Régionales : Centre Val de Loire, forces et faiblesses du Jardin de la France

ZOOM ECO. Le chômage inférieur de 0,9 point par rapport à la moyenne nationale atteste de la capacité de résilience la région Centre Val de Loire en 2020. La bonne tenue de la plupart de ses indicateurs économiques n’en cache pas moins des failles importantes.
A côté des usines de production de la parfumerie française, comme Guerlain, plusieurs acteurs phares de l’innovation et du traitement de données sont présents dans le Centre Val de Loire, comme Ledger à Vierzon et Worldline à Tours.
A côté des usines de production de la parfumerie française, comme Guerlain, plusieurs acteurs phares de l’innovation et du traitement de données sont présents dans le Centre Val de Loire, comme Ledger à Vierzon et Worldline à Tours. (Crédits : Reuters)

Avec un taux de chômage de 7,1% (pour 8,2 % à l'échelle de l'Hexagone), la collectivité présidée par François Bonneau depuis 2007 tire profit de deux paramètres principaux. Le Centre Val de Loire est d'une part la troisième région industrielle en France en nombre d'emplois. 150.000 salariés sur 980.000 actifs travaillent dans ce secteur, soit 16% du total. Cela représente cinq points de plus qu'au plan national. La diversité des grandes filières du territoire est d'autre part un atout significatif. Comme le met en lumière la crise sanitaire en Occitanie avec l'aéronautique, la spécialisation poussée à l'extrême peut s'avérer source de blocage pour l'économie régionale toute entière.

Au contraire, le Centre Val de Loire est assis sur cinq domaines d'excellence indépendants : la pharmacie, la cosmétique, les sous-traitances aéronautique et automobile, enfin l'agroalimentaire. Les fruits de cette stratégie diversifiée, consolidée par tous les exécutifs régionaux depuis les années 1990, se traduisent par la bonne tenue de deux indicateurs économiques majeurs, malgré une année 2020 fortement chahutée. Avec 20,8 milliards d'euros d'exportation, la balance commerciale du Centre Val de Loire conserve un solde largement positif de 300 millions d'euros.

Autre signal d'optimisme, les indices de la construction ont continué à croître de 10% l'année dernière.

Atouts et handicaps d'un territoire central

Les « experts économiques » qui avaient prédit il y a 20 ans la fin programmée des usines en Europe en sont pour leur frais. Historiquement assis sur un tissu industriel dense, le Centre Val de Loire le renforce avec une politique volontariste de relocalisations, encore accélérée par la crise sanitaire. Une vingtaine d'entreprises ont ainsi rapatrié sur le territoire leur outil industriel, leurs matières premières ou leurs fournisseurs depuis 2019. Tous leviers confondus, François Bonneau, en campagne pour un troisième mandat, annoncera jeudi 3 juin des chiffres flatteurs. 20.000 emplois ont été créées par 11.000 entreprises sous sa mandature avec l'aide des dispositifs régionaux. « Cette dominante industrielle intègre pour autant un revers. Elle se traduit par une moindre qualification des collaborateurs que dans d'autres régions, constate Vincent Bernard, chef du service études et diffusion à l'Insee Centre Val de Loire. Si les offres sont importantes sur les postes d'employés ou d'agents de maîtrise, les secteurs tertiaire et même industriel peinent à recruter des cadres. » Avec un PIB annuel de l'ordre de 27.000 euros par habitant, la région se situe dans la première moitié du classement à l'échelle de l'Hexagone, mais propose des salaires horaires nets inférieurs en moyenne de cinq euros par rapport à l'Ile de France.

La proximité avec la région parisienne, contrainte de desserrer son emprise foncière et économique depuis les années 1960, ainsi que sa qualité de vie, constituent les autres avantages du Centre Val de Loire. Conjuguées avec la bonne qualité des infrastructures autoroutières et ferroviaires, elle ont généré notamment l'arrivée de plusieurs acteurs logistiques de premier plan. Cette attractivité se mesure avec l'arrivée de 55.000 nouveaux habitants chaque année sur le territoire. Le chiffre doit toutefois être pondéré par les expatriations importantes, notamment des jeunes diplômés locaux, vers les grandes agglomérations, Bordeaux, Nantes, Toulouse et Lyon. Ainsi, huit internes en médecine de la Faculté de Tours sur dix partent après leurs études.

Conséquences, la région compte le nombre de praticiens le plus faible de France et la moyenne d'âge des médecins généralistes était l'année dernière de de 55 ans. « Partagé entre Tours et Orléans, le territoire manque d'une métropole de taille nationale pour tirer l'ensemble, reconnaît Harold Huwart, vice-président de la région en charge de l'économie. L'enseignement est un exemple parmi d'autres de cette faiblesse que l'exécutif tente de gommer en encourageant la coopération et la complémentarité entre les deux villes, parfois rivales. » L'environnement naturel et patrimonial de Centre Val de Loire joue aussi un rôle primordial pour attirer les visiteurs grâce à ses châteaux et jardins renommés notamment. Avec près de quatre milliards d'euros de chiffre d'affaires, le tourisme reste un secteur clé pour le territoire et son rayonnement.

Conjointement, la région peine à conserver ses touristes dans la durée. Face à la façade atlantique et à la montagne, le Jardin de la France se situe dans le bas du tableau pour le nombre de nuitées par visiteur. Si l'initiative de la Loire à vélo, lancée en 1995, contribue à fixer localement les vacanciers, d'autres modes de tourisme restent de toute évidence à bâtir pour éviter le déclin à moyen terme, selon Vincent Bernard.

Les enjeux pour l'avenir

« Accompagner les transformations de filières comme l'automobile, qui passera du moteur thermique à l'électrique à moyen terme, constitue l'enjeu majeur d'ici cinq ans, analyse Jean-Louis Garcia, directeur de Dev'up, l'agence de développement économique régionale. Le modèle de l'agriculture, qui doit permettre à la fois de rémunérer correctement ses acteurs et de contribuer à la protection de l'environnement, reste, lui, à créer. » Le rapprochement avec le grand Ouest constitue parallèlement une piste pour permettre au Centre Val de Loire d'impulser une nouvelle dynamique. « Les flux se produisent exclusivement avec l'Ile de France, explique Vincent Bernard. La région, qui ne regarde que vers la région parisienne, aurait pourtant intérêt à diversifier ses échanges, en particulier avec son voisin le plus proche, les Pays de la Loire ».

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