avait, lui, mieux anticipé la croissance ibérique mais tablait sur 5,2% grâce au rebond plus fort que prévu dans le secteur touristique après deux ans de crise sanitaire.
Selon l'institut statistique INE, cette performance est portée par la consommation des ménages et la forte hausse des investissements notamment au printemps. Sur la seule période d'avril à juin, le produit intérieur brut (PIB) de la quatrième économie de la zone euro a crû de 2,2%.
En revanche, l'activité a nettement décéléré sur la deuxième partie de l'année (+0,2% de croissance au troisième et au quatrième trimestres), au moment où l'inflation s'est durcie. Le pic de l'inflation a été atteint en juillet à 10,8%, selon l'INE. Sur l'ensemble de l'année, la hausse des prix a été de 8,4%, en-dessous de la moyenne annuelle de la zone euro avant de chuter à 5,7% en décembre.
Aides de l'État et dérogation au marché européen de l'électricité
Pour contenir une inflation mesurée, Madrid a débloqué près de 45 milliards d'euros l'année dernière sous forme d'aides aux ménages et de réductions d'impôts, dont une nouvelle tranche de 10 milliards en décembre.
Surtout, le gouvernement espagnol a obtenu de Bruxelles de s'affranchir temporairement du marché européen de l'électricité et ainsi limiter l'envolée des factures dans les foyers et les entreprises.
Mi-janvier, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a déclaré qu'elle allait demander à l'Union européenne de prolonger l'exception ibérique au mécanisme européen des prix de l'électricité. Ce régime dérogatoire doit en principe s'éteindre le 31 mai prochain.
Commentant les chiffres de la croissance, la ministre de l'Economie Nadia Calviño s'est félicitée que l'Espagne ait « fait preuve de résilience face aux vents contraires », se réjouissant que la croissance espagnole se situe « bien au-dessus » de la moyenne européenne, attendue à 3,3% par Bruxelles.
Pour 2023, Madrid table sur une croissance de 2,1%, soit un scénario plus optimiste que celui du FMI, qui, lui, parie sur 1,1% et considère que l'économie espagnole ne devrait pas retrouver son niveau d'avant-crise sanitaire avant 2024.
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