Faillite de SVB, Credit Suisse... La tempête financière met la BCE sous pression au moment de relever ses taux

La BCE va-t-elle annoncer une nouvelle hausse des taux de 50 points de base et maintenir le cap du durcissement monétaire contre l'inflation ? Ce jeudi, la banque centrale doit trancher, et ce, alors que les marchés financiers ont été affectés par la faillite de SVB et les déboires de Crédit Suisse.
Un scénario d'une simple hausse d'un quart de point est désormais envisagée par certains analystes.
Un scénario d'une simple hausse d'un quart de point est désormais envisagée par certains analystes. (Crédits : WOLFGANG RATTAY)

Le chemin monétaire de la BCE devient encore plus étroit. L'inquiétude autour du secteur bancaire, avec la faillite de Silicon Valley Bank et les difficultés de Crédit Suisse, remet en question la détermination de la Banque centrale européenne . La nouvelle hausse des taux d'un demi-point initialement attendue, avant la panique bancaire, pour combattre l'inflation n'est désormais plus garantie avant une réunion de la BCE et une conférence de presse de Christine Lagarde ce jeudi à 14h45.

Lire aussiLa BCE a perdu 1,6 milliard d'euros en 2022 à cause de... la hausse des taux

En effet, un relèvement de 50 points de base, lors de la réunion de politique monétaire de jeudi, était quasiment certain. La BCE l'avait elle-même annoncé le mois dernier. Mais un scénario d'une simple hausse d'un quart de point est désormais envisagée par certains analystes.

Désaccord chez les analystes

« L'extrême incertitude qui règne aujourd'hui sur le secteur bancaire américain et la réaction des marchés devraient inciter l'institution à davantage de prudence », estime ainsi Frederik Ducrozet, chef économiste chez Pictet Wealth Management.

Le contexte « ne devrait pas dissuader la BCE d'augmenter les taux d'intérêt de 50 points de base supplémentaires, en raison de l'inflation obstinément élevée », rétorque de son côté Agnese Ortolani, analyste à Economist Intelligence Unit (EIU).

La déroute de la Silicon Valley Bank (SVB), plus importante faillite depuis la crise de 2008, pose un défi direct à la politique monétaire de la BCE. Et ce, même si le risque de contagion aux autres banques par des actifs toxiques, comme lors de la crise des subprimes ou à cause d'un bilan déséquilibré comme celui de SVB, est limité selon les autorités européennes et américaines.

Lire aussiSalaires: la BCE appelle les syndicats à être raisonnables pour ne pas alimenter l'inflation

Alors que les marchés financiers s'étaient quelque peu apaisés mardi, l'inquiétude est remontée d'un cran mercredi avec l'effondrement jusqu'à -30% de l'action du Credit Suisse, géant bancaire helvétique tombé à son plus bas niveau en Bourse. Dans son sillage, les principales valeurs bancaires européennes ont dégringolé, dont la Société Générale (-12% mercredi) et BNP Paribas (-10%).

Faucons contre colombes

Les banquiers centraux de la BCE doivent donc se soucier de ne pas déstabiliser un peu plus les marchés financiers, déjà ébranlés. S'ils venaient à opter pour une nouvelle hausse de 50 points de base, cette décision remonterait le taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit à 3,0%, son plus haut depuis octobre 2008. Depuis l'envolée de l'inflation depuis plus d'un an, la BCE est lancée dans une dynamique de relèvement des taux, après une décennie d'argent « pas cher ».

Ce durcissement monétaire soudain, comme celui de la Réserve fédérale aux Etats-Unis, rehausse le coût du crédit. Il fragilise aussi les banques commerciales. La tourmente financière autour de SVB, puis Crédit Suisse, prouve « que la hausse des taux n'est pas si indolore qu'il y paraît », ce qui conforte la position des « colombes » qui plaident pour une hausse modérée des taux, note Gilles Moec, chef économiste chez Axa. En face, les « faucons », qui veulent maintenir le cap du durcissement monétaire, argueront qu'il n'y pas de risque de contagion vers l'économie et « donc pas d'impact sur le calibrage de la politique monétaire », selon Gilles Moec.

« Nous ferons tout ce qu'il faut »

D'autant plus que l'inflation demeure à un niveau élevée, notamment sous-jacente. La hausse des prix a reculé en février pour le quatrième mois d'affilée, à 8,5% en glissement annuel. Mais la courbe des prix, hors énergie et alimentation, a bondi au niveau record de 5,6%. Il reviendra à présidente de la BCE, Christine Lagarde, de trancher et de calibrer sa communication, elle qui affiche sa fermeté depuis plusieurs mois sur ce front.

Lire aussiChristine Lagarde (BCE) prête à faire « tout ce qu'il faut » pour réduire l'inflation

« Nous allons restaurer la stabilité des prix et nous ferons tout ce qu'il faut », a lancé Christine Lagarde la semaine dernière. L'expression fait écho à la même phrase prononcée par Mario Draghi en 2012. A l'époque, l'Italien, alors à la tête de la BCE, s'était engagé à faire tout ce qu'il faut (« whatever it takes », en anglais) pour sauver l'euro menacé par la crise des dettes souveraines. En ce mois de mars 2023, le contexte est différent. Ce n'est plus une crise de la dette, mais des prix qui agite la zone. Et la lutte contre l'inflation fait partie des obligations de la BCE dans ses statuts.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 16/03/2023 à 12:42
Signaler
50 points évidemment !

à écrit le 16/03/2023 à 9:49
Signaler
La question ne se pose pas: 50 points de base..

à écrit le 16/03/2023 à 9:28
Signaler
Boh, comme d'habitude les politiques vont nationaliser les pertes, hum ? c'est si facile.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.