Le microcrédit, la nouvelle arme anti-chômage ?

Malgré la crise, 70% des micro-entreprises financées par l’Adie (association pour le droit à l’initiative économique) sont encore sur pied deux ans après leur création, et 58% sont toujours en activité trois ans plus tard.
Christine Lejoux
L'Adie apporte jusqu'à 10.000 euros aux personnes exclues du système bancaire classique et qui souhaitent créer leur entreprise. REUTERS.

Pour sortir du chômage, nombre de personnes sont tentées par la création d'entreprise. Mais comment monter sa boîte lorsque les banques refusent de vous prêter ne serait-ce que 3.000 euros ? C'est à cette population tout à la fois exclue du marché du travail et du système bancaire classique que s'adresse l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie).

Fondée en 1989 par Maria Nowak, et aujourd'hui présidée par Catherine Barbaroux - qui fut déléguée à l'emploi et à la formation professionnelle au ministère du Travail, de 1999 à 2005 -, l'Adie apporte à ces aspirants entrepreneurs des microcrédits jusqu'à 10.000 euros pour leur permettre de démarrer leur activité.

 70% des entreprises financées par l'Adie existent toujours 2 ans après leur création

 Une activité qui tient relativement bien la route, malgré la crise économique, d'après une enquête menée du 22 avril au 7 mai par l'institut CSA auprès de 1.304 entrepreneurs financés par des microcrédits de l'Adie. En effet, 70% de ces micro-sociétés nées entre le 1er octobre 2009 et le 30 septembre 2011 sont encore en activité deux ans après leur lancement, et 58% continuent à tourner trois ans après leur création. Des chiffres équivalents, au pourcentage près, à la moyenne nationale pour l'ensemble des entreprises individuelles.

Et, quand bien même la société met la clé sous la porte, la situation ne vire pas forcément au drame pour son fondateur : "Si 84% de nos clients sont aujourd'hui en situation d'emploi, contre 79% en 2010 [date de la précédente enquête de l'Adie ; Ndlr], c'est parce que la part de ceux qui ont retrouvé du travail après avoir dû fermer leur entreprise augmente", indique Thierry Racaud, directeur des études de l'Adie.

 Le régime de l'auto-entrepreneur concerne 59% des clients de l'Adie

 Certes, les micro-entrepreneurs accompagnés par l'Adie n'ont pas traversé la crise sans éraflures. Ainsi, ils ne créent plus aujourd'hui que 1,26 emploi en moyenne, contre 1,38 il y a trois ans. Et ils ne sont plus que 29% à oser embaucher des salariés dès le démarrage de leur activité, contre 47% en 2010. Une prudence peut-être excessive, au regard de l'évolution de leur chiffre d'affaires, qui a grimpé de 19% en moyenne depuis 2010, pour s'élever à 32.300 euros en 2013. Un montant qui atteint même 37.000 euros dans le secteur des services.

 Revers de la médaille, ce succès pourrait évincer nombre de micro-entreprises du régime fiscalement avantageux de l'auto-entrepreneur, dans le cadre du projet de loi présenté le 21 août par Sylvia Pinel, la ministre de l'Artisanat. Pour la simple raison que ce texte, qui sera débattu par le Parlement en janvier 2014, envisage d'abaisser les seuils de chiffre d'affaires à partir duquel les entreprises doivent sortir du régime de l'auto-entrepreneur, de 32.600 euros à 19.000 euros pour les sociétés de services, et de 81.500 euros à 47.500 euros pour le commerce. "Le régime de l'auto-entrepreneur est vraiment important pour nos clients car il concerne 59% d'entre eux", plaide Catherine Barbaroux.

 Le budget de fonctionnement de l'Adie s'élève à 25 millions d'euros

 Dans la "liste au père Noël" de cette dernière figure également le souhait d'une "structure de financement plus pérenne", les subventions publiques se faisant plus rares. Or celles-ci constituent les trois quarts environ du budget de fonctionnement de l'Adie, lequel se monte à 25 millions d'euros. Catherine Barbaroux nourrit quelque espoir auprès de Bpifrance - la Banque publique d'investissement -, qui s'est engagée à apporter 500 millions d'euros à l'économie sociale et solidaire.

"Bpifrance a un rôle à jouer", confirme Olivier Pastré, professeur d'économie à l'Université de Paris VIII, pour qui "la demande de microcrédits va aller croissant, 2014 devant être une nouvelle année cataclysmique sur le front de l'emploi et la multiplication des réglementations auxquelles les banques sont soumises décourageant celles-ci de prêter."

Christine Lejoux

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