Capital-investissement, la crise, quelle crise ?

Les fonds de capital-investissement ont levé 431 milliards de dollars auprès d’investisseurs, en 2013, selon le cabinet Preqin. Du jamais vu depuis la crise financière de 2008.
Christine Lejoux
Le private equity a versé 120 milliards de dollars à ses investisseurs, en 2013, un record, selon Cambridge Associates. REUTERS.
Le private equity a versé 120 milliards de dollars à ses investisseurs, en 2013, un record, selon Cambridge Associates. REUTERS. (Crédits : Reuters)

2013 aura été une année record pour le capital-investissement. L'an dernier, les sociétés de private equity - qui placent dans des entreprises non cotées l'argent confié par des investisseurs institutionnels - ont levé 431 milliards de dollars auprès de fonds de pension, de gestionnaires de fortunes familiales (family offices), de fonds souverains et autres "zinzins", à l'échelle mondiale, selon le cabinet Preqin.

 Non seulement ce montant est en hausse de 13% par rapport à 2012, mais il représente également un record depuis la crise financière de 2008, année au cours de laquelle les fonds de capital-investissement avaient levé 688 milliards de dollars. Et l'année 2014 semble s'annoncer sous de bons auspices, à en juger par la colossale levée de fonds de 18 milliards de dollars annoncée début janvier par Apollo, du jamais vu pour ce grand nom du private equity aux Etats-Unis.

 Le private equity a versé 120 milliards de dollars à ses investisseurs, en 2013

 Si les "zinzins" ont de nouveau foi dans cette classe d'actifs qu'est le private equity, c'est notamment parce que les fonds de capital-investissement ont redistribué quelque 120 milliards de dollars à leurs Limited Partners (LPs, souscripteurs des fonds), en 2013, d'après Cambridge Associates, une société de conseil aux investisseurs. Un record historique, là encore.

 Il faut dire que l'excellente année boursière 2013, avec un bond de 26% du S&P 500 américain et un indice Dow Jones Euro Stoxx 50 en hausse de 18%, a permis aux fonds de capital-investissement de céder des participations dans de très bonnes conditions. L'une des meilleures illustrations en la matière étant la plus-value de près de 10 milliards de dollars engrangée par le géant américain Blackstone dans le cadre de la (re)mise en Bourse du groupe hôtelier Hilton, en décembre.

 Valorisations, dette... Attention à ne pas répliquer les excès passés

 "Que les fonds levés par le capital-investissement soient en augmentation constitue certes une bonne nouvelle, mais il ne s'agit que d'un critère parmi d'autres. Il faut ensuite trouver des investissements créateurs de valeur, et éviter les excès commis dans le passé, qui ont pu conduire, parfois, à surpayer des acquisitions et à les financer avec un effet de levier trop important »,

 nuance Guillaume Jacqueau, président d'Equistone Partners Europe (ex Barclays Private Equity). Qui reconnaît cependant que, sur le papier, les fondamentaux du capital-investissement sont encourageants, à l'heure actuelle :

 "Le marché du private equity est en bonne posture, compte tenu des problématiques de succession que nombre d'entreprises familiales doivent régler, du recentrage de certains groupes sur leur cœur de métier, ce qui les conduit à céder des actifs non stratégiques, et de sources de financement plus nombreuses qu'il y a quelques années. Sans oublier les fonds qui ont besoin de vendre les participations qu'ils détiennent depuis longtemps."

 Les investisseurs plébiscitent à nouveau l'Europe

 Et, s'il y a une région qui recèle de belles opportunités d'investissement, c'est l'Europe, à en croire les investisseurs institutionnels sondés par Preqin. De fait, 59 % des LPs interrogés par le bureau de recherches estiment que c'est l'Europe qui présente aujourd'hui les meilleures opportunités d'investissement pour le private equity. Ils sont 54% "seulement" à préférer l'Amérique du Nord et, surtout, il n'y a plus que 22% des LPs qui privilégient l'Asie. Il est vrai que les marchés émergents se sont avérés être une source de désillusions pour nombre de fonds de capital-investissement, au lieu de l'eldorado rêvé.

 A l'inverse, deux ans environ après la crise des dettes souveraines, "les investisseurs, notamment américains, ne nourrissent plus vraiment de craintes au sujet de la zone euro", confirme Guillaume Jacqueau, chez Equistone Partners Europe, qui avait d'ailleurs réussi, début 2013, à boucler le "closing" d'un fonds de 1,5 milliard d'euros, entièrement dédié à l'Europe. D'ailleurs, si les fonds de private equity américains se sont taillé la part du lion en 2013, en matière de levées de fonds, avec 266 milliards de dollars récoltés, les fonds européens ne sont pas en reste, qui ont levé 104 milliards de dollars, soit près du quart du total de 431 milliards.

 

Christine Lejoux

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 01/02/2014 à 11:13
Signaler
La bourse ne finance en réalité pas grand chose. Elle sert surtout à ratisser l'épargne des petits porteurs qui croient au père noel. Les transactions sérieuses sont faites en shadow-banking, réservé aux initiés. C'est quand les cours sont au plus ba...

à écrit le 01/02/2014 à 10:37
Signaler
Il faut se méfier des montants "globaux": une très grosse opération ou une opération de "fonds de fonds" peut donner de fausses impressions...

à écrit le 01/02/2014 à 10:26
Signaler
Citoyen a raison. Ces fonds disent-ils clairement à leurs déposants ce qu'ils font et les zins-zins aux déposants confiants des banques ? Quel "mix"contiennent leurs produits ? Pourquoi les banques se défaussent-elles du financement de l'économie sur...

à écrit le 31/01/2014 à 23:21
Signaler
Ça fait peur !!! Froid dans le dos... De lire ce genre de trucs. La bourse et ses financements sont la perte de notre société .

le 03/02/2014 à 18:29
Signaler
Erreur, la perte de notre société ce sont les branleurs qui ne produisent rien (à part des portées de chômeurs). Les financiers, spéculateurs, quelque soit le terme employé ne sont que des commerciaux. Ils investissent dans des valeurs pour en tirer ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.