Allemagne : la banque UBS perquisitionnée dans le cadre d'une enquête sur un oligarque russe

Le siège de la filiale allemande du groupe bancaire suisse a été perquisitionné dans le cadre d’une enquête sur de possibles violations des sanctions européennes à l’encontre de l’oligarque Alicher Ousmanov, septième fortune russe et réputé proche de Vladimir Poutine. Ce dernier a pourtant pris ses distances avec Moscou et se consacre désormais au développement de son pays natal, l’Ouzbékistan, engagé depuis plusieurs années dans la libéralisation économique et politique.
La banque suisse a confirmé les perquisitions menées menées par la justice allemande au siège de sa filiale à Francfort.
La banque suisse a confirmé les perquisitions menées menées par la justice allemande au siège de sa filiale à Francfort. (Crédits : Arnd Wiegmann)

Le siège de la banque suisse à Francfort a été perquisitionné ce mardi dans le cadre d'une enquête sur un oligarque russe, Alicher Ousmanov, un proche de Vladimir Poutine. Le parquet allemand a confirmé l'information, mais sans préciser le nom de la banque visée. Selon le magazine Der Spiegel, il s'agit de la filiale allemande du géant bancaire suisse UBS, déjà condamnée dans le passé pour fraude fiscale et blanchiment. Ce qu'à finalement confirmé la banque suisse en déclarant « coopérer » avec les autorités allemandes, sans donner plus de détails.

Le milliardaire russe, résident régulier en Allemagne où il possède de nombreux biens, est suspecté d'avoir fait surveiller son patrimoine immobilier allemand par une société de sécurité alors qu'il fait l'objet de sanctions imposées par l'Union européenne depuis le 28 février en réaction à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ses biens avaient d'ailleurs déjà été perquisitionnés en septembre. Et l'Allemagne a déjà saisi le plus grand yacht du monde, « le Dilar », en réparation sur ses chantiers à Hambourg, dont la valeur est estimée à 600 millions d'euros.

Cap sur Tachkent

L'oligarque, né en Ouzbékistan, est à la tête d'une fortune estimée à 15 milliards de dollars, selon le dernier classement Forbes, et la septième fortune russe. Il a commencé dans les affaires dans les années 80 en produisant des sacs en plastique avant de réaliser de très juteux placements dans la métallurgie et les télécoms. Il est connu pour être un spécialiste de la dissimulation de patrimoine au travers d'une myriade de trusts dans le monde, où son nom figure rarement. D'ailleurs, il ne cesse de contester la propriété de ses biens saisis en Europe, notamment son fameux super yacht.

L'homme s'est réfugié dans son pays natal où il souhaite désormais mettre à disposition sa fortune et ses réseaux pour aider à son développement. Le pays s'est lancé depuis quelques années dans un vaste, et surprenant, plan de modernisation et de libéralisation, sous la houlette d'un président réformateur, Chavkat Mirzioïev. Ainsi, l'oligarque a financé en partie le lancement des réformes, développé les réseaux télécoms et a initié de nombreux dons dans les domaines médical, culturel et du logement social. Il a surtout toujours pris soin de ne pas se prononcer clairement sur l'offensive russe en Ukraine, même si les observateurs estiment qu'il tente depuis quelques années de se libérer de la tutelle pesante de Moscou.

Cette perquisition tombe mal pour l'image de la banque UBS déjà la cible de nombreuses enquêtes dans le monde pour blanchiment de fraude fiscale. La banque a notamment été condamnée en France à 1,8 milliard d'euros d'amende pour avoir « chassé » de riches clients dans l'Hexagone. La banque s'est pourvue en cassation. La banque a été également plusieurs fois condamnée aux Etats-Unis.

Malgré l'étendue des avoirs des oligarques gelés en Europe, le système bancaire semble cependant bien tenir ses engagements pour empêcher les russes sous sanction de les contourner. Selon la Commission européenne, les pays membres de l'Union européenne ont gelé environ 30 milliards de dollars d'actifs russes, dont 7 milliards de biens de luxe (yachts, immobilier, œuvres d'art...). Des réflexions sont menées pour trouver le moyen juridique d'utiliser ces avoirs gelés pour aider à financer la reconstruction de l'Ukraine.

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