La Banque de France l'a dit à maintes reprises et le confirme encore sur la base de ses dernières statistiques à la fin novembre : 2022 sera une année record pour le crédit immobilier, à l'exception de 2021, année atypique de rattrapage post-Covid. La production nouvelle de crédit (hors renégociation) devrait donc ressortir à 218 milliards d'euros en 2022, soit une baisse de seulement 3 % par rapport à 2021.
Pas de trace donc d'un marché « bloqué », notamment par le taux d'usure, comme l'avancent de nombreux courtiers en crédit immobilier, ni même d'un marché en forte baisse au second semestre, comme l'affirme Crédit Logement, dont les estimations divergent de plus en plus des chiffres de la Banque de France.
« L'offre de crédit est restée abondante et moins chère que chez nos principaux voisins européens », souligne Marie-Laure Barut-Etherington, directrice générale adjointe à la direction des statistiques et des études de la Banque de France. Elle reconnaît bien une phase de normalisation du marché du crédit immobilier à partir du second semestre, après un premier semestre très dynamique.
Rien de très normal, selon la Banque de France, alors que les taux de crédit grimpent, entamant le pouvoir d'achat immobilier des ménages (8 m2 en moins en moyenne) et que les incertitudes économiques peuvent faire décaler les projets immobiliers. « Mais c'est bien l'ampleur du repli du marché annoncé par certains que nous ne retrouvons pas dans nos chiffres », précise la directrice générale adjointe.
Un taux moyen de 2% en décembre
Car la remontée des taux est bien présente, même si la Banque de France s'étonne de voir les banques augmenter que très graduellement leurs barèmes de taux, sans les pousser notamment au maximum permis par le taux d'usure. Ce dernier est passé à 3,57% (assurances et frais de dossiers compris), à partir du 1er janvier pour un crédit immobilier de plus de 20 ans, une hausse jugée encore trop modérée par les courtiers qui constatent de plus en plus des offres de crédit immobilier à 3 % en ce début d'année.
Reste que le crédit immobilier est toujours un produit d'appel pour les banques, sur un marché très compétitif. Sur ce seul produit, elles sont globalement en perte, même si le mix du refinancement peut largement différer d'un réseau à l'autre.
Selon les projections de la Banque de France, le taux moyen du crédit immobilier (tous types confondus) a dépassé en décembre le seuil des 2% à 2,04%, soit un niveau supérieur à la moyenne des dix dernières années. Un an plus tôt, ce taux moyen était à peine au-dessus de 1%. Sur la base des offres de crédit signées et remontées par les banques auprès de la Banque de France, ce taux moyen s'affichait à 1,91% en novembre.
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