L'UE accorde (encore) un sursis en matière de rigueur budgétaire des Etats

En suspendant à nouveau les règles budgétaires en 2022, les Vingt-Sept ont décidé de se redonner un peu d'air. L'oxygène attendu est celui du retour de la croissance permis par la levée des restrictions sur le Vieux continent, mais aussi par les mécanismes de financement... qui font grimper la dette européenne.
En 2021, le déficit public de la France devrait atteindre 9,4% du PIB, et sa dette représenter presque 117% du PIB.
En 2021, le déficit public de la France devrait atteindre 9,4% du PIB, et sa dette représenter presque 117% du PIB. (Crédits : Yves Herman)

Alors que le principe de « règle d'or » budgétaire made in Europe fête ses dix ans, le Covid-19 est venu balayer tout espoir de contenir les déficits des Etats membres. Déjà, en 2020, la France par la voix de son ministre de l'Economie demandait la suspension du « Pacte de stabilité » pour 2021, sa nouvelle appellation, et qui impose aux gouvernements de tenir leurs comptes. A nouveau, la Commission européenne a annoncé une nouvelle suspension de ces règles en 2022 afin de surmonter la crise économique liée au coronavirus. En outre, ce cadre n'est plus imposé depuis mars 2020 et le début de la pandémie.

Pour rappel, adopté en 1997, le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) doit éviter l'apparition de déficits budgétaires excessifs - placé sous surveillance au -delà d'un déficit public supérieur à 3% du PIB. Il est donc censer imposer aux Etats d'avoir des budgets proches de l'équilibre, voire excédentaires.

Or, tandis qu'elle vient d'annoncer une rallonge budgétaire de 15 milliards d'euros pour réduire progressivement sa politique du "quoi qu'il en coûte", la France est donc loin de rentrer dans les clous. En 2021, son déficit public devrait atteindre 9,4% du PIB. De même, la dette de la France devrait frôler les 117% du PIB à la fin de l'année.

Conciliante, Bruxelles fait aussi le pari d'un retour solide de la croissance avec des rentrées fiscales capable d'éviter la banqueroute des Etats. Cette année, la Commission table sur une croissance de 4,3%, puis de 4,4% en 2022 pour les 19 pays partageant l'euro. Pour elle, le niveau économique d'avant-crise doit être atteint d'ici la fin 2022.

La dette publique de la zone euro au-delà des 100% du PIB

"Cette année et l'année prochaine, nous encourageons les États membres à maintenir des politiques budgétaires favorables à la croissance, en préservant l'investissement public et en tirant le meilleur parti des financements du plan de relance européen", a déclaré le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis.

Si tel est bien le cas, "nous allons continuer à utiliser tous les outils pour remettre nos économies sur les rails. Nous prolongeons la clause de sauvegarde générale en 2022, en vue de la désactiver en 2023", a-t-il annoncé.

L'UE est même proactive dans le financement de cette reprise. Elle va démarrer en juin un processus historique d'émission de dette commune pour financer quelque 672 milliards d'euros de subventions et de prêts aux Etats membres afin de les aider à financer des investissements dans la transition verte et numérique, dans le cadre du plan global de 750 milliards d'euros.

Ces politiques accommodantes ont eu pour conséquence de propulser pour la première fois le ratio de dette publique de la zone euro à plus de 100% de son produit intérieur brut.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 03/06/2021 à 9:09
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La dictature financière est une aberration économique en soi.

à écrit le 03/06/2021 à 3:23
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Pour la France, c'est peine perdue. Va-t-on retrouver les coalitions napoléoniennes pour nous obliger à tenir nos comptes? La France en guerre contre l'Europe? Que dis-je? La France contre le Monde Entier? De quoi remplir les livres d'histoire de nos...

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