Livraisons militaires à l'Ukraine : l'Allemagne atteint ses limites

Rompant avec ses principes de ne pas envoyer d'équipements létaux dans les zones de conflit, l'Allemagne fournit des armes à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. Problème, ces livraisons mettent à mal les capacités de son armée, la Bundeswehr, qui prélève ces équipements sur ses propres stocks. La solution pourrait désormais venir de l'industrie allemande.
L'armée allemande n'a plus les moyens de fournir des équipements à l'Ukraine sans dégrader ses propres capacités.
L'armée allemande n'a plus les moyens de fournir des équipements à l'Ukraine sans dégrader ses propres capacités. (Crédits : Fabrizio Bensch)

Si l'état des réserves de munitions en France ont beaucoup fait parler il y a quelques semaines, le sujet du manque de matériel militaire est désormais prégnant en Allemagne. Il est notamment mis en lumière dans le cadre des livraisons à l'Ukraine. De l'aveu même de la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, les capacités d'approvisionnement en matériel tiré des réserves de son armée, la Bundeswehr, sont quasiment épuisées. D'autres solutions sont néanmoins à l'étude.

"Pour les livraisons provenant des stocks de la Bundeswehr, je dois dire honnêtement que nous sommes entre-temps arrivés à une limite", a expliqué Christine Lambrecht dans une interview au journal Augsburger Allgemeine.

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Des stocks rapidement vidés

Cette limite a été atteinte en quelques semaines à peine : jusqu'au 24 février, l'Allemagne rechignait, pour des raisons historiques, à envoyer des armes en Ukraine - mis à part des casques - en dépit de la montée des tensions avec Moscou. Dès les premiers jours de l'invasion, le chancelier Olaf Scholz tournait casaque pour annoncer des livraisons d'armement prélevés sur les stocks de l'armée allemande, brisant son principe de ne pas exporter d'armes en zone de conflit.

L'Allemagne a ainsi fait savoir fin février qu'elle allait livrer 1.400 lance-roquettes, 500 missiles sol-air Stinger et 9 obusiers à l'Ukraine. Ces annonces ont été renforcées début mars avec 2.700 missiles antiaériens supplémentaires, des missiles Strela de conception soviétique.

Alors que l'Allemagne a largement réduit la part de ses dépenses consacrées à la défense depuis les années 1990, n'opérant une légère remontée qu'à partir de 2018, la Bundeswehr ne peut donc aller au-delà sous peine de dégrader fortement ses capacités en cas d'extension du conflit.

La commissaire à la défense au Bundestag (Parlement), Eva Högl, a ainsi évoqué l'état "alarmant" de la Bundeswehr, tandis qu'un des plus hauts gradés a parlé d'une armée de terre "plus ou moins à sec". Et les annonces d'Olaf Scholz sur la remontée en puissance des investissements à hauteur de 100 milliards d'euros en 2022 mettront du temps avant de se ressentir dans les capacités de l'armée allemande.

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L'Ukraine pas convaincue

Une posture qui ne semble pas convaincre le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba. "Il est clair que l'Allemagne peut faire plus, compte tenu de ses réserves", a-t-il affirmé. L'Ukraine souhaite notamment la livraison de 100 véhicules de combat d'infanterie Marder fabriqués par le groupe allemand Rheinmetall. Près de 400 exemplaires ont été livrés à l'Allemagne, qui a amorcé leur remplacement en 2015.

Armin Papperger, patron de Rheinmetall, a affirmé cette semaine au Spiegel que son entreprise pourrait préparer rapidement une vingtaine de blindés, actuellement en cours de maintenance, pour les fournir aux forces ukrainiennes.

Berlin ne veut pas couper pour autant son soutien à Kiev. Et la solution pourrait venir de l'industrie allemande avec la livraison de matériel neuf. Christine Lambrecht a ainsi déclaré dans la même interview : "Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire plus pour l'Ukraine, c'est pourquoi nous avons clarifié ce que l'industrie peut fournir directement." Des concertations sont en cours avec Kiev.

Commentaires 5
à écrit le 11/04/2022 à 0:39
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les Allemands ont déjà de l'expérience en ce domaine avec les Ukrainiens : en 1942-43, ils étaient allés le livrer directement.

à écrit le 10/04/2022 à 13:36
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Pour contrer l'armée Russe qui est une armée blindée/artillerie, le top, ce sont les missiles à courte et moyenne portée. Lorsque Marioupol et d'autres villes seront aux mains des russes, ça va être un festival de tir au pigeon sur char russe. Les Uk...

à écrit le 09/04/2022 à 21:15
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Comme c'est intelligent on aura réussit à réarmer l'allemagne.... Bravo, vraiment bravo...

le 10/04/2022 à 12:40
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condamnés les exactions militaires oui mais commencer par ceux perpétrer en irak et en afganistan par les usa apres ont definira ceux de la turquie puis ceux de la russie mais le sens inverse

à écrit le 09/04/2022 à 18:16
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Il doit bien leurs rester du matériel de la derière guerre pouvant tirer à plus de 40 kilomètres et de façon précise . La Grösse Berta tirait à plus de 150 kilomètres de St Quentin . Les canons de la marine et ces minutions , il y en a, j'en suis su...

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