"Stress test" à la pékinoise

Les banques chinoises pourraient-elles encaisser le choc d'une chute des prix de l'immobilier de 50%? C'est ce scénario que Pékin entend imposer aux établissements du pays pour vérifier leur résistance à un éventuel krach.

Les établissements bancaires chinois vont devoir se livrer à un exercice périlleux. Le régulateur bancaire chinois leur a imposé de réaliser des "stress tests" pour évaluer leur résistance à une chute brutale des prix des logements dans les plus grandes villes du pays. Selon plusieurs sources concordantes, ces tests de résistance porteraient sur les effets d'une baisse de prix de 50%.

La Commission de régulation bancaire demande également aux banques de cesser leurs prêts hypothécaires aux personnes achetant un troisième logement à Pékin, Shanghai, Shenzhen et Hangzhou. Cette nouvelle preuve de la volonté de Pékin de combattre la spéculation foncière intervient alors que les prix des appartements dans les principales agglomérations chinoises ont atteint des niveaux records, rendant presqu'impossible l'accession à la propriété pour les locataires.

Le gouvernement craint que la flambée des prix de l'immobilier ne soit auto-entretenue. "C'est un signal fort que le gouvernement essaie de donner, en montrant qu'il est tout à fait déterminé à garder les prix de l'immobilier sous contrôle, même s'il est très improbable qu'il décide de mesures restrictives à court terme", explique David Ng, analyste immobilier chez RBS à Hong Kong.

Un précédent test avait permis de montrer que les banques pouvaient résister à une baisse des prix de 30% dans l'immobilier

Un précédent test de résistance avait montré que les banques chinoises pourraient passer au travers d'une chute de 30% des prix de l'immobilier sans subir de fortes augmentations de leur ratio de créances douteuses.

Par ailleurs, les établissements de crédit devront désormais demander à leurs clients un acompte de 60% du prix de la deuxième résidence secondaire qu'ils souhaitent acquérir dans quatre villes du pays, et ne pourront leur proposer que des taux une fois et demie supérieurs au taux directeur de la banque centrale.

Ces nouvelles obligations précisent des instructions ministérielles données en avril, demandant aux banques "d'accroître substantiellement" les acomptes exigés et les taux hypothécaires pour ces acheteurs.

Le Conseil des affaires de l'Etat de la République populaire de Chine a également invité les banques à arrêter de prêter à ces acquéreurs dans les villes où les prix sont trop élevés ou augmentent trop vite, ainsi qu'en cas de pénurie de logements.

Selon des sources proches du dossier, la Banque industrielle et commerciale de Chine, à Shanghai, a déjà cessé cette semaine de proposer des prêts aux acheteurs d'une troisième maison dans cette ville. Presque toutes les banques ont adopté ce même comportement à Pékin, selon les sources interrogées.

Xia Bin, expert auprès de la banque centrale chinoise, a, de son côté, assuré dans un entretien au quotidien China Daily que le frein mis sur le marché de l'immobilier, à la suite de la croissance record des prêts octroyés l'an dernier, avait produit les résultats attendus.

Les prix de l'immobilier dans 70 grandes villes chinoises ont apparemment baissé de 0,1% en juin par rapport à mai, ce qui constitue la première baisse mensuelle depuis février 2009. Les volumes des ventes ont également baissé de façon significative. Selon Xia Bin, l'augmentation de l'imposition des plus-values pourrait être une mesure efficace à court terme pour combattre la spéculation et, plus généralement, il est trop tôt pour que le gouvernement relâche sa politique de crédit.
 

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