Les cadeaux des banques espagnoles pour recruter des clients inquiètent Madrid

Une télévision offerte à l'ouverture d'un compte, rémunéré à des conditions alléchantes... Depuis un an, les banques espagnoles dépensent sans compter pour ravir des clients à leurs concurrents. Mais la banque d'Espagne vient de tirer la sonnette d'alarme et le gouvernement s'apprête à siffler la fin de la partie
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Vu de ce côté des Pyrénées, les pratiques des banques espagnoles ont de quoi surprendre. Certes les Français ont pris l'habitude de faire jouer la concurrence notamment lorsqu''ils achètent un bien immobilier. Mais ils n'imaginent pas un instant qu'on puisse les inciter changer de banques en leur offrant un cadeau dont la valeur dépasse les 500 euros ou en leur promettant de rémunérer leur compte courant à un niveau nettement supérieur à celui du livret A. C'est pourtant devenu pratique courante en Espagne. 

Un Espagnol qui accepterait de quittter sa banque ou, du moins, de faire verser son salaire chez un concurrent peut ainsi se voir proposer un écran plat à la Caixa, un iPad chez Banesto, une console de jeux vidéo chez Santander, un lecteur Blu-ray chez Caja Madrid... Même si elle s'est accentuée récemment, c'est une pratique traditionnelle en Espagne, assure Carmen Ortiz, directrice des relations investisseurs de Banco Popular, 3ème banque cotée du pays : "Cela fait une vingtaine d'années que je travaille dans la banque et j'ai toujours vu ça !"

La Banque d'Espagne estime que ces pratiques pèsent sur les résultats

Ce qui préoccupe les autorités, ce sont les taux d'intérêt astronomiques accordés pour les nouveaux comptes de dépôt : 3,5%, 4%, voire 4,75% en un an. Par opposition, en France ces comptes sont très rarement rémunérés et les banques n'offrent pas de cadeaux à l'ouverture. Cette générosité "a introduit un nouvel élément de pression sur les comptes de résultat des entités de crédit espagnoles", critique la Banque d'Espagne. Le secteur peine déjà à se remettre de l'éclatement fin 2008 de la bulle immobilière, à laquelle il était très exposé.

En outre, les banques "ont commencé à répercuter (...) leur coûts de financement plus élevés" en augmentant les taux de leurs prêts. Banco Popular confirme avoir "transféré" ce surcoût sur ses crédits à court terme aux entreprises, sans regret : "Nous avons capté presque 3 milliards d'euros en comptes de dépôt depuis le début de la guerre l'an passé et nous avons gagné plus de 340.000 nouveaux clients", se réjouit Carmen Ortiz.

Les autres sources de financement se tarissant, l'épargne des particuliers est très recherchée

Surtout, "en trois ans nous avons réduit notre dépendance au marché interbancaire de plus de 15 milliards d'euros". Car c'est de là qu'est née cette bataille commerciale : la tension sur les marchés financiers, inquiets de la solidité de l'économie espagnole, a considérablement renchéri, voir fermé dans certains cas, l'accès des banques au marché interbancaire, leur voie classique de financement.

D'où l'idée de se tourner vers les particuliers. L'avantage, selon Manuel Romera, directeur du secteur financier à l'IE Business School ? "Diversifier le portefeuille", alors qu'"en empruntant sur le marché interbancaire, elles ne dépendent que d'un petit nombre d'acteurs", qui imposent donc leurs conditions.

Mais "dans cette fuite en avant, les banques paient pour les comptes de dépôts des taux d'intérêt plus élevés que ceux qu'elles touchent pour les crédits, donc au final, elles perdent", surtout --et c'est le cas de nombre d'entre elles-- quand elles ont beaucoup de crédits immobiliers, impossibles à renégocier car à très long terme.

Pratiques interdites pour les banques ayant reçu des aides publiques

Déjà depuis janvier, les banques ayant reçu des aides publiques sont interdites par la Banque d'Espagne de ces "politiques commerciales agressives". Le gouvernement veut maintenant les forcer toutes à ne pas dépasser de plus de 1,5% le taux à six mois de l'Euribor, une référence du marché monétaire de la zone euro, soit un plafond d'environ 3,2%.

Le décret-loi sera approuvé "dans les prochaines semaines", indique le secrétariat d'Etat à l'Economie. L'idée ne semble pas du goût des principales intéressées. "Ce serait une régression de revenir à une situation comme dans les années 80 avec des taux d'intérêt régulés et un fort interventionnisme économique", affirme une porte-parole de l'Association espagnole des banques (AEB), plaidant pour une absorption des banques les plus faibles, incapables de survivre à cette guerre.

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Commentaires 6
à écrit le 17/05/2011 à 17:20
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C'est I.N.G qui se prive pas de le faire !

à écrit le 12/05/2011 à 11:40
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On constate une lutte pour attirer les épargnants ou les comptes salaires, ce qui augure mal de l'avenir, les banques espagnoles sont très endettées, et la fin de la récréation pour l'euro s'approche. Le système est vermoulu à force d'avoir voulu viv...

le 12/05/2011 à 14:53
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mais si on ne peut plus le mettre à la banque, alors où le mettre ? l'immobilier est cher,alors l'assurance vie ?

le 12/05/2011 à 22:12
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sous le matelas bien au chaud ^^

le 13/05/2011 à 10:19
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Mais lol ca annonce pas la fin de l euro ca, l euro n est qu un outil pas une cause.... Par contre oui ca annonce une nouvelle crise financiere, et cette fois il faudra refuser de nationaliser les PERTES que ceux qui on fait d enorme profit (le pr...

à écrit le 12/05/2011 à 10:02
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il reste le liquide de la spéculation immobilière 50 milliards de blacks?

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