"En santé, la réglementation à tout-va montre ses limites"

Pour Stéphane Junique, président de Harmonie Mutuelle, vice président de la Fédération nationale de la mutualité française, il faut mettre fin à l'approche de Marisol Touraine réglementant la santé à outrance. L'avenir est à une plus grande liberté laissée aux intervenants, et à une labellisation des acteurs privilégiant les pratiques solidaires
Stéphane Junique, président de Harmonie Mutuelle, vice président de la Fédération nationale de la mutualité française

La mutualité va débattre le 21 février avec les candidats à la présidentielle. Quel est l'objectif de cette journée ?

Nous attendons bien sûr les propositions, mais la question posée, je pense, est celle de notre capacité collective -pouvoirs publics, mutuelles, professionnels de santé- à garantir un modèle solidaire. Les débats devraient s'articuler autour de l'idée de l'égalité de la prise en charge de la maladie. L'objectif doit être une prise en charge égale pour tous.

Notre modèle social est à conforter, et la mutualité a un rôle essentiel à jouer à cet égard.

 Le débat actuel porte notamment sur le rôle des mutuelles par rapport à la sécurité sociale, sur leur coût de gestion. Certains -Martin Hirsch- veulent remettre en cause ce dualisme, d'autres -Emmanuel Macron- promettent un remboursement beaucoup plus large de la part de la sécu, laissant moins de place aux mutuelles... Comment vous situez vous dans ce débat ?

Certains veulent effectivement opposer les acteurs. La sécurité sociale contre les mutuelles, les opérateurs publics contre les privés... Je ne crois pas que ce soit la bonne approche. Il faut considérer les mouvements de fond, le vieillissement, les techniques médicales innovantes ; et si l'on attache à envisager ces tendances lourdes, on perçoit tout de suite que notre système a besoin de tous ses acteurs.

Un des sujets majeurs, c'est celui des reste à charge trop importants pour les patients. Pense-t-on qu'une sécurité sociale universelle, excluant les mutuelles, pourrait le traiter ? Nous avons devant nous l'exemple du régime de l'Alsace Moselle, avec une sécu universelle. Or que voyons-nous dans cette région ? Notamment des dépassements d'honoraires importants, non pris en charge par ce régime et donc un fonctionnement au détriment des patients. Autre exemple : tout le monde a en tête le régime des ALD (Affection de longue durée), dans lequel la sécurité sociale rembourse à 100%. Mais sait-on assez que le reste à charge moyen par personne atteint 750 euros par an pour les malades couverts par ce régime qui rembourse, théoriquement, parfaitement ?

15% des Français renoncent à des soins pour des raisons de coûts, cette situation est inacceptable. Le bilan est donc sévère. Le partenariat entre les différents acteurs est à refonder.

Il est vain d'opposer la Sécurité sociale et les mutuelles, nous devrions mieux coordonner les interventions des régimes obligatoires et des acteurs complémentaires. Notre action s'inscrit dans le prolongement de la solidarité nationale. C'est pourquoi, nous voulons jouer à l'avenir un rôle plus actif encore dans la gestion du risque, dans l'organisation de l'offre de soins et des parcours des patients.

 Que proposez-vous ?

L'approche technico-économique des politiques de santé, qui passe par une règlementation à tout va, montre ses limites. Les contrats responsables n'ont pas atteint leur objectif. La logique de plafonnement des remboursements ne fonctionne pas, les malades le voient bien, qui in fine paient la facture. Il faut donc que les pouvoirs publics cessent d'intervenir dans la définition de notre économie, et nous fassent confiance.

Je crois que la bonne approche au cours du prochain quinquennat devrait consister non pas à définir précisément les prises en charge, à règlementer toujours plus, comme on l'a fait ces dernières années, mais à valoriser les acteurs développant les bonnes pratiques. Pourquoi ne pas envisager une labellisation de la prise en charge des complémentaires santé ? Plutôt que de sur-réglementer les offres et les garanties, qui limitent fortement les capacités de régulation et d'innovation des mutuelles, la labellisation des organismes permettrait de favoriser les pratiques transparentes et solidaires mais surtout de reconnaitre les acteurs qui participent au quotidien à des missions d'intérêt général en matière de prévention, de régulation des dépenses de santé et d'offre de soins et de services.

 Qui s'en chargerait ?

Pourquoi pas les représentants des patients, les professionnels de santé, les pouvoirs publics... Cette labellisation permettrait de mettre en valeur les actions en faveur d'une plus grande solidarité, de distinguer ceux qui poursuivent des objectifs sociaux des autres.

-Il y aurait d'un côté les mutuelles solidaires, et de l'autre les assureurs montrés du doigt ?

Quand certains excluent de la complémentaire santé les plus de 65 ans, les mutuelles n'acceptent jamais ces pratiques peu solidaires...

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Commentaires 3
à écrit le 20/02/2017 à 19:38
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SOLIDARITÉ ! C'est certainement par solidarité que Harmonie Mutuelle est devenu sous-traitant de Prévadiès, qui était sous-traitant du consternant RSI. On tremble à l'idée de ce que cela lui a coûté ! Remarque : les plus-de-65-ans, qui n'ont plus...

à écrit le 20/02/2017 à 19:08
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Langue de bois d'une essence exceptionnelle !

à écrit le 20/02/2017 à 14:44
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Oui à la labellisation si on fait comme en nouvelle Zélande avec un organisme de contrôle vraiment "indépendant" avec pouvoir de mettre des amendes .... (TOLÉRANCE ZERO...) Sinon, c'est pour faire comme si ... Je mets clairement en doute la "capaci...

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