Les taux de la BCE pourraient grimper jusqu'à 2% d'ici décembre

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a dit s'attendre à voir les taux de Banque centrale européenne remonter à un niveau « neutre », à près de 2% d'ici décembre, avant d'aller plus loin en fonction de l'inflation. La BCE a déjà opéré deux relèvements en juillet de 50 points de base et en septembre de 75 points. L'objectif : lutter contre la flambée des prix qui sévit dans la zone euro.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s'exprimait lors d'une conférence du Fonds monétaire international à Washington.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s'exprimait lors d'une conférence du Fonds monétaire international à Washington. (Crédits : Banque de France)

Après avoir pendant longtemps considéré l'inflation comme « transitoire », la Banque centrale européenne a, depuis trois mois, entrepris de resserrer sa politique monétaire pour tenter de juguler la hausse des prix. Cette dernière atteignait en août un nouveau record historique à 9,1% sur un an contre 8,9% en juillet. Pour cela, l'institution monétaire a relevé ses taux directeurs de 50 points de base en juillet et de 75 points en septembre.

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Elle devrait continuer sur sa lancée à en croire le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau qui a dit s'attendre à voir les taux de BCE remonter à un niveau « neutre », près de 2% d'ici décembre, avant d'aller plus loin en fonction de l'inflation. Le niveau « neutre » correspond à un taux qui ne favorise ni ne pénalise l'économie. En d'autres termes, qui ne crée ni inflation ni déflation (baisse des prix).

« Il est trop tôt pour se prononcer sur le niveau final des taux d'intérêt », mais le taux « neutre (...) peut, selon moi, être estimé comme inférieur à, ou proche de 2 % » en termes nominaux et « nous pourrions atteindre ce niveau d'ici la fin de l'année », a expliqué mercredi François Villeroy de Galhau, qui s'exprimait lors d'une conférence du Fonds monétaire international à Washington. Actuellement, le taux qui fait référence, celui sur les dépôts bancaires au guichet de la BCE, se situe à 0,75%, contre 0% avant le resserrement monétaire.

Des prochaines hausses d'une plus faible ampleur

Des hausses à venir qu'a confirmé le chef économiste Philip Lane, ce même jour. Il a ainsi assuré que la BCE envisageait bien de relever ses taux lors de ses réunions à venir, jugeant qu'un « pas majeur » a déjà été effectué en septembre pour sortir du cadre très accommodant de la politique monétaire hérité d'années passées de faible inflation.

Les prochaines hausses pourraient cependant être de moins grande ampleur au fur et à mesure que l'on se rapproche d'une fin de cycle de hausse des taux, a-t-il par ailleurs laissé entendre. Plusieurs économistes tablent aussi sur une hausse des taux de 75 points de base en octobre et 50 points de base en décembre, ce qui amènerait le taux sur les dépôts à 2%.

Risque de récession et pour la dette des Etats

De quoi alimenter le risque d'une récession qui plane déjà sur l'Europe. En effet, les entreprises et consommateurs vont devoir emprunter plus cher du fait que les banques vont répercuter les hausses de taux d'intérêt décidées par la BCE. Cela aura donc un effet d'étranglement sur la croissance économique, tout en faisant baisser l'inflation.

Cela va également alourdir la dette des Etats de la zone euro avec le risque d'une fragmentation au sein de l'espace économique. « L'effet d'une hausse des taux sur la charge de la dette est progressif car il ne se manifeste que quand les emprunts arrivent à échéance. Mais cela aboutit à alourdir la charge de la dette », expliquait en septembre à la Tribune François Ecalle, ancien haut fonctionnaire à la Cour des comptes et fin connaisseur des finances publiques.

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Néanmoins, début 2023, la BCE « fera une pause et restera en attente » dans son resserrement monétaire, selon le groupe bancaire HSBC. Malgré les risques que fait peser ce resserrement monétaire, selon François Villeroy de Galhau, la « normalisation de la politique monétaire », est « entièrement justifiée, notamment dans la zone euro » (les 19 pays à avoir adopté la monnaie unique).

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 15/09/2022 à 19:40
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Oh la jolie colombe qui espère encore :) ; ça ira bien plus haut et il faudra aussi réduire le bilan (quantitative tightening) pour réduire l'inflation. Tant pis pour les pays du clubmed, les faucons ont la main désormais

à écrit le 15/09/2022 à 18:40
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Avec 10% d'inflation ca devra aller bcp plus haut Tant pis pour les plans ultraecolos de gauche et sa dépense illimitee sans conséquence

à écrit le 15/09/2022 à 15:51
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Peut-être faudrait-t-il rappeler aux monétaristes les causes réelles de l'inflation (non pas selon leur propre dogme) mais surtout leur expliquer - à l'instar du marteau qui enfonce le clou - que leur vision théorique de la politique de l'offre est e...

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