Régionales : l'agroalimentaire veut redorer son blason en Centre Val de Loire

ORLEANS (45). L’une des principales filières industrielles du Centre Val de Loire, l’agroalimentaire est omniprésente dans la campagne électorale des régionales. Au même titre que l’automobile et l’aéronautique, le secteur doit relever plusieurs défis importants d’ici deux ans pour continuer à se développer.
Les Crudettes à Saint Denis de l’Hôtel dans le Loiret, leader français des salades en sachet.
Les Crudettes à Saint Denis de l’Hôtel dans le Loiret, leader français des salades en sachet. (Crédits : Reuters)

Avec 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires généré en 2020,12.000 salariés et plus de 300 entreprises de toutes tailles, l'agroalimentaire constitue en taille la deuxième filière industrielle du Centre Val de Loire, juste derrière la sous-traitance aéronautique. Adossée à un historique agricole fort, la région regroupe ainsi production céréalière et de maraîchage, et élevage. « Cette multiculture est un atout important, explique Thierry Dubois, président de l'Association régionale des entreprises alimentaires (AREA), l'organisation professionnelle du secteur. Elle permet à la fois d'irriguer l'ensemble du territoire et de générer une activité agro-alimentaire diversifiée. »

De fait, tous les secteurs de l'alimentation sont représentés avec de grands acteurs comme Tereos et la sucrerie distillerie d'Artenay (sucre), Axereal (céréales), la Laiterie de Saint Denis de l'Hôtel (laitage, jus de fruits), Saint Michel (biscuits) et Mars Petcare (alimentation animal). Si le Loiret et le Loir et Cher concentrent à eux seuls 50% de cette industrie en Centre Val de Loire, les autres départements accueillent aussi plusieurs fleurons de l'agro-alimentaire comme Barilla (boulangerie) dans l'Indre, Rians (fromage) dans le Cher, et Andros (confitures, jus de fruits) en Eure et Loir.

La proximité de la région parisienne, et ses 12 millions d'habitants, constitue un autre atout de taille pour l'agroalimentaire en Centre Val de Loire qui se positionne de plus en plus comme base arrière de l'Ile de France. Ce contexte économique favorable se traduit notamment par des investissements logistiques à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros par an. Derniers exemples en date, la construction d'une seconde usine à côté du site des sirops Monin à Bourges (18), et la nouvelle siroperie Orangina Suntory France à Donnery (28).

Transformation insuffisante

Si elle crée des emplois, la filière se heurte à une première difficulté sur le territoire : le manque de main d'œuvre qualifiée. « Nous peinons à recruter des techniciens de maintenance ou des pilotes de lignes de production, reconnaît Thierry Dubois. L'encadrement fait également défaut localement. » Pour tenter de pallier cette problématique, qui n'est pas propre à l'agroalimentaire en Centre Val de Loire, l'AREA a mis sur pieds plusieurs cursus rapides diplômants. Des passerelles ont aussi été lancées vis-à-vis des écoles et des universités pour bénéficier sur place d'un gisement de cadres spécialisés.

Second handicap pour la filière agro-alimentaire en Centre Val de Loire, la transformation insuffisante au plan local. Si la région assure 7% de la production agricole française, l'agroalimentaire made in Val de Loire ne pèse que pour 3% dans l'Hexagone. L'importance des cultures céréalières, peu propices à la transformation localement, explique en partie cet écart. Afin d'y remédier, un groupe de travail réunissant chambres d'agriculture et l'AREA doit dresser d'ici la fin de l'année une cartographie précise des producteurs et des transformateurs sur la zone. Objectif, faire mieux coïncider l'offre et la demande, et parvenir d'ici 10 ans à une parité entre production agricole et agroalimentaire. Preuve que le sujet est central, le député LR du département rural de l'Indre, Nicolas Forissier, en a fait l'un des points clés de son programme économique pour les élections régionales.

Startups innovantes

Le dernier challenge à relever pour l'agroalimentaire en Centre Val de Loire consiste à gommer son déficit d'image auprès des consommateurs. Dans un contexte sanitaire qui favorise le fort développement de l'alimentation en circuit court ou provenant de l'agriculture biologique, cette industrie est jugée polluante et ses produits peu naturels. Face à cette défiance, la filière agroalimentaire lancera en 2022 plusieurs campagnes de communication à destination du grand public. L'innovation constitue un second levier pour redorer son blason. A ce titre, le pole Food Val de Loire, basé à Contres dans le Loir-et-Cher, fera grossir son incubateur de startups en endossant la bannière Village by CA à la rentrée de septembre. Ce dispositif piloté par le Crédit agricole permettra notamment d'accélérer la recherche autour de la transformation des aliments. Objectif, la suppression des adjuvants et autres colorants, en adéquation avec le désir des clients.

Un chantier de longue haleine pour Food Val de Loire qui a créé un écosystème autour de l'agroalimentaire 2.0 avec la présence d'une centaine d'entreprises agroalimentaires 2.0. N'Bread, qui propose la réutilisation des fruits et légumes gâtés, Terra Cérès, développeur d'une gamme de pains bio sans gluten, enfin Neogourmet, concepteur de gâteaux sans sucre ajouté, constituent quelques-uns des fleurons à même d'améliorer l'image de la nourriture dite industrielle.

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