Credit Suisse supprime 9.000 emplois après une perte trimestrielle de 4 milliards de francs suisses

Un nouveau plan stratégique consacre de fait le démantèlement de la banque d’investissement, avec la vente de la majorité de ses activités de titrisation à des fonds et la constitution d’une nouvelle banque d’affaires plus indépendante qui devrait se relancer sous la marque CS First Boston. Dans le sillage de la stratégie menée par UBS, Credit Suisse entend se recentrer sur la gestion de fortune, la gestion d’actifs et les activités de détail. Pour financer cette réorganisation, la banque va procéder à une augmentation de capital de 4 milliards de francs suisses, dont 1,5 milliard souscrit par la banque nationale saoudienne.
Après deux années de turpitudes, Crédit Suisse tente de redorer son blason dans la gestion d'actifs et la gestion de fortune.
Après deux années de turpitudes, Crédit Suisse tente de redorer son blason dans la gestion d'actifs et la gestion de fortune. (Crédits : Reuters)

C'est une sévère cure d'amaigrissement que Credit Suisse s'inflige pour tenter de redresser la barre après deux anni horribilis. Son plan stratégique, tant attendu et dévoilé ce jeudi lors de la présentation des résultats trimestriels, est spectaculaire : une augmentation de capital de 4 milliards de francs suisses, la suppression de 9.000 postes d'ici 2025 (2.700 dès cette année), soit 17% des effectifs et la quasi-disparition de la banque d'investissement.

Le deuxième groupe bancaire suisse, basé à Zurich, prévoit donc de lever, en deux temps, 4 milliards de francs suisses pour financer sa gigantesque restructuration et garantir un ratio de solvabilité CET d'au moins 13% sur la période 2023-2025.

La révision stratégique a de fait un coût considérable : la banque a affiché une perte trimestrielle de 4 milliards de francs suisses après une dépréciation d'actifs de 3,7 milliards et les coûts de restructuration devraient s'élever à 2,9 milliards de francs suisses d'ici 2024. Il est probable d'ailleurs que la banque enregistre une nouvelle perte au quatrième trimestre, après les quelque 5,6 milliards de pertes cumulées au deuxième et troisième trimestre. Pour mémoire, la banque avait déjà perdu 3,7 milliards en 2021.

La banque suisse précise que la banque nationale saoudienne va participer à hauteur de 1,5 milliard de francs suisses à l'augmentation de capital, réservée à des investisseurs qualifiés, portant ainsi sa participation dans le groupe suisse à près de 10%.

Démantèlement de la banque d'investissement

Les principales annonces de la banque concernent un démantèlement de fait de la banque d'investissement, avec la séparation des activités de conseil et des activités de marchés, et la vente de la majorité des activités de titrisation à des fonds d'investissement, Apollo Global Management Et Pacific Investment Management. Dans la foulée, Credit Suisse va tenter de faire renaître la marque CS First Boston, disparue depuis 2005, qui doit regrouper les activités de conseil et de financement à effet de levier (un de ses points forts), avec la possibilité de faire venir des investisseurs extérieurs à son capital, comme la banque nationale saoudienne. On ne parle pas encore de spin off (séparation) mais l'option est ouverte. La nouvelle entité sera dirigée Michael Klein, un ancien de Citigroup connu pour ses liens avec le Moyen-Orient, alors que l'actuel patron de la banque d'investissement quitte le groupe.

Le nouveau modèle de la banque doit en effet se concentrer sur la banque privée, la gestion d'actifs et sur les activités de détail de Swiss Bank. L'objectif est d'allouer 80% du capital en 2025 à ces métiers, plus les activités de marché qui seront de plus associés à la gestion d'actifs et gestion privée. Ces métiers sont en principe plus résilients, moins volatils que ceux que la banque d'investissement, et surtout plus économes en fonds propres. C'est sensiblement le même virage stratégique qui a été opéré ces dernières années par UBS, numéro un du secteur en Suisse, et grande rivale de Credit Suisse.

Restaurer la confiance

Cette réorganisation est une étape urgente pour restaurer la crédibilité de la banque suisse après une succession de pertes, de décisions catastrophiques, de scandales de fraudes et pots-de-vin et de problèmes de gouvernance, qui ont sérieusement écorné son image de prêteur parmi les plus prestigieux en Europe. « Le nouveau Credit Suisse sera certainement rentable à partir de 2024 », a affirmé le directeur général, Ulrich Koerner dans une interview accordée à Bloomberg TV. « Nous ne voulons pas promettre trop et ne pas tenir nos promesses, nous voulons faire l'inverse », a ajouté le dirigeant.

Le défi est immense, tant l'exécution de ce plan stratégique apparaît complexe à mettre en œuvre. Le salut passera par la capacité des activités de fortune de convaincre les clients de continuer à faire confiance à la banque. Surtout qu'il s'agit de la troisième réorganisation de la banque ces dernières années. La banque a connu au cours du troisième trimestre une sortie nette de capitaux de 12,9 milliards de francs suisses (contre une collecte nette positive de 5,6 milliards un an plus tôt).

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