
Rarement un établissement public aura démontré son utilité pour appuyer l'action gouvernemental pendant une crise. Le groupe Bpifrance a été sur tous les fronts pour tenter d'amortir le choc de la crise sanitaire sur le bilan des entreprises, petites ou grandes. En 2020, ses activités de financement atteignent ainsi le montant record de 20,5 milliards d'euros, en hausse de 10%, une croissance largement alimentée par une palette de dispositifs mis en place par l'établissement public, juste avant ou pendant la crise.
Des entreprises équipées pour l'avenir
Citons notamment le prêt Atout, lancé le jour même du premier confinement, (2,4 milliards d'euros) pour les PME, le prêt Rebond, dont la garantie est financée par les Régions (800 millions), prêts tourisme (274 millions) ou bien le PGE « maison » (800 millions). Sur ces crédits, la moitié sont des crédits de long terme, de plus de six ans. «Les entreprises sont équipées pour l'avenir », se félicite Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifinances.
Le soutien aux entreprises innovantes n'a pas faibli malgré la crise, avec des financements qui ont doublé à 3 milliards d'euros, notamment dans le cadre d'appels à projet dans des secteurs particulièrement, comme l'aéronautique et l'automobile, pour un montant de 500 millions d'euros.
Enfin, la banque publique a été la cheville ouvrière de la mise en place du fameux Prêt garanti par l'Etat (PGE) auprès de 650.000 entreprises pour un montant, à la fin décembre de 111 milliards d'euros. Le lancement de ce PGE a d'ailleurs pesé sur l'activité traditionnelle de Bpifrance, la garantie de prêts bancaire, qui est tombé à 6,2 milliards contre 8,5 milliards un an plus tôt.
Pas de mur des faillites en 2021
C'est donc un travail « considérable » qui attend les équipes de Bpifrance pour gérer pendant six ou huit ans ce stock de garanties. La France est en effet en train de négocier avec Bruxelles une prolongation de la durée maximum d'un PGE de six à huit ans, sans compter l'année supplémentaire de différé. Difficile d'estimer encore le nombre d'entreprises qui vont saisir ce nouveau différé. « Environ 40 % des entreprises sondés souhaitent conserver leur PGE », avance, prudemment Nicolas Dufourcq.
L'institution publique avait précédemment estimé à 7 % le taux de défaut prévisible sur les PGE, un chiffre guère éloigné des estimations de la Banque de France (dont l'une des fonctions est de noter la solvabilité des entreprises), comprises entre 4,5% et 6%. Les banques sont, de leurs côté, un peu plus pessimistes, en évoquant un taux de 10%.
Nicolas Dufourcq n'est cependant pas inquiet de l'endettement des PME ni des grands groupes du SBF 120. Ces derniers ont eu la capacité de se constituer des lignes de liquidités ou des réserves sur les marchés, à des conditions favorables. Certes, les PGE et les autres crédits constituent une « parenthèse enchantée » pour les entreprises en 2020 mais le dirigeant ne croit pas à l'idée « d'un mur de faillites » en 2021.
Rôle contracyclique
Du côté des financements en fonds propres, Bpifrance a su jouer également son rôle « contracyclique », notamment en remplaçant, dans des tours de table, des investisseurs institutionnels qui se sont retirés en raison de la crise. De fait, la banque publique devient l'un des principaux acteurs européens du private equity, avec 3,5 milliards de financements et 45 milliards d'actifs sous gestion (soit un montant comparable aux encours de crédits).
L'institution a également lancé l'an dernier le fonds Lac1, doté de 4,3 milliards d'euros, pour investir dans les grands groupes français considérés comme stratégiques, avec un premier ticket de 7% du capital du chimiste Arkema. Une autre opération a été réalisé, d'un montant de 800 millions, mais l'identité du bénéficiaire n'a pas été dévoilé. Plusieurs autres sont prévus en 2021.
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