Face aux cyberattaques russes, l'UE lance son premier grand « bouclier cyber »

Ce nouveau système d'alerte mutualisera les ressources de l'ensemble du territoire de l'UE. Le but : améliorer la rapidité de détection des cyberattaques, qui se sont multipliées depuis l'invasion russe de l'Ukraine, en février 2022.
En avril 2023, le coût de ce nouveau « cyber bouclier » avait été évalué à plus de 1 milliard d'euros, aux deux tiers financés par l'UE, par la Commission européenne.
En avril 2023, le coût de ce nouveau « cyber bouclier » avait été évalué à plus de 1 milliard d'euros, aux deux tiers financés par l'UE, par la Commission européenne. (Crédits : DR)

Une grande première. L'Union européenne va se doter d'un « bouclier cyber » pour mieux se protéger des attaques informatiques, ont annoncé ce mercredi les 27 pays membres, dans un communiqué. Une décision qui fait suite à un accord politique conclu la nuit dernière entre le Parlement européen et le Conseil de l'UE. De celui-ci émergera un nouveau règlement européen sur la cybersolidarité.

Ce nouveau système d'alerte mutualisera les ressources de l'ensemble du territoire européen. Le but : améliorer la détection d'éventuelles cyberattaques, qui se sont multipliées depuis l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février 2022. Cet accord « intervient à un moment crucial pour la cybersécurité de l'UE, étant donné que le paysage des cybermenaces dans l'UE continue d'être touché par les événements géopolitiques », s'est d'ailleurs félicité la Commission européenne, dans un autre communiqué.

La détection sera confiée à un réseau européen de six ou sept « cyber hubs », toujours selon ce communiqué. Equipés de supercalculateurs et de systèmes d'intelligence artificielle, ils fonctionneront sur le modèle du système de satellites Galileo, avait indiqué la Commission européenne, lors de la présentation l'an dernier du projet.

Réduire le temps de détection d'une attaque informatique

Ce futur système aura la capacité clef de réduire au maximum le temps de détection d'une attaque informatique sur des infrastructures européennes (hôpitaux, réseaux énergétiques, etc) afin de mieux la contrer. Pour rappel, il s'écoule aujourd'hui en moyenne 190 jours entre le début de la diffusion d'un malware, logiciel malveillant, et le moment où on le détecte, soulignait en avril dernier la Commission européenne.

« L'Europe s'appuiera désormais sur un système européen d'alerte en matière de cybersécurité pour détecter plus rapidement les cybermenaces, ainsi que sur un mécanisme européen de cybersolidarité pour soutenir tous les États membres attaqués », a d'ailleurs souligné Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur.

L'UE va également se doter d'une « réserve cyber », constituée de plusieurs milliers d'intervenants, des prestataires publics et privés, sur la base du volontariat, pour soutenir l'effort de défense en cas d'attaque. Un Etat membre, une institution et certains pays tiers associés, comme la Suisse ou la Norvège, pourront faire appel à cette « réserve » en cas d'attaque significative ou à grande échelle, selon le communiqué des 27.

En avril 2023, le coût de ce « cyber bouclier » avait été évalué à plus de 1 milliard d'euros, aux deux tiers financés par l'UE, par la Commission européenne. Ces nouvelles mesures doivent encore être adoptées formellement par le Conseil de l'UE, qui regroupe les Etats membres, et le Parlement européen.

Une nouvelle stratégie de défense européenne

Cette annonce intervient au lendemain d'un tournant stratégique pris par l'UE en matière de défense. Mardi, la Commission européenne a en effet proposé que d'ici à 2030, 50% des équipements militaires commandés par les Etats membres soient fournis par l'industrie européenne. Une procédure déjà mise en place pour la production de munitions, dont une partie est destinée à l'Ukraine, en guerre contre la Russie depuis 2022.

Lire aussiFace à la menace russe, le plan de Bruxelles pour muscler son industrie de défense et s'affranchir des Etats-Unis

Cette nouvelle stratégie obéit à deux objectifs : que l'Union européenne soit mieux armée face à l'hostilité grandissante de la Russie, depuis l'invasion de l'Ukraine il y a un peu plus de deux ans. « La menace d'une guerre n'est peut-être pas imminente mais elle n'est pas impossible », avait ainsi plaidé la semaine dernière la présidente de la Commission européenne, appelant les Européens à se « réveiller de toute urgence ».

Autre objectif visé par Bruxelles : rendre l'industrie de défense européenne moins dépendante des Etats-Unis, qui fournit à l'UE deux tiers de ses armes. De sorte que 68% des achats européens d'armement au profit de l'Ukraine se font auprès de fabricants américains.

L'UE s'inspire de la gestion américaine des armements

Pour rendre plus compétitive son industrie d'armement, la Commission va proposer aux 27 un « mécanisme européen » de ventes d'armes proche du modèle américain. Un « catalogue unique » d'armes européennes pourrait ainsi être créé, ce qui permettrait aux Etats membres de savoir qui fabrique quoi dans l'Europe de la défense.

Lire aussiSénat : nouvelle tentative pour faire financer l'industrie de défense par le Livret A

Autre idée : avoir comme les Etats-Unis une réserve stratégique d'armements leur permettant de répondre à une demande urgente. La Commission envisage aussi de donner plus de visibilité aux industriels européens en favorisant des commandes fermes sur le long terme. A l'image de ce qui a été fait pendant le Covid avec les vaccins, c'est-à-dire un contrat-cadre, par lequel la Commission avance l'argent, permettant aux Etats membres de relancer leur industrie afin de répondre à ce contrat.

A plus long terme, l'exécutif européen veut aussi participer au lancement de grands projets européens de défense dans des domaines comme l'espace et la protection des fonds marins, après les sabotages de gazoducs en mer Baltique en septembre 2022.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 07/03/2024 à 7:46
Signaler
Ah si l'UE est dans le coup c'est mort le truc là.

à écrit le 07/03/2024 à 7:39
Signaler
J espère que la ridicule UE va se planter comme toujours

à écrit le 07/03/2024 à 1:58
Signaler
Un bouclier cyber ! Ca n'existe pas, c'est un process en constante evolution.

à écrit le 06/03/2024 à 19:48
Signaler
Bonjour, enfin une avancée commune.. ils y a en Europe des pays plus en avance dans les systèmes fr protection informatique, ils me semblent importants de mettre tous nos talents pour nous défendre des attaques informatique dans notre pays... Si ense...

à écrit le 06/03/2024 à 19:35
Signaler
Nos génies vont une fois de plus planter leurs applis, leurs infra et ils mettront ENCORE tout ça sur le dos d'hypothètiques hacker. Ça devient un classique chez nous ...

à écrit le 06/03/2024 à 16:33
Signaler
Le fait d'en parler ne stimule pas l'action mais simplement le coté publicitaire ! Cela ne rassure pas !;-)

à écrit le 06/03/2024 à 15:24
Signaler
Le processus visant à fabriquer un ennemi continue. Quand on apprend que des officiers allemands préparent l'attaque du pont de Crimée, avec des missiles Taurus. France info trouve scandaleux que les russes nous écoute. Personnellement, je trouve sca...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.