Etats-Unis : si l'inflation persiste, la Fed pourrait remonter ses taux deux fois plus fort

Alors que l'inflation culmine à +7% en 2021 outre-Atlantique, un plus-haut depuis 1982, la Fed cherche à résoudre cette difficile équation : remonter les taux pour ralentir la flambée des prix, sans nuire à l'emploi. Après avoir averti qu'elle allait accélérer le moment de la remontée des taux à mars, elle laisse entendre qu'elle pourrait aussi frapper deux fois plus fort que d'habitude.
Raphael W. Bostic, président de la Federal Reserve Bank of Atlanta, lors de son intervention au Forum financier européen à Dublin, en Irlande, le 13 février 2019.
Raphael W. Bostic, président de la Federal Reserve Bank of Atlanta, lors de son intervention au Forum financier européen à Dublin, en Irlande, le 13 février 2019. (Crédits : Reuters)

Faut-il relever les taux ? De combien ? Et à quelle vitesse ? À cause du risque que fait peser l'inflation actuellement galopante, sur la compétitivité des économies, le pouvoir d'achat des populations, la croissance des États, l'attitude des banques centrales est scrutée de près par les marchés et d'une manière générale par tous les acteurs de l'économie.

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Alors qu'en Europe, la BCE aborde sa réunion de jeudi dans l'idée de rester sur une prudente position de statu quo, aux États-Unis, l'atmosphère est plus électrique.

La semaine passée, la Fed, prenant acte des améliorations sur le front de l'emploi et d'une inflation élevée qui pourrait persister, avait annoncé maintenir ses taux entre 0% et 0,25% pour le moment, mais elle se disait prête à les relever dès mars prochain.

Rehausser les taux plus vite, mais aussi plus fort ?

Son président, Jerome Powell, avait refusé de donner des précisions sur l'ampleur de la hausse envisagée, indiquant seulement que la Fed serait "souple" sur la question. Elle relève habituellement ses taux d'un quart de point de pourcentage (0,25).

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Elle semble vouloir aller plus loin que de simplement accélérer le calendrier, en annonçant qu'elle serait également prête à doubler la puissance de son action.

En effet, dans une interview publiée par le Financial Times samedi 29 janvier, Raphael Bostic, président de la Federal Reserve Bank of Atlanta, n'écarte pas l'idée de relever ses taux d'un demi-point de pourcentage (0,50 contre 0,25 habituellement) si l'inflation reste élevée.

Il précise qu'il s'attend toujours à trois hausses d'un quart de point de pourcentage d'ici la fin de l'année, mais, prévient-il, "toutes les options (sont) sur la table à chaque réunion" de l'institution.

Et "si les données indiquent que les choses ont évolué d'une manière telle qu'un mouvement de 50 points de base est nécessaire ou [serait] approprié, alors je pourrais y réfléchir", a-t-il dit.

Sur la méthode, il soulignait qu'il n'avait aucun problème à s'adapter complètement aux circonstances, avec l'idée de prendre une décision "à chaque réunion", si la situation l'exigeait. Il laissait entendre ainsi qu'il pourrait y avoir une hausse de taux à chacune des sept réunions restant d'ici la fin de l'année.

Contrer l'inflation sans nuire à l'emploi, un casse-tête

En mars 2020, la Fed avait abaissé ses taux directeurs dans une fourchette de 0% à 0,25% dans le but d'atténuer le choc sur l'économie frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19.

La croissance étant depuis repartie de l'avant, la priorité désormais pour la Fed est de ralentir l'inflation, notamment en remontant les taux.

L'équation difficile à laquelle s'attelle la banque centrale américaine, c'est de faire baisser l'inflation qui culmine au plus haut depuis 1982 (+7% en 2021) et la ramener un niveau de 2-2,5% à la fin de l'année... sans peser sur l'emploi.

Un délicat jeu d'équilibriste alors que la croissance risque de refluer en 2022

"L'inflation est trop élevée et les travailleurs de tout le pays s'inquiètent de savoir ce qu'ils pourront payer avec leur salaire", alertait le 13 janvier Lael Brainard, la nouvelle vice-présidente de la Fed.

Pour calmer l'inflation, la Fed doit augmenter les taux tout en continuant à soutenir la croissance pour renforcer un marché de l'emploi qui reste fragile, ce qui passe par une politique monétaire accommodante. Mais comme les perspectives économiques, très optimistes entrevues l'année dernière avec la forte reprise, sont en train de s'atténuer (la Banque mondiale a abaissé sa projection de croissance pour les États-Unis de 5,6% à 3,7% en 2022), l'exercice relève du numéro d'équilibriste.

(avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 01/02/2022 à 11:57
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Le sujet est si important qu'il mérite un autre commentaire. Que se passerait-il si la BCE révélait dès maintenant des hausses de taux qui devra intervenir de toute façon ? Panique boursière, perturbations économiques, baisse de Macron dans les sonda...

à écrit le 01/02/2022 à 11:07
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La prudente position de la BCE prévue jeudi est surtout le signe que l'inflation est accueillie favorablement par les hommes politiques dramatiquement défaillant dans la gestion des finances publiques. Ils y voient un moyen facile de réduire le pourc...

à écrit le 31/01/2022 à 22:01
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Quand je vois le nombre de financiers et d'économistes et de gestionnaires auto proclamés sur les forums de la Tribune, je me demande pourquoi il y a autant de milliards (plus de 460) investis sur les livrets défiscalisés qui rapporte des cacahuètes....

à écrit le 31/01/2022 à 17:35
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Inflation ? Y-a pas d'inflation ils ont dit. Tous ! Il y a pas 2 mois encore alors que ça flambe depuis 18 mois ! Comme le coronavirus en Mars 2020: une gripette... Comme les tarifs de l'énergie, en Février vous verrez ils reviennent aux plus bas......

le 31/01/2022 à 21:47
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Vous qui avait l'air de tout savoir sur tout, il ne tenait qu'à vous pour être aussi diplômé qu'eux. Le propre de la conversation de comptoir c'est de trouver pour épater la galerie des solutions simplistes à tout problème complexe multifactoriel et ...

le 01/02/2022 à 12:09
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" Problème complexe multifactoriel.... " ça fleure bon l'incompétence comme analyse non ? C'est en général l'explication que l'on reçoit quand la voiture est en panne et que la concession entrevoit cette solution pour vous... arnaquer.. grand naïf ce...

à écrit le 31/01/2022 à 17:35
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Inflation ? Y-a pas d'inflation ils ont dit. Tous ! Il y a pas 2 mois encore alors que ça flambe depuis 18 mois ! Comme le coronavirus en Mars 2020: une gripette... Comme les tarifs de l'énergie, en Février vous verrez ils reviennent aux plus bas......

à écrit le 31/01/2022 à 14:17
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La FED aurait dû remonter ses taux d'intérêt, modérément, il y a déjà un an, début 2021. Depuis un an, elle a sciemment laissé la bourse et l'inflation hors de contrôle, pour maintenant réagir trop tard, et sans doute trop fortement : Mais ce n'est p...

le 31/01/2022 à 17:50
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Fait pas 1 an.. c'est depuis 2008 que fed/bce/boj/etc.. soutiennent pieds au plancher les marchés et sans espoir aucun de maîtriser cette course folle. Z'ont jamais cesser d'injecter en continu des trillions de trillions de pq jusqu'à l'apothéose du ...

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