Régionales : la Bourgogne-Franche-Comté joue la carte de l’hydrogène

C’est LE sujet qui rassemble l’ensemble des candidats à la présidence de la région : le développement de la filière hydrogène. Précurseur en la matière, la Bourgogne-Franche-Comté mise sur cette nouvelle énergie depuis vingt ans, mais c’est seulement maintenant que les premières recherches commencent à porter leurs fruits.
Depuis 2016, la Bourgogne-Franche-Comté est labellisée « Territoires hydrogène » grâce à plusieurs projets de démonstration d'envergure mettant en œuvre le vecteur énergétique Hydrogène dans les territoires. C'est tout un écosystème entreprises-recherche-formation qui s'est développé autour de cette nouvelle économie, accompagné par les collectivités, les pôles et les clusters liés à la filière, afin d'atteindre l'objectif fixé de devenir un Territoire à Énergie Positive à horizon 2050.
Depuis 2016, la Bourgogne-Franche-Comté est labellisée « Territoires hydrogène » grâce à plusieurs projets de démonstration d'envergure mettant en œuvre le vecteur énergétique Hydrogène dans les territoires. C'est tout un écosystème entreprises-recherche-formation qui s'est développé autour de cette nouvelle économie, accompagné par les collectivités, les pôles et les clusters liés à la filière, afin d'atteindre l'objectif fixé de devenir un Territoire à Énergie Positive à horizon 2050. (Crédits : DR)

Ce n'est pas un hasard si le français McPhy a annoncé en mai dernier sa volonté d'installer à Belfort, d'ici 2024, sa « Gigafactory » (usine géante) d'électrolyseurs, d'une capacité annuelle de 1GW. À la clé : 400 emplois directs sur le territoire.

Depuis 2016, la Bourgogne-Franche-Comté est labellisée « Territoires hydrogène » grâce à plusieurs projets de démonstration d'envergure mettant en œuvre le vecteur énergétique Hydrogène dans les territoires. C'est tout un écosystème entreprises-recherche-formation qui s'est développé autour de cette nouvelle économie, accompagné par les collectivités, les pôles et les clusters liés à la filière, afin d'atteindre l'objectif fixé de devenir un Territoire à Énergie Positive à horizon 2050. « Nous sommes reconnus comme une région pionnière sur cette filière stratégique », souligne Marie-Guite Dufay, présidente de la région. Candidate à sa réélection, elle n'est pas la seule à valoriser l'hydrogène au cours de sa campagne : ses rivaux, quelle que soit leur famille politique - Gilles Platret (LR), Julien Odoul (RN), Denis Thuriot (LREM), Stéphanie Modde (Pôle écologiste), ou Bastien Faudot (la Gauche républicaine) et Claire Rocher (FO) - s'accordent tous sur la nécessité d'investir dans cette technologie. Un consensus qu'on ne retrouve pas localement sur le dossier de l'éolien, par exemple.

Une solution face à la désindustrialisation ?

Fief de Peugeot et d'Alstom, la Bourgogne-Franche-Comté est la première région industrielle de France en termes de poids dans l'emploi (à égalité avec les Pays de la Loire). Toutefois, le temps où 40.000 ouvriers venaient pointer à l'usine Peugeot de Sochaux-Montbéliard est déjà loin. En quelques décennies, l'effectif a dégringolé pour atteindre 7.000 employés. À Belfort, un peu plus au nord, ils sont deux fois moins nombreux à travailler sur le site de General Electric, qui a connu 1.000 suppressions de postes depuis son rachat à Alstom, en 2015.

D'où l'engouement des candidats de tous bords pour cette nouvelle énergie. Mais pas à n'importe quel prix : « L'hydrogène oui. Mais produit à l'énergie verte ! », insiste Stéphanie Modde. Pour l'instant, la filière représente 50 entreprises et près de 500 emplois. La région dispose d'atouts précieux pour assurer la fabrication complète des systèmes à Hydrogène de demain. La présence sur le territoire d'un tissu industriel spécialisé dans la transformation des métaux et des matériaux, et l'expertise en traitement de surfaces permet de déceler un fort potentiel de développement.

Une recherche publique au meilleur niveau international

Dès 1998, des recherches sur la pile à combustible ont été menées par l'université de Franche-Comté. Ce qui lui confère une avance considérable sur ses voisins européens. Plusieurs établissements scientifiques et techniques de pointe participent à ce déploiement : l'Institut Femto-ST qui est le premier laboratoire du CNRS pour l'hydrogène-énergie au niveau national ; le Core Center H2 de Faurecia qui est un centre d'expertise mondial dédié au système de stockage à Hydrogène ; USR FCLAB qui représente une unité de services et de recherche sur la pile à combustible. Enfin, la plateforme pile à combustible de l'UTBM qui est l'un des plus importants équipements publics européens destinée à la recherche, aux essais et au transfert industriel sur la thématique des systèmes Piles à combustible. Deux laboratoires travaillent également sur le sujet : l'ICB sur les procédés métallurgiques, la durabilité, et les matériaux et le Drive de l'ISAT sur le département de recherche en ingénierie des véhicules pour l'environnement.

Une référence européenne du test pour piles et réservoirs

Des centres de tests et d'essais se sont également installés sur la région, tel que Hyban, opérationnel depuis 2019. Il s'agit d'un banc de test industriel de Piles à Combustible de type PEMFC et HT PEMFC, de grande puissance (100-120 kWe). Unique et indispensable pour la mise sur le marché de véhicules « full fuel cell power ». Cet outil enrichit les moyens de test et de validation de la Plateforme Pile à Combustible de Belfort.

Autre projet porté par la société Rougeot Énergie, ISTHY, qui sera le centre français d'essais, de certification et de requalification périodique des réservoirs et composants de la boucle Hydrogène. Il sera aussi un centre de formation et de R&D permettant d'anticiper les évolutions technologiques.

Enfin, Faurecia, acteur majeur de l'industrie automobile, a inauguré en octobre dernier, son centre d'expertise mondial dédié au développement de systèmes de stockage à hydrogène sur son centre de R&D de Bavans, près de Montbéliard. Grâce à apport de 25 millions d'euros, Faurecia entend ainsi investir dans la recherche et le développement de réservoirs à haute pression de nouvelle génération, plus performants et légers, ainsi que dans un centre d'essai de caractérisation de ces réservoirs.

Des collectivités territoriales engagées

À horizon 2030, ce sont 45 bennes à ordures ménagères et 180 bus à hydrogène qui circuleront dans la Métropole dijonnaise, soit le plus ambitieux projet mené en France autour de la filière hydrogène. Celui-ci se déploie sur dix ans, avec, à terme, le remplacement des véhicules lourds de la collectivité roulant au gaz ou hybrides en véhicules à hydrogène. « Ce n'est pas un démonstrateur, ni un prototype mais le premier projet en France qui s'engage jusqu'au stade industriel, avec des enjeux de disponibilité nécessaire. Il faut que l'hydrogène fonctionne pour assurer la continuité de service », assure Nicolas Aumar, directeur de Rougeot Énergie, créateur d'écosystème hydrogène et partenaire majeur de Dijon Métropole dans ce projet.

À Auxerre, en plus de ces TER, tout un écosystème autour de l'hydrogène doit être mis en place, conformément à la « feuille de route » régionale. Une station de production multimodale d'hydrogène vert (par électrolyse de l'eau), de stockage et de distribution d'Hydrogène alimentée par des ENR, est destiné à alimenter les futurs TER, ainsi que cinq nouveaux bus à hydrogène qui circuleront dès 2021, puis une dizaine d'utilitaires.

Une filière de démonstration à grande échelle doit être créée à Dole (véhicules pour La Poste, récupération de l'hydrogène industriel, production à partir d'hydro-électricité). Enfin, le nord Franche-Comté mettra à profit de façon transversale les innovations sur la Pile à Combustible, avec l'utilisation d'un bus à Hydrogène à Belfort, avec à terme le remplacement de la flotte urbaine, des bus inter-cités universitaires Belfort-Sévenans-Montbéliard, une station Hydrogène multimodale à Belfort, l'implantation du futur centre européen de certification de l'hydrogène.

Un cursus de master en ingénierie unique en france

Le CMI Hydrogène-Énergie et Efficacité Énergétique, proposé par l'Université de Franche-Comté, forme sur cinq ans aux métiers d'ingénieur en production et gestion de l'énergie. Les étudiants seront des experts dans les domaines de l'efficacité énergétique et des énergies propres, avec une compétence particulière en matière d'Hydrogène-Énergie (production, applications transport et stationnaire...). Une formation d'excellence, très sélective, dont la première promotion est sortie en 2019.

La région a également impulsé un programme d'implantation de solutions complètes Énergie Hydrogène, aussi bien pour le stockage d'énergie que pour la mobilité, au sein de cinq lycées. Objectif : que les lycéens aient une connaissance complète à échelle 1 des technologies de l'Énergie Hydrogène.

Le premier train à hydrogène de France

La région soutient depuis plusieurs années cette filière naissante : 12 millions d'euros d'investissements entre 2016 et 2020, puis 90 millions d'euros annoncés entre 2020 et 2030. En mars 2021, elle a été la première région à officialiser l'achat de TER à hydrogène. « Nous aurons probablement le premier train à hydrogène de France ! », confie Marie-Guite Dufay. Ces trois trains, commandés à Alstom pour 51,9 millions d'euros, doivent être exploités à partir de 2024, sur la ligne reliant Auxerre à Laroche-Migennes, à l'ouest de la région. C'est l'usine Alstom du Creusot, plus au sud, qui fabriquera les bogies de ces nouveaux trains, tandis que le site d'Ornans, dans le Doubs, assemblera les moteurs. Si elle retrouve son siège de présidente, Marie-Guite Dufay aura à cœur de continuer à installer un « terreau fertile » pour cette nouvelle énergie. Pas d'illusion cependant, prévient-elle, il faudra encore du temps pour que cette nouvelle économie débouche sur des emplois en nombre.

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Quelques entreprises de la filière :

Véhicules : Alstom, Arquus, Gaussin, Lamberet, Packmat, Valmétal, etc.

Stockage : Faurecia, Mahytec, Plastic Omnium, Rougeot Energie, Schrader, etc.

Fournisseurs : Avia, Dats 24, EDF (Hynamics), Engie, Gest'Hydrogène, H2SYS, etc.

Composants : Delfingen, Dephis, Presse Étude, Streit, Technitube, etc.

Ingénierie : H2SYS, Justy, etc.

La filière hydrogène en BFC, en quelques chiffres :

50 entreprises

500 emplois

5 laboratoires

1 plateforme de pile à combustible

1 pôle de compétitivité dédié au véhicule du futur

2 clusters liés à la filière

1 formation hydrogène énergie

4 écoles d'ingénieurs liées à la filière

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