Guerre en Ukraine : Zelensky en Lituanie pour s'assurer du soutien de l'Europe

Le président ukrainien rend visite à son homologue lituanien, ce jeudi. Une réunion qui a notamment pour but de le convaincre, lui et d'autres dirigeants européens, d'accroître leur soutien militaire et financier à l'Ukraine.
Volodymyr Zelensky tente toujours de s'assurer du soutien de ses alliés européens.
Volodymyr Zelensky tente toujours de s'assurer du soutien de ses alliés européens. (Crédits : Reuters)

[Article publié le jeudi 11 avril 2024 à 12h22 et mis à jour à 14h45] Le président ukrainien tente toujours de s'assurer du soutien de ses alliés européens. C'est dans ce contexte qu'il se rend, ce jeudi matin, à Vilnius pour rencontrer son homologue lituanien, Gitanas Nauseda. En fin de matinée, Volodymyr Zelensky a annoncé avoir signé un accord décennal avec la Lettonie voisine sur l'aide que ce pays balte s'engage à apporter à l'Ukraine.

« Cet accord prévoit un soutien militaire annuel de la Lettonie à l'Ukraine à hauteur de 0,25% du PIB. La Lettonie s'est également engagée à aider l'Ukraine pendant dix ans dans les domaines de la cyberdéfense, du déminage et des technologies sans équipage, ainsi qu'à soutenir l'adhésion de l'Ukraine à l'UE et à l'Otan », a-t-il précisé. .

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Le président ukrainien va ensuite assister à une réunion de l'initiative, dite des Trois Mers, qui regroupe treize Etats membres de l'UE situés entre la mer Baltique, la mer Adriatique et la mer Noire. L'arrivée du président ukrainien pourrait modifier l'ordre du jour du sommet, car les dirigeants, dont les présidents polonais Andrzej Duda et tchèque Petr Pavel, devaient initialement discuter principalement du renforcement de la coopération dans les domaines des transports, de l'énergie et de la cybersécurité.

L'Europe divisée sur l'aide à l'Ukraine

Cette visite du chef d'Etat ukrainien intervient alors que les Etats membres de l'Union européenne restent divisés concernant l'aide que doit fournir le Vieux continent au pays attaqué par la Russie. Si les Vingt-Sept se sont accordés, le 1er février pour envoyer 50 milliards d'euros d'aide à Kiev, cela n'a pas été sans lutte. Pendant des mois, la Hongrie, plus proche allié de Moscou au sein de l'UE, avait apposé son veto à cette aide.

Son Premier ministre, Viktor Orban affirmait en janvier que les manifestations des agriculteurs dans plusieurs pays européens « montrent à quel point l'Ukraine est un problème grave pour l'Europe, indépendamment de la guerre ». « Nous devons être très prudents, car l'Ukraine est un pays immense ». Et son rapprochement, voire son adhésion à l'UE, « aura un énorme impact, désastreux sur les économies européennes, en particulier dans le secteur agricole », avait-il argumenté dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Le Point. Leur production est « bien meilleur marché que celle des paysans français et hongrois, et ce n'est pas soutenable. Nous ne pouvons pas rivaliser », a complété le dirigeant nationaliste, appelant la Commission européenne à « défendre les intérêts européens contre les Ukrainiens, et non l'inverse ».

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A l'opposé de l'opposition hongroise au soutien ukrainien, Emmanuel Macron s'est montré très enclin à intensifier le soutien européen à l'Ukraine. Le président français avait, le 26 février, estimé que l'envoi de troupes occidentales ne devait pas « être exclu », afin de bien signifier à Vladimir Poutine que tout sera fait pour qu'il perde cette guerre. Cette première déclaration avait déjà suscité l'émoi des alliés de la France au sein de l'Otan, qui ont pour la plupart immédiatement rejeté une telle éventualité.

Le président tchèque, Petr Pavel, lui a apporté son soutien, se disant « favorable à la recherche de nouvelles options, y compris un débat sur une présence potentielle en Ukraine », sans toutefois franchir la « ligne rouge » du déploiement de « troupes combattantes ». Mais l'avertissement n'a pas été apprécié par l'Allemagne, après déjà une série de tensions récentes sur le dossier ukrainien. « Nous n'avons pas besoin (...) de discussions sur le fait d'avoir plus ou moins de courage », a réagi le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius. « Cela n'aide pas vraiment à résoudre les problèmes » de l'Ukraine.

Par ailleurs, la Suisse a annoncé la veille organiser une conférence les 15 et 16 juin sur l'Ukraine avec les représentants d'une centaine de pays. Des pourparlers qui n'ont « aucun sens » sans représentation russe estime le Kremlin. « Nous avons dit bien des fois qu'un processus de négociation sans la Russie n'a aucun sens », a indiqué son porte-parole, Dmitri Peskov, interrogé sur cette initiative.

L'Ukraine durcit la conscription

Pendant que le président ukrainien tente de s'assurer du soutien de ses voisins de l'Ouest, le Parlement durcit les mesures de mobilisation de sa population dans l'armée. Le parlement ukrainien a adopté jeudi, selon des députés, un projet de loi en ce sens. « C'est fait ! la loi sur la mobilisation est adoptée. 283 (députés ont voté) pour », a indiqué sur Telegram l'élu Oleksiï Gontcharenko. L'Ukraine, confrontée à une pénurie de soldats volontaires, après plus de deux ans de guerre contre l'envahisseur russe, travaillait sur ce texte depuis de longs mois.

Mais le texte, qui accroît notamment les sanctions pour les réfractaires, a fait scandale à cause de la suppression à la dernière minute d'une clause prévoyant la démobilisation des soldats ayant servi 36 mois, coup dur pour les militaires qui combattent sur le front depuis plus de deux ans.

L'armée ukrainienne, affaiblie par une contre-offensive ratée durant l'été 2023 et une aide occidentale qui s'épuise, essaye de contenir des assauts russes en de multiples points du front. Pour cela, elle a besoin d'hommes et de munitions. L'Ukraine peinant à trouver des volontaires, elle a d'abord élargi la mobilisation, abaissant l'âge des appelables de 27 à 25 ans. Désormais, les sanctions pour ceux tentant d'échapper à la mobilisation seront durcies. Le texte facilite aussi les procédures d'enrôlement en créant un système numérique dédié. Pour entrer en vigueur, le président du parlement doit désormais remettre le texte au président Volodymyr Zelensky, qui devra le promulguer.

(Avec AFP)

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