Le rachat de Credit Suisse par UBS ne rassure pas les bourses asiatiques

Les bourses asiatiques creusaient lundi leurs pertes, signe que le retour de la « confiance » des investisseurs mondiaux dans le système bancaire était loin d'être gagné, malgré le rachat de Credit Suisse par UBS annoncé la veille dans l'urgence.
(Crédits : MORITZ HAGER)

Coup de froid en Asie. Le plan de sauvetage de Credit Suisse par UBS, négocié dans l'urgence ce week-end par les autorités suisses pour éviter une panique bancaire mondiale, n'a pas rassuré les bourses asiatiques, les premières à « s'exprimer » sur cet accord donnant naissance à un géant bancaire au niveau mondial. Elles ont clôturé dans le rouge témoignant ainsi que le retour de la « confiance » des investisseurs mondiaux dans le système bancaire était loin d'être gagné.

HSBC plonge à Hongkong

A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a perdu 1,42% à 26.945,67 points, et l'indice élargi Topix a perdu 1,54% à 1.929,30 points. Mitsubishi UFJ Financial Group a fini en baisse de 1,84% à 825,4 yens, Sumitomo Mitsui Financial Group a abandonné 1,67% à 5.170 yens et Mizuho a chuté de 2,3% à 1.825,5 yens. A Hongkong, les pertes de l'indice Hang Seng chutait de 3,26% à 07H10 GMT, même si l'autorité monétaire de Hongkong a qualifié d'« insignifiant » l'impact de la saga Credit Suisse sur son système bancaire, du fait que les actifs de la banque helvétique représentaient « moins de 0,5% des actifs totaux du système bancaire » de la ville. L'action du géant bancaire HSBC plongeait néanmoins de plus de 7% vers 07H00 GMT. Enfin, une petite hausse était observée Shenzhen et Shanghai affichait une légère baisse.

Selon Matt Simpson, analyste de City Index, il existe une « forte dose de suspicion et de paranoïa » sur les marchés asiatiques.

« Les incertitudes pourraient rester élevées pendant un certain temps » en dépit des diverses mesures de soutien au secteur bancaire, faisait valoir Stephen Innes de SPI Asset Management.

Quelle réaction en Europe ?

Reste à voir désormais comment vont réagir les marchés européens à l'ouverture ce matin puis américains en début d'après-midi. Du Trésor américain à la Banque centrale européenne (BCE), le rachat de Credit Suisse par UBS, annoncé ce dimanche, a été unanimement salué. Il vise à éviter la faillite d'une banque dont la disparition aurait eu des répercussions sur l'ensemble du système financier mondial à l'heure où les marchés étaient fébriles par la récente chute de la Silicon Valley Bank et d'autres banques régionales aux Etats-Unis. Pour le président de la Confédération helvétique, Alain Berset, cette solution constitue « le meilleur moyen d'assurer la confiance ». Elle n'est pas seulement décisive pour la Suisse (...) mais pour la stabilité de l'ensemble du système financier » mondial, a-t-il ajouté.

Renforcement des « lignes de swap »

Dans la foulée de l'annonce du rachat de Credit Suisse par UBS, les plus puissantes banques centrales du monde, la BCE, la Fed, la Banque d'Angleterre, la Banque du Canada, la Banque du Japon, la Banque nationale suisse (BNS), ont annoncé une action coordonnée pour améliorer l'accès à des liquidités et rassurer un peu plus les investisseurs.  Les institutions ont décidé de renforcer les « lignes de swap », un dispositif qui facilite l'accès de banques centrales étrangères aux dollars. Les banques centrales vont ainsi augmenter la fréquence des opérations en dollars : « jusqu'ici hebdomadaires, ces opérations seront désormais quotidiennes et commenceront le lundi 20 mars 2023. Elles continueront à ce rythme au moins jusqu'à fin avril », indique le communiqué. Le réseau de lignes de swap sert de « filet de sécurité de liquidités pour apaiser les tensions sur les marchés de financement internationaux et contribuer ainsi à atténuer les effets de ces tensions sur l'offre de prêts aux ménages et aux entreprises », rappellent les institutions. En 2020 la Fed avait mis en place et étendu des accords similaires face à l'avancée de la pandémie de Covid-19, et ceux-ci avaient été déjà prolongés.

Les grandes lignes du rachat de Crédit Suisse par UBS pour  3 milliards de francs suisses

Préserver le système financier

Deuxième banque du pays, Credit Suisse est dans la tourmente depuis deux ans et fait partie des 30 établissements financiers au niveau mondial considérées comme trop grosses pour faire faillite ("too big to fail", en anglais).

« Son destin n'est donc pas uniquement décisif pour la Suisse, pour nos entreprises, pour les clients privés, pour ses propres employés mais également pour la stabilité de l'ensemble du système financier », a déclaré le Président de la Confédération Alain Berset dimanche en annonçant l'accord. A ses côtés, la ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, a déclaré que la faillite de Credit Suisse aurait pu provoquer « des dommages économiques irréparables ». « Pour cette raison, la Suisse doit assumer ses responsabilités au-delà de ses propres frontières."

Un mastodonte de la gestion de fortune

L'union des deux plus grandes banques suisses va faire émerger un géant à la tête de plus de 5.000 milliards de dollars d'actifs investis. Les activités de gestion de fortune d'UBS, déjà numéro un mondial du secteur, vont s'en trouver encore renforcées avec quelque 3.400 milliards de dollars d'actifs sous gestion.

UBS estime que cette fusion devrait lui permettre de réaliser des économies annuelles de plus de 8 milliards de dollars d'ici 2027.

Pas de vote des actionnaires

La transaction va se faire par le biais d'un échange en actions pour un montant de 3 milliards de francs suisses, valorisant le titre Credit Suisse à 0,76 franc, loin derrière son dernier cours de clôture. Vendredi, à la fermeture de la Bourse, l'action s'échangeait à 1,86 franc suisse, après s'être pourtant effondrée durant ce qui a été une des pires semaines de son histoire en Bourse. Cette alliance ne sera toutefois pas soumise à un vote des actionnaires comme habituellement, conformément à un accord conclu avec les autorités suisses et d'autres autorités de régulation. La Commission de la concurrence n'aura pas non plus son mot à dire au regard du caractère exceptionnel de ce rapprochement.

Protection des déposants assurée

L'union des deux banques devrait être réalisée « si possible » d'ici fin 2023, a précisé Credit Suisse dans un communiqué. D'ici là, la banque va continuer à mettre en œuvre sa restructuration en « collaboration avec UBS », précise-t-elle. Toutes les activités commerciales des deux banques peuvent ainsi être poursuivies sans restrictions et sans interruption, souligne l'agence de régulation des marchés financiers (Finma), précisant que la "protection des déposants est ainsi assurée".

Pas de précision sur l'emploi

UBS va reprendre la gestion de fortune, la gestion d'actifs ainsi que la banque universelle suisse, qui englobe les activités de banque de détail et de crédits aux PME de Credit Suisse. Le président d'UBS, Colm Kelleher, a toutefois précisé lors de la conférence de presse avec les autorités suisses que la banque compte réduire la taille de la banque d'investissement de Credit Suisse. Les deux banques n'ont pas donné de précisions sur l'emploi, le président d'UBS assurant toutefois vouloir faire en sorte que la période d'incertitude pour les salariés soit « la plus courte possible ».

100 milliards CHF de liquidités

Pour faciliter ce rachat, la Confédération helvétique accorde une garantie de 9 milliards de francs à UBS, l'objectif étant de réduire les risques que ce rachat lui fait courir. La banque centrale va par ailleurs allouer des aides importantes aux deux banques sous la forme de liquidités allant jusqu'à 100 milliards de francs suisses.

(AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 20/03/2023 à 9:25
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Faciliter l'accès des Banques étrangères au dollar, c'est renforcer le dollar.

à écrit le 20/03/2023 à 7:09
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Merci beaucoup

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