Amende de 2 milliards de dollars pour Wells Fargo, dix ans après la crise des subprimes

La troisième banque des Etats-Unis va devoir s’acquitter d’une amende de 2,09 milliards de dollars pour avoir communiqué des informations trompeuses sur la qualité de prêts immobiliers risqués, dans les années précédant la crise financière de 2008 des , les “subprimes”.
La banque américaine, qui octroie près d'un crédit immobilier sur cinq aux Etats-Unis, a négocié une amende de 2,09 milliards de dollars pour avoir accordé des prêts douteux.
La banque américaine, qui octroie près d'un crédit immobilier sur cinq aux Etats-Unis, a négocié une amende de 2,09 milliards de dollars pour avoir accordé des prêts douteux. (Crédits : Rick Wilking)

Wells Fargo voulait définitivement tourner la page. Dix ans après la crise des subprimes, la banque californienne a accepté de régler une amende de 2,09 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros) mettant fin à l'enquête sur ses pratiques commerciales condamnables. Dans un communiqué  publié mercredi 1er août 2018, les autorités américaines reprochent à Wells Fargo le montage et la vente de crédits immobiliers dont les dossiers contenaient des informations erronées et  qui ne présentaient pas les critères de qualité avancés par la banque.

Les prêts en question remontent à 2005 et jusqu'à 2007, soit juste avant l'éclatement de la crise des subprimes. Il s'agit de crédits immobiliers à risques titrisés (RMBS pour residential mortgage-backed securities en anglais), car consentis à des ménages dont la capacité de remboursement n'était pas garantie, et dont les taux d'intérêt sont, en contrepartie, très élevés.

"Les abus dans l'industrie des produits financiers adossés à des prêts immobiliers ont conduit à la plus grande crise financière ayant ruiné des millions d'Américains", fustige Alex G. Tse, procureur fédéral en Californie. "Le règlement intervenu aujourd'hui tient Wells Fargo pour responsable du montage et de la vente de dizaines de milliers de prêts qui furent titrisés et qui firent ultérieurement défaut".

Les autorités américaines ont également soulevé qu'en 2005, Wells Fargo aurait assoupli ses critères d'exigence que les clients doivent remplir pour contracter les prêts afin d'accélérer ses ventes. Selon le département de la Justice, ces pratiques douteuses ont généré "des milliards de dollars de pertes" pour les investisseurs. Pour évaluer l'intégrité de son volume croissant de prêts, Wells Fargo a soumis un échantillon de ces prêts à des tests.

"Ces tests ont révélé que plus de 70% des prêts analysés de Wells Fargo présentaient un écart "inacceptable" entre le revenu déclaré et les informations que révèlent les impôts payés par l'emprunteur" a précisé le ministère de la Justice dans son communiqué.

Des sanctions en chaîne

Même si la banque a déclaré que cette amende avait déjà été provisionnée dans ses comptes, elle n'a pas pour autant admis sa culpabilité.

"Nous sommes heureux de mettre derrière nous les problèmes juridiques liés aux RMBS survenus il y a plus de dix ans", a déclaré Tim Sloan, le PDG de Wells Fargo.

Le marché a d'ailleurs semblé rassuré : l'action Wells Fargo progresse légèrement en début de séance à Wall Street ce jeudi.

Cette sanction n'est pas la première qu'a écopé Wells Fargo, puisque trois mois plus tôt, en avril 2018, la banque avait dû payer un milliard de dollars pour des pratiques commerciales illicites, dont des primes d'assurance automobile superflues. L'ouverture de près de 3,5 millions de comptes fictifs a aussi coûté 185 millions de dollars en 2017 à ce qui était considéré auparavant comme la banque américaine la mieux gérée, à la suite de quoi 5.300 salariés ont été licenciés.

Les autres banques n'y ont pas échappé

Dix ans après la plus grosse crise financière depuis la Grande Dépression de 1929, les autorités financières cherchent toujours à sanctionner les responsables. En effet, Wells Fargo n'est pas la première banque à se faire épingler. La britannique Barclays a écopé d'une amende de 2 milliards d'euros en mars dernier, fin 2016 Deutsche Bank a accepté de payer 7,2 milliards de dollars pour éviter plus de poursuites. L'amende est même montée jusqu'à 40 milliards de dollars au total pour quatre banques américaines (JP Morgan Chase, Citigroup, Morgan Stanley, Bank of America) pour solder les poursuites liées à ces subprimes.

En rendant cette décision, le ministère de la Justice souligne le rôle que la banque, qui octroie près d'un crédit immobilier sur cinq aux Etats-Unis, a joué dans la catastrophe financière de 2008.

"Cette décision rend Wells Fargo responsable pour des faits qui ont contribué à la crise financière", a déclaré le procureur général adjoint par intérim Jesse Panuccio. "Elle envoie un signal fort montrant que le ministère s'engage à protéger l'économie américaine et les marchés financiers contre la fraude."

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Commentaires 3
à écrit le 03/08/2018 à 8:59
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Pendants que les européens font des courbettes et des ronds de chapeaux aux actionnaires milliardaires qui ont cuasé la crise de 2008, les états unis leurs prennent leurs milliards. Minables dirigeants politiques européens alcooliques et corrompu...

à écrit le 02/08/2018 à 17:47
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Mais qu'attendent les européens pour se servir sur les banques américaines ?

à écrit le 02/08/2018 à 16:45
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" la Justice souligne le rôle que la banque, qui octroie près d'un crédit immobilier sur cinq aux Etats-Unis, a joué dans la catastrophe financière de 2008." Malheureusement ,ceux qui ont été ruiné ne verront pas la couleur de cette amende.

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