Brexit : Citi dément délocaliser à Dublin

La banque américaine assure qu’elle n’a pas l’intention de délocaliser 900 personnes de Londres. Elle se montre optimiste quant au maintien du « passeport » qui lui permet d’exercer son activité dans toute l’Europe.
Plus de 6.000 personnes travaillent à la tour Citi à Canary Wharf, à Londres, plus d'un quart des effectifs de la banque américaine en Europe.

Depuis sa monumentale tour de Canary Wharf, à quelques encablures de l'officielle City, le géant américain Citi dément tout projet de déplacer ses équipes vers l'Irlande. Le Sunday Times affirmait ce week-end que Citi s'était déjà renseigné pour des bureaux afin d'accueillir 900 employés délocalisés de Londres. Interrogé lors d'un événement dédié à la presse, le Citi Media Summit, ce jeudi, le directeur de la banque de financement et d'investissement au Royaume-Uni, Michael Lavelle, a réfuté ce projet :

« Nous avons déjà déplacé beaucoup d'équipes d'une ville à une autre, un peu partout, sans rapport avec le Brexit. Nous n'avons fait bouger personne à cause du Brexit. On le fera peut-être ou pas. Il y a eu des rumeurs ce week-end à ce sujet. Ce n'est pas vrai. »

Pour autant, la banque ne dément pas qu'il s'agisse d'une des options, et peut-être la plus sérieuse. Était-ce un ballon d'essai, participant d'une démarche de lobbying auprès des autorités britanniques ? Le patron de Citi CIB UK se montre « optimiste que le Royaume-Uni saura négocier avec succès le maintien du passeport européen » qui permet aux banques implantées dans le pays d'exercer leur activité dans toute l'Union avec l'autorisation du seul régulateur britannique. Méthode Coué, alors que tous les acteurs ne parlent plus que de "hard Brexit" ? L'abandon de la liberté de circulation des personnes ne semble en effet pas compatible avec le maintien de l'accès au marché unique.

« Pour être clair, le Brexit n'était pas notre issue préférée. Mais nous sommes très confiants dans notre capacité à continuer de répondre aux besoins de nos clients, les grandes multinationales, quoi qu'il arrive. Nous avons sans doute plus de flexibilité que la plupart (de nos concurrents) : nous sommes présents dans 20 autres Etats de l'Union européenne, le siège de nos activités de banque est à Dublin ainsi que notre Lab d'innovation »

L'Irlande, la solution naturelle

Citi a en effet d'ores et déjà « une très forte présence à Dublin, c'est la ville où nous avons le plus de personnels en Europe, Londres mis à part ». La banque américaine emploie 2.500 personnes dans la capitale irlandaise, où elle est implantée depuis 1965 et où se trouve le siège de Citibank Europe Plc, l'entité juridique qui chapeaute notamment son activité de banque de financement et d'investissement en Europe : de droit irlandais, elle est aussi supervisée par le régulateur du pays et ne perdra donc pas son "passeport".

C'est de toute évidence sa solution de repli la plus naturelle, simple et logique, et pas seulement pour des questions d'ordre fiscal : la langue, la culture, la proximité géographique de Londres qui "restera un centre financier majeur". A Canary Wharf, 6.000 personnes travaillent dans la tour Citi. C'est plus d'un quart des effectifs de la banque en Europe (22.000 salariés, sur un total de 241.000 dans le monde). Pour des raisons prudentielles, la banque pourrait être contrainte de rééquilibrer ses troupes entre les deux pays voisins.

Malgré l'optimisme affiché, une « équipe Brexit » d'une quarantaine de personnes planche sur les différentes options de Citi :

« Il faut que nous nous préparions à tous les scénarios et il y en a beaucoup. »

Michael Lavelle n'a pas voulu chiffrer le coût estimé de la perte du « passeport » qui imposerait de délocaliser des équipes mais ce serait « assez significatif » a-t-il convenu.

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Commentaire 1
à écrit le 17/11/2016 à 12:52
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Quand la finance rie le peuple pleure.

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