Régionales : Loïc Hénaff, l'industriel breton de l'agro passe dans le champ politique

PORTRAIT. Son nom est lié à une marque emblématique de l’agroalimentaire breton. Dirigeant de l’entreprise familiale Jean Hénaff SA, Loïc Hénaff, 49 ans, s’est engagé dans la bataille des Régionales sur la liste du président sortant Loïg Chesnais-Girard (PS). L’entrepreneur vise un poste de conseiller régional mais souhaite contribuer au développement et aux transitions du modèle économique régional.
« Ma candidature sur la liste de Loïg Chesnais-Girard s’inscrit plutôt dans le prolongement de mes engagements au service de la vie du territoire », déclare Loic Hénaff, le patron du groupe industriel Jean Hénaff SA.
« Ma candidature sur la liste de Loïg Chesnais-Girard s’inscrit plutôt dans le prolongement de mes engagements au service de la vie du territoire », déclare Loic Hénaff, le patron du groupe industriel Jean Hénaff SA. (Crédits : S.Hilbert)

Ce premier engagement en politique lui a demandé une longue réflexion. Candidat du pôle Économie sur la liste de Loïg Chesnais-Girard, le président sortant de la Région Bretagne (PS), Loïc Hénaff, 49 ans, inscrit finalement sa décision en continuité avec les choix qui ont marqué sa vie professionnelle et personnelle.

PDG du groupe emblématique de l'agroalimentaire breton Jean Hénaff SA (230 salariés), l'entrepreneur de Pouldreuzic (Finistère) préside aussi depuis 2016 le puissant réseau d'entreprises Produit en Bretagne (480 membres dont 160 de l'agroalimentaire). Il a récemment pris du recul et, jusqu'à l'échéance de son deuxième mandat en février 2022, ne s'exprimera plus au nom de l'association. A titre personnel, Loïc Hénaff est également président du festival Fêtes maritimes de Douarnenez et bénévole à la SNSM.

« J'ai toujours eu un fort engagement associatif dans les domaines du sport, des festivals et de l'économie au travers du réseau d'entreprises que je préside. Je n'ai pas la culture de la politique, ce n'est pas mon univers. Ma candidature sur la liste de Loïg Chesnais-Girard s'inscrit plutôt dans le prolongement de mes engagements au service de la vie du territoire. En créant l'entreprise Hénaff, mon arrière-grand-père voulait apporter un peu de prospérité sur le territoire breton. J'ai fait mienne cette logique », avoue-t-il.

Contribuer en tant que citoyen et acteur économique

Ce qui anime Loïc Hénaff sur le plan régional ? Les questions d'économie, de logistique et de désenclavement de la Bretagne, d'impact carbone des entreprises, de transition écologique.

L'entrepreneur est ainsi à l'origine de la création de Chargeurs pointe de Bretagne, avec les quatre EPCI de l'Ouest-Cornouaille. Ce GIE, financièrement soutenu depuis 10 ans par la Région, permet une mutualisation des expéditions et des transports de 18 entreprises. Adepte des solutions concrètes, Loïc Hénaff croit aussi à la possibilité de concilier transition écologique et industrie.

« La Bretagne a un rôle industriel à jouer. On ne doit pas abandonner cette dimension industrielle car sinon il n'y a plus de création de richesse. La prise en compte des disparités régionales implique qu'on puisse aussi développer une industrie durable à la pointe de la Bretagne. Il faut concilier les deux impératifs. Je ne suis pas un expert en tout, mais je peux épauler, aider à la décision en tant que citoyen », explique-t-il.

Dans cette élection, Loïc Hénaff ne vise pas de poste exécutif, mais souhaite apporter son regard, ses compétences comme conseiller régional.

« Mon entreprise reste ma priorité », annonce celui qui a repris en 2011 le flambeau familial à la tête de l'entreprise connue pour son fameux pâté. « Mais la Région est un bon échelon pour faire avancer certains types de sujets », souligne-t-il.

Relocalisations et empreinte des entreprises

Comme celui de la relocalisation industrielle. Cette thématique fait partie d'un des derniers projets lancés par Loïc Hénaff avec l'équipe de Produit en Bretagne. Leur étude, co-financée avec le Crédit Mutuel Arkéa, le Medef Bretagne et la Région Bretagne, sert aujourd'hui de base de réflexion aux collectivités et aux candidats aux élections régionales.

« Outre un secteur agri-agro, qui doit tendre vers l'objectif du bien manger, l'économie bretonne est tirée par d'autres locomotives. Le secteur maritime, la pêche, l'électronique, le tourisme ont aussi devant eux différents défis, comme ceux des énergies marines ou du tourisme durable », analyse Loïc Hénaff. « Dans l'industrie, le potentiel des relocalisations (62.000 postes) est réel, dans la sous-traitance aéronautique, les plastiques, l'équipement agroalimentaire, par exemple. La Bretagne achète des biens qu'elle pourrait produire », remarque-t-il.

Pour l'entrepreneur, le Conseil régional a le pouvoir de rendre certaines conditions favorables. Aux entreprises aussi de s'approprier les opportunités. Au sein de son propre groupe, le patron d'Hénaff n'entrevoit pas de potentiel de relocalisation, mais il mesure les défis qui attendent le secteur agroalimentaire breton.

Fort de trente-deux objectifs, le manifeste Be Good 2030 du groupe Hénaff ouvre la voie des transitions et de l'alimentation durable et porte l'ambition d'atteindre un impact positif sous 10 ans. Cette stratégie passe notamment par une hausse significative de l'activité bio (10% actuellement), en charcuterie et via l'activité algues de la filiale GlobeXplore. Hénaff fait aussi le choix de l'achat local (76% de Bretagne, 84% de France).

« Pour avancer, il faut comprendre. Nous avons mesuré cette année l'empreinte sociale, économique et carbone du groupe. Cela ouvre des perspectives et des pistes de réflexion, en matière d'intérim par exemple, après une année 2020 éprouvante et mobilisée sur le maintien de l'activité et la santé des salariés », ajoute le dirigeant.

Hausse des prix des matières premières et matériaux bio-sourcés

Dans un contexte de hausse des coûts (dont 75.000 euros de coût sanitaire), le chiffre d'affaires 2020 du groupe (autour de 45 millions d'euros) a légèrement progressé malgré une forte baisse de l'international et de l'activité algues en restauration.

Si 2021 commence à dégager un peu de visibilité, portée par la fin de l'activité partielle des salariés, la reprise est contrariée par la flambée des prix du porc et des matières premières (énergie, emballages, carton-papier), en hausse de 10 à 15%.

« Ce contexte motive à poursuivre les mutualisations (comme dans les transports) et à regarder du côté des emballages bio-sourcés. Si demain, une solution bretonne émergeait, on l'étudierait de près », assure le patron-candidat.

Chesnais-Girard : homme de consensus et d'action

Au sein de Produit en Bretagne et des milieux économiques, le passage de Loïc Hénaff dans le champ de l'action politique a semé un certain trouble. D'autres candidats y voient, pour leur part, le poids du lobby agroalimentaire sur les élections régionales, alors que la transition du modèle breton ressort comme un sujet de fond.

Serein, le chef d'entreprise se dit apolitique et déclare vouloir simplement contribuer au développement et à l'attractivité de la Bretagne. Il assume son engagement auprès de Loïg Chesnais-Girard.

« En tant que président de région, il fait un très bon travail, ce serait une chance qu'il poursuive. C'est un gros bosseur, il sait écouter et trouver les consensus qui permettent de faire avancer les choses. Ce mode de fonctionnement me plaît bien. Sa liste associe des personnes d'horizons divers, y compris des acteurs économiques, c'est plutôt une bonne initiative », juge Loïc Hénaff.

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Commentaires 3
à écrit le 10/06/2021 à 21:29
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Encore un héritier fauché qui a beaucoup de temps devant lui pour faire fortune en politique...

à écrit le 09/06/2021 à 15:12
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Espérons que mr Hénaff s'occupe d'abord des Bretons, du retour de Nantes au bercail, militer pour notre culture et des cours de Galo. C'est traumatisant pour des gens comme moi, avec des morts pour la France, de très lointains ancêtres avoir partic...

à écrit le 09/06/2021 à 9:58
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Rien de neuf vu que l'agro-industrie est systémique nos politiciens étant tous agro-industriels compatbles et inversement.

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