La BCE à l'épreuve de la reprise et de l'inflation

La reprise économique est à portée de main, l'inflation repart en zone euro, les taux d'intérêt remontent lentement : la Banque centrale européenne (BCE) va-t-elle songer à réduire son intervention ? La question sera en toile de fond, jeudi, de sa réunion de politique monétaire.
(Crédits : Ralph Orlowski)

Même si le puzzle d'un retour à la croissance se met en place avec les progrès de la vaccination et la levée des restrictions sanitaires, les 25 membres du Conseil des gouverneurs devraient rester fidèles à la potion anti-crise de taux d'intérêt historiquement bas et d'achats massifs de dettes qu'ils ont renforcée au début de la pandémie, selon les observateurs.

Amorcer dès maintenant la discussion sur la normalisation de la politique monétaire serait "délicat", estime Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management. Une telle initiative prendrait "le risque d'envoyer des signaux trop restrictifs" pouvant inquiéter les marchés, met-il en avant.

Face à l'impact du Covid-19, la BCE a lancé en 2020 un plan d'urgence pandémie (Pandemic Emergency Purchase Programme, PEPP) de 1.850 milliards d'euros destinée à acheter des dettes sur les marchés.

Plus de la moitié de la somme est déjà utilisée, et la BCE a prévu d'y avoir recours au moins jusqu'en mars 2022. Le débat enfle cependant sur le rythme de dépense de cette enveloppe.

En mars, voyant que les taux d'intérêt auquel les Etats européens financent leurs emprunts commençaient à augmenter, la BCE a accéléré son intervention, atteignant 20 milliards de rachat de dette par semaine.

Messages

Avec le redémarrage attendue de l'économie, des "faucons", ces partisans de l'orthodoxie monétaire, se font de nouveau entendre pour réclamer une fin des programmes de soutien d'urgence de la BCE.

En avril, le gouverneur de la Banque des Pays-Bas, Klaas Knot, a appelé à réduire l'intervention de la BCE dès "le troisième trimestre".

Certains responsables allemands s'alarment de leur côté du rebond des prix : le taux d'inflation de la zone euro a poursuivi sa hausse en mai et atteint 2% sur un an, la limite haute de l'objectif fixé par la BCE.

En Allemagne, la hausse des prix a même atteint 2,5%, son rythme le plus élevé en une décennie, et la banque centrale allemande n'exclut pas qu'elle puisse atteindre 4% à la fin de l'année.

Mais face aux craintes qu'une trop forte inflation étouffent la reprise, les responsables monétaires européens se relaient pour marteler le même message : cette hausse est temporaire et la BCE ne compte pas resserrer sa politique monétaire.

La hausse repose sur des facteurs transitoires -- prix de l'énergie, pénurie de composants dans l'industrie,... -- et la pression devrait retomber en 2022, avait déjà prévenu l'institut monétaire lors de sa réunion d'avril.

"L'incertitude sur le calendrier et l'intensité de la reprise exige que les conditions de financement restent accommodantes pendant une longue période", a clamé fin mai Ignazio Visco, gouverneur de la banque d'Italie.

Toute discussion sur la suppression progressive du PEPP est "encore clairement prématurée", avait assené plus tôt Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE.

Jusqu'à la présidente de l'institution, Christine Lagarde, la semaine dernière : la BCE s'est engagée à maintenir des "conditions de financement favorables" jusqu'à la reprise durable de l'économie, a-t-elle rappelé.

Attendre l'été

Les gardiens de l'euro voudront savoir "comment la réouverture des économies se passe cet été, ne serait-ce que parce que la saison touristique est cruciale pour beaucoup d'Etats membres", explique Gilles Moec, chef économiste chez Axa.

La BCE peut "se permettre de garder le pied au plancher pendant encore trois mois" en continuant à racheter massivement de la dette publique et privée sur le marché, estime Holger Schmieding, économiste chez Berenberg.

Les banquiers centraux se décideront aussi sur la base de nouvelles projections économiques à l'horizon 2023.

Côté croissance, peu de changements sont attendus par rapport à mars, quand l'institut pariait sur un rebond au second semestre de 2021 pour aboutir à un score de 4% sur l'année et de 4,1% l'an prochain, en récoltant les fruits du plan de relance européen "Next Generation". L'inflation prévue à 1,5% cette année est, elle, susceptible d'être revue en hausse, selon les observateurs, avant une rechute prévue en 2022.

Commentaire 1
à écrit le 09/06/2021 à 12:06
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On s'en fout, cette dictature sanitaire nous confirme bien que tout ça est bidon, qu'ils fassent ce qu'ils veulent, comem d'habitude mais qu'ils se taisent et asusment leurs actes voilà ma foi du véritable changement s'il en était.

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