L’assureur mutualiste MAIF met le cap sur les trentenaires

Dans le cadre de son nouveau plan stratégique, MAIF entend devenir l’assureur préféré des trentenaires, ce qui suppose de nouveaux parcours clients et de nouvelles offres. L’assureur n’exclut d'ailleurs pas des opérations de croissance externe, au-delà de son domaine de l'assurance.
L'assureur mutualiste devrait connaître un recul de son résultat net en 2022 à environ 100 millions d'euros.
L'assureur mutualiste devrait connaître un recul de son résultat net en 2022 à environ 100 millions d'euros. (Crédits : MAIF)

« C'est le moment d'être ambitieux face aux défis qui nous attendent », a lancé Pascal Demurger, directeur général de la MAIF, lors d'une conférence de présentation du nouveau plan stratégique 2023-2026 de l'assureur mutualiste.

Il faut reconnaître que les défis sont nombreux dans le secteur de l'assurance, avec un coût de l'assurance qui explose, « à la limite du supportable » selon Pascal Demurger, lié à la hausse de la fréquence des sinistres, de l'inflation et d'un environnement macroéconomique incertain, une transformation parfois rapide des usages de l'assurance. Dans la gestion de ses effectifs, la MAIF est confrontée à la nécessité de redonner un sens au travail sur un marché de l'emploi très tendu.

Un monde du travail désabusé

« Il est frappant de voir que c'est dans un contexte où les entreprises ont du mal à rendre attractif le travail, où le travail n'est plus au centre des aspirations des gens que se greffe un projet visant à augmenter la durée du travail », s'est interrogé Pascal Dumerger en réponse à une question sur la réforme des retraites. En tout cas, la question de l'attractivité au travail et la lutte contre la « grande démission » dans un monde du travail désabusé est l'une des préoccupations stratégiques pour la MAIF.

Le statut d'entreprise à mission, mais aussi le versement du dividende écologique, c'est-à-dire la mobilisation chaque année de 10 % du résultat net (soit de 10 à 15 millions, selon les années) à des actions de prévention ou à des programmes de biodiversité, doivent servir d'arguments pour attirer et fidéliser les talents.

L'effort peut paraître modeste par rapport au taux de redistribution de 50% aux actionnaires des assureurs cotés. Mais, le mutualiste aime à rappeler que sa philosophie reste de privilégier le sociétaire aux profits,et de revendiquer, sur 10 ans, une augmentations des tarifs qui a été de 25 % inférieure à la moyenne du secteur.

Rajeunir le portefeuille

Cette stratégie vise aussi à conquérir de nouvelles clientèles car la MAIF entend rajeunir son portefeuille de clients, et devenir « l'assureur préféré des trentenaires ». L'assureur dispose  d'une bonne image, largement héritée de son statut d'assureur des enseignants et de son opération en 2020 de retour aux sociétaires de 100 millions d'euros de primes auto pendant le confinement. L'assureur figure d'ailleurs depuis quelques années à la première place de la relation client, tous secteurs confondus en 2022.

Mais il devra investir dans de nouvelles offres (notamment pour les indépendants), avec des parcours clients efficaces. « La cible des trentenaires nous impose le standard le plus élevé », estime Pascal Demurger. Pour l'heure, un quart du portefeuille a moins de 30 ans et 40% des entrants sont des trentenaires.

L'assureur a les moyens de ses ambitions, avec 4 millions de sociétaires (+200.000 en moyenne par an), un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros (+25%) et des fonds propres qui ont doublé en dix ans à 3,5 milliards d'euros. Mais cette année, sans surprise, le résultat net devrait afficher un net recul, à environ 100 millions d'euros après un exercice éprouvant pour l'assurance dommages. En 2022, le ratio combiné (les sinistres rapportés aux primes) devrait dépasser les 100% et la MAIF se fixe comme objectif un ratio d'exploitation inférieur à 30% d'ici 2026.

Recapitalisation de 140 millions de SMACL

Enfin, l'assureur mutualiste compte « repousser » ses frontières, c'est-à-dire explorer la diversification dans l'assurance, mais aussi dans des services connexes à l'assurance, comme la santé. Cela peut passer par des partenariats, à l'image de ce qui se développe déjà (doucement) avec AG2R, mais aussi par des opérations de croissance externe, à l'image de la prise de participation de 82% dans le e-commerçant Camif.

La MAIF a également poussé ses pions dans l'univers de l'assurance aux collectivités locales, avec la prise de contrôle à 70% de la SMACL, un des poids lourds sur ce segment. La facture s'annonce sans doute plus lourde que prévu. Cette filiale, certes acquise au prix de son actif net, vient d'être recapitalisée à hauteur de 140 millions pour couvrir les pertes de 2022. La MAIF lui impose ainsi un nettoyage en règle du portefeuille (hausse de tarifs, souscriptions plus sélectives) avec un objectif de retour à la profitabilité dès 2024-2025.

L'assureur a également été approché sur le dossier Orpéa, ce groupe de maisons de retraite au cœur d'un scandale, en quête de nouveaux financements sous la houlette de la Caisse des dépôts. Mais sur ce sujet, la MAIF ne fera «pas de commentaire».

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Commentaire 1
à écrit le 23/01/2023 à 19:35
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un assureur, c'est un gars qui t'assures tous les sinistres, jusqu'au jour ou ils se materialisent, et ou on t'explique que t'es juste a cote de la bonne case pour etre indemnise! pas loin, mais juste a cote quand meme

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