Faut-il relever les taux ? De combien ? Et à quelle vitesse ? À cause du risque que fait peser l'inflation actuellement galopante, sur la compétitivité des économies, le pouvoir d'achat des populations, la croissance des États, l'attitude des banques centrales est scrutée de près par les marchés et d'une manière générale par tous les acteurs de l'économie.
Alors qu'en Europe, la BCE aborde sa réunion de jeudi dans l'idée de rester sur une prudente position de statu quo, aux États-Unis, l'atmosphère est plus électrique.
La semaine passée, la Fed, prenant acte des améliorations sur le front de l'emploi et d'une inflation élevée qui pourrait persister, avait annoncé maintenir ses taux entre 0% et 0,25% pour le moment, mais elle se disait prête à les relever dès mars prochain.
Rehausser les taux plus vite, mais aussi plus fort ?
Son président, Jerome Powell, avait refusé de donner des précisions sur l'ampleur de la hausse envisagée, indiquant seulement que la Fed serait "souple" sur la question. Elle relève habituellement ses taux d'un quart de point de pourcentage (0,25).
|Lire : Jerome Powell (Fed) ne rassure pas les marchés financiers
Elle semble vouloir aller plus loin que de simplement accélérer le calendrier, en annonçant qu'elle serait également prête à doubler la puissance de son action.
En effet, dans une interview publiée par le Financial Times samedi 29 janvier, Raphael Bostic, président de la Federal Reserve Bank of Atlanta, n'écarte pas l'idée de relever ses taux d'un demi-point de pourcentage (0,50 contre 0,25 habituellement) si l'inflation reste élevée.
Il précise qu'il s'attend toujours à trois hausses d'un quart de point de pourcentage d'ici la fin de l'année, mais, prévient-il, "toutes les options (sont) sur la table à chaque réunion" de l'institution.
Et "si les données indiquent que les choses ont évolué d'une manière telle qu'un mouvement de 50 points de base est nécessaire ou [serait] approprié, alors je pourrais y réfléchir", a-t-il dit.
Sur la méthode, il soulignait qu'il n'avait aucun problème à s'adapter complètement aux circonstances, avec l'idée de prendre une décision "à chaque réunion", si la situation l'exigeait. Il laissait entendre ainsi qu'il pourrait y avoir une hausse de taux à chacune des sept réunions restant d'ici la fin de l'année.
Contrer l'inflation sans nuire à l'emploi, un casse-tête
En mars 2020, la Fed avait abaissé ses taux directeurs dans une fourchette de 0% à 0,25% dans le but d'atténuer le choc sur l'économie frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19.
La croissance étant depuis repartie de l'avant, la priorité désormais pour la Fed est de ralentir l'inflation, notamment en remontant les taux.
L'équation difficile à laquelle s'attelle la banque centrale américaine, c'est de faire baisser l'inflation qui culmine au plus haut depuis 1982 (+7% en 2021) et la ramener un niveau de 2-2,5% à la fin de l'année... sans peser sur l'emploi.
Un délicat jeu d'équilibriste alors que la croissance risque de refluer en 2022
"L'inflation est trop élevée et les travailleurs de tout le pays s'inquiètent de savoir ce qu'ils pourront payer avec leur salaire", alertait le 13 janvier Lael Brainard, la nouvelle vice-présidente de la Fed.
Pour calmer l'inflation, la Fed doit augmenter les taux tout en continuant à soutenir la croissance pour renforcer un marché de l'emploi qui reste fragile, ce qui passe par une politique monétaire accommodante. Mais comme les perspectives économiques, très optimistes entrevues l'année dernière avec la forte reprise, sont en train de s'atténuer (la Banque mondiale a abaissé sa projection de croissance pour les États-Unis de 5,6% à 3,7% en 2022), l'exercice relève du numéro d'équilibriste.
(avec AFP)
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