L’offensive électorale du « Trump croate »

Le Premier ministre conservateur et le président social-démocrate populiste s’affrontent aux législatives anticipées du 17 avril.
Zoran Milanovic.
Zoran Milanovic. (Crédits : Reuters)

La campagne des législatives en Croatie tourne à la foire d'empoigne entre le Premier ministre sortant, Andrej Plenkovic, chef du parti conservateur Union démocratique croate (HDZ), et le président de la République, le social-démocrate Zoran Milanovic. Les deux hommes se détestent, une animosité qui remonterait aux débuts de la carrière diplomatique de ces deux fils de la nomenklatura yougoslave, dans les années 1990, après leurs études de droit à l'université de Zagreb.

Lire aussiGuerre en Ukraine : face à l'augmentation des frappes russes, l'Allemagne envoie un autre système de défense antiaérienne Patriot

Tout a commencé le vendredi 15 mars par une petite bombe lâchée sur une scène politique croate en hibernation. Quelques jours après la dissolution du Parlement par le Premier ministre, le président annonçait qu'il prenait lui-même la tête de la coalition de centre gauche menée par le Parti social-démocrate (SDP) pour « mettre fin à un gouvernement voleur et criminel ». La raison de cette candidature surprise, selon ses propres mots ? La nomination d'un nouveau procureur général, Ivan Turudic, un juge réputé proche du parti au pouvoir, choix dénoncé comme une tentative de l'exécutif d'étouffer les enquêtes en cours. Qu'importe si la Cour constitutionnelle a ensuite jugé que le président en exercice ne pouvait se porter candidat aux législatives. Bien décidé à redevenir Premier ministre, sans pour autant figurer sur la liste du SDP, le chef de l'État a fait campagne en promettant la formation d'un « gouvernement de salut national » et l'avènement d'une « III e  République ».

Trente ministres et sous-secrétaires touchés par des scandales

Tel un Trump croate, Zoran Milanovic cogne très fort contre son rival. Principal angle d'attaque, la corruption. « Huit ans d'autocratie ont transformé l'ordre constitutionnel croate en un système d'injustice et d'inégalité dans lequel les membres du HDZ ne sont pas tenus pour responsables des pires violations de la loi, assène-t‑il sur sa page Facebook. Les rivières de la justice nettoieront ce marais. »

Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, Andrej Plenkovic a dû remplacer trente ministres et sous-secrétaires touchés par des scandales de corruption ou d'abus de pouvoir. Au 31 décembre 2023, le parquet européen, dirigé par la juriste roumaine Laura Kövesi, avait inculpé dix- huit personnalités croates pour détournements de fonds européens. « La Croatie vit sous les griffes clientélistes de la Communauté démocratique croate [HDZ], le parti fondé par Franjo Tudjman, premier président de la Croatie indépendante, depuis les premières élections libres du printemps 1990, à l'exception de deux interruptions en 2000-2003 et en 2011-2016 », explique l'écrivain Davor Spisic. Et le fléau perdure, en dépit des réformes.

Les dernières enquêtes placent le HDZ en tête

Adepte de la triangulation, Zoran Milanovic, chef du gouvernement entre 2011 et 2016, s'est métamorphosé en trublion populiste depuis son élection à la présidence en 2020, cultivant l'électorat de droite à grand renfort de surenchère verbale contre les minorités serbe et rom, les migrants ou les féministes « pleurnichardes ». À l'international, il s'est affiché avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, et le dirigeant serbe de Bosnie Herzégovine, Milorad Dodik. « Si Milanovic revenait à la tête du gouvernement, avance le consultant Srdjan Dvornik, il adopterait une posture souverainiste mais sans aller jusqu'à risquer de voir geler les fonds européens destinés à la Croatie. »

Face à lui, Andrej Plenkovic cite à son actif l'entrée de la Croatie dans la zone euro et l'espace Schengen, le 1er  janvier 2023, sans compter « 25 milliards d'euros de subventions pour cette décennie ». « Milanovic s'est suicidé politiquement en inventant une crise fictive et en violant la Constitution », déclarait ce technocrate, familier des institutions européennes, le 11 avril lors d'un déplacement à Vukovar. L'effet Milanovic a fait grimper le SDP dans les sondages mais les dernières enquêtes placent le HDZ en tête. « Tout dépendra du potentiel de chacun des deux principaux partis à former une coalition avec d'autres petites formations, en particulier à l'extrême droite, souligne l'analyste Zarko Puhovski. Il n'y a pas de différence substantielle entre les deux leaders, si ce n'est l'ambition personnelle et la question de savoir qui sera le chef. »

Commentaire 1
à écrit le 14/04/2024 à 8:36
Signaler
"le président social-démocrate populiste" LOL ! Bientôt vous n'aurez même plus besoin de faire un article avec la longueur des descriptions qui augmente. Ben oui faut que les gens voient bien ce que nos dirigeants veulent leur montrer ! Je vais vous ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.