BCE : Lagarde veut rassurer les marchés en fermant la porte à la hausse des taux en 2022

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) repousse les spéculations du marché relatives à un resserrement de la politique monétaire de l'institution. Malgré une inflation atteignant 4,1% sur un an en septembre, en zone euro, la BCE devrait maintenir ses taux directeurs inchangés en 2022, alors que ses homologues américaine et britannique envisagent elles une hausse des taux.
Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne.
Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne. (Crédits : POOL)

Alors qu'une hausse des taux directeurs est "envisageable" pour la Fed "d'ici 2022", la Banque centrale européenne (BCE) compte, elle, rester sur sa ligne monétaire accommodante en jugeant "contre-productif" toute hausse des taux en 2022 en zone euro, selon les mots de sa présidente Christine Lagarde ce lundi.

Un resserrement de la politique monétaire de la BCE pour contrer l'inflation pourrait freiner la reprise de la zone euro, a en effet estimé la présidente de la puissante banque centrale.

Pédagogie pour rassurer les marchés

Ce n'est pas la première fois que la présidente de la BCE affirme cette position accommodante alors même que les marchés s'interrogent sur le maintien de cette politique l'an prochain. Le 3 novembre dernier, la responsable avait déjà jugé "très improbable" une hausse des taux directeurs de l'institution en 2022.

Avec un taux d'inflation plus de deux fois supérieur à l'objectif de la BCE, l'institution est sous pression pour s'attaquer à la flambée des prix qui entame le pouvoir d'achat des ménages. Les prix ont augmenté de 4,1% sur un an en septembre et les données pour octobre sont attendues dans l'après-midi. De plus, Christine Lagarde a déclaré que l'inflation sera plus importante et plus longue que prévu - dû notamment à la flambée des prix de l'énergie et des goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement.

Toutefois, "à un moment où le pouvoir d'achat est déjà comprimé par la hausse des factures d'énergie et de carburant, un resserrement excessif des conditions de financement n'est pas souhaitable et constituerait un obstacle injustifié à la reprise", a-t-elle dit lors d'une audition par la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen.

Concernant 2023, Christine Lagarde a indiqué qu'elle ne pouvait pas prendre un engagement similaire.

Enfin, la présidente de l'institution rejoint Geoffroy Roux de Bézieux sur la hausse des salaires et estime qu'elle pourrait s'accélérer. La BCE s'attend à des hausses de salaires "plus élevées en 2022 qu'en 2021", ce qui pourrait nourrir l'inflation plus longtemps. Beaucoup d'entreprises augmenteront les salaires début 2022, a estimé de son côté lundi le président du Medef.

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Une hausse envisageable d'ici fin 2022 aux Etats-Unis

Outre-Atlantique, la Réserve fédérale américaine (Fed) a engagé pour sa part la diminution graduelle de son programme de rachats d'actifs. De plus, l'économie américaine pourrait être prête fin 2022 pour une hausse des taux directeurs, selon un responsable de la banque centrale américaine, qui a toutefois écarté un relèvement à très court terme.

Les "conditions nécessaires pour relever (...) les taux directeurs seront atteintes d'ici la fin de l'année 2022" si l'inflation ralentit et que le chômage recule comme il l'anticipe, a déclaré le 8 novembre Richard Clarida, le vice-président de la Réserve fédérale (Fed), lors d'une conversation en ligne organisée par la Brookings Institution.

Les taux directeurs de la Fed sont situés dans une fourchette de 0 à 0,25% depuis mars 2020. Ils avaient été abaissés à ce niveau alors que la pandémie de Covid-19 commençait à s'étendre aux Etats-Unis, mettant l'activité économique entre parenthèses. Aux Etats-Unis, l'inflation est encore plus impressionnante et a atteint 6,2%, en glissement annuel en octobre, contre 5,4% en septembre, selon l'indice CPI du département du travail.

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Une hausse possible dès décembre en Angleterre

La Banque d'Angleterre (BoE) s'est aussi prononcée récemment et a annoncé le 4 novembre maintenir sa politique monétaire inchangée, prenant à contre-pied le marché avec un taux directeur qui reste à son plus bas historique de 0,1%. Néanmoins, elle a signalé une hausse probablement "nécessaire" dans les mois à venir.

Si l'économie britannique évolue comme ce qui est prévu, "il sera nécessaire dans les mois à venir d'augmenter le taux d'intérêt afin d'atteindre notre objectif d'inflation de 2%", a affirmé la Banque d'Angleterre.

Interrogé lors d'une conférence de presse sur l'échéance possible de ces "prochains mois", le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, a répondu que cela voulait dire "à partir de maintenant", ce qui pourrait alimenter les attentes d'une possible hausse en décembre.

 (Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 16/11/2021 à 9:49
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Elle l'a dit à sa prise de fonction : elle favorise l'emploi au détriment des épargnants qui voient leurs économies rongées par l'inflation et les taux ultra bas servis ( 0.5 % / 1 % )

à écrit le 16/11/2021 à 1:53
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L'inflation va galoper. C'est le mieux pour amortir les deficits.

à écrit le 15/11/2021 à 17:59
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Si les indices INSEE de l'inflation n'étaient pas trafiqués !!! Les minimas suivraient et le smic indexé egalement suivraient ! C'est à dire in fine les salaires ! Mais le but c'est prélever l'impot invisible, ni vu ni connu comme des Burglars dan...

à écrit le 15/11/2021 à 17:43
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elle n'est pas payee pour rassurer les marches, elle est payee pour avoir une politique monetaire compatible avec l'etat de l'economie; et avec 7% de croissance et une inflation a 4%, y a aucune raison d'avoir des taux a zero ( sauf a financer gratui...

à écrit le 15/11/2021 à 17:36
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La force d'une Banque Centrale face aux marchés, c'est d'être imprévisible. Mme Lagarde fait ça très bien, et on n'a pas fini de rigoler.

à écrit le 15/11/2021 à 17:21
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Dans un système asservi à contre-réaction, on sait que si on veut de la stabilité, il faut une contre-réaction rapide, et d'amplitude modérée : Or, c'est tout le contraire que fait Christine Lagarde, elle attend le dernier moment pour réagir, et devr...

le 15/11/2021 à 18:01
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Très bonne image ! Enfin non c'est pas qu'une image...

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