En croissance malgré les taux, Crédit Agricole se pose en champion de la solidité financière

Le numéro un français de la banque de détail a augmenté ses revenus dans (presque) tous ses métiers au deuxième trimestre. Le bénéfice net, en baisse en raison d’effets de base sur le coût du risque, est légèrement supérieur aux attentes. Ayant fortement amélioré son ratio de fonds propres, le groupe va commencer à déboucler le mécanisme de garanties liant les caisses régionales à l’entité cotée Crédit Agricole S.A., ce qui va doper le résultat de celle-ci.
Delphine Cuny
(Crédits : Xavier Isaac)

[Article mis à jour à 17h50]

Après avoir publié le résultat net le plus élevé de son histoire au deuxième trimestre de 2018, la base de comparaison était d'emblée difficile à battre pour le Crédit Agricole cette année. Le bénéfice net part du groupe de l'entité cotée en Bourse, Crédit Agricole S.A., s'affiche en baisse de 14,9% à 1,22 milliard d'euros, essentiellement sous l'effet d'une remontée du coût du risque, très bas un an plus tôt du fait de reprises de provisions, et d'un effet technique sur le taux d'impôt. Cette baisse du résultat était attendue et les chiffres publiés ce vendredi 2 août sont dans l'ensemble supérieurs au consensus des analystes.

« Nous avions eu deux effets boosters non pérennes l'an dernier » a expliqué Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole S.A. « Le coût du risque reste à un niveau très bas » a-t-il insisté.

Une provision a été passée sur un important « dossier de place » a reconnu la banque, s'abritant derrière le secret bancaire : presque toutes les grandes banques de la place ont vu leur coût du risque augmenter ponctuellement ce trimestre du fait de leur exposition au dossier Rallye-Casino.

Dans un marché déprimé après les annonces de Donald Trump de droits de douane supplémentaires sur les produits chinois, l'action Crédit Agricole S.A. a ouvert en baisse de 4,5% ce vendredi matin, tandis que le CAC 40 reculait de 2,5%. Elle a clôturé en retrait de 4,8%, le CAC 40 a perdu 3,57%, une seule valeur de l'indice étant restée dans le vert (Unibail). C'est la plus forte baisse du CAC en une séance depuis le 24 juin 2016.

Bonne performance opérationnelle de LCL


Le produit net bancaire est en léger retrait de 0,4% à 5,1 milliards d'euros, reflétant notamment la baisse en banque de financement et d'investissement (CACIB), à un point haut l'an passé. La bonne surprise est venue des métiers, qui enregistrent presque tous une croissance de leurs revenus au deuxième trimestre, y compris LCL, souvent attendu au tournant par les analystes.

« Le revenu des métiers est en croissance de 1,9%, dans un contexte de taux très bas. Il y a toujours une interrogation sur le modèle de banque de proximité : or il faut souligner l'excellente performance opérationnelle de LCL, qui a augmenté de 1,5% son produit net bancaire, de 8,5% son résultat brut d'exploitation et de 6,5% son résultat net. Cela donne de la résilience à LCL dans cet environnement de taux » s'est félicité Philippe Brassac.


La banque de détail au réseau très urbain a conquis 28.000 clients particuliers et professionnels de plus ce trimestre (en net), dont 8.000 à sa nouvelle offre d'entrée de gamme à 2 euros par mois LCL Essentiel. En Italie aussi, Crédit Agricole a séduit de nouveaux clients (+12.000 en net), tout comme les caisses régionales en France. En tout, le groupe indique avoir conquis plus de 140.000 nouveaux clients.

« Nous avons obtenu ce que nous recherchions : de bonnes tendances commerciales, une visibilité sur les bénéfices, un levier opérationnel et une amélioration progressive de la solvabilité » ont réagi dans une note de recherche les analystes de Jefferies, qui maintiennent leur recommandation à l'achat sur la valeur.


Premier assureur vie en France


A défaut de battre de nouveaux records ce trimestre, la Banque verte se targue d'être devenue « le premier assureur vie en France », devant CNP Assurances, selon le classement de "L'Argus de l'assurance" en termes de cotisations en affaires directes (en encours, CNP reste leader). Elle met aussi en avant sa rentabilité et sa grande solidité en termes de fonds propres.

« Nous avons déjà atteint l'objectif du plan moyen terme 2022 d'un retour sur fonds propres tangibles de 11%. Nous sommes probablement 250 points de base au dessus de toute autre banque cotée française » a fait valoir le directeur général de Crédit Agricole S.A., soulignant que les concurrents corrigeaient des effets comptables de la norme Ifric 21.


Du coté de la solvabilité, le Crédit Agricole a aussi joué la comparaison : « nous avons un ratio de fonds propres durs CET1 de 15,4% (contre 9,5% requis au minimum réglementairement), quand les autres groupes sont plutôt à 12%. La partie CASA peut se permettre d'être à 11,6% (contre 8,5% requis), soit 60 points de base au-dessus de la cible du plan moyen terme 2022 » a souligné Philippe Brassac.

Le groupe annonce donc ce vendredi qu'il compte déboucler plus tôt que prévu le mécanisme de garanties existant entre les caisses régionales et l'entité cotée. Appelé « switch », ce dispositif avait été mis en place en décembre 2011, après les déboires rencontrés en Grèce avec la banque Emporiki, vendue depuis : les caisses s'engagent à supporter, pour le compte de Crédit Agricole S.A., les exigences prudentielles liées à la mise en équivalence de certaines participations détenues par celle-ci, contre rémunération. Ainsi, le ratio de solvabilité de 11,6% de CASA comprend 1,2% apporté par les caisses : il lui en coûte 300 millions d'euros par an.

« Le niveau de solvabilité est suffisamment fort pour rendre possible le démantèlement partiel de ce dispositif dès début 2020 » a annoncé Philippe Brassac. « D'ici 2022, l'opération va améliorer le produit net bancaire de Crédit Agricole S.A. de 150 millions d'euros et le résultat net de 100 millions d'euros » a précisé Jérôme Grivet, le directeur financier.


Une hausse du résultat qui permettra aussi d'augmenter le dividende. Une bonne nouvelle que devraient apprécier les investisseurs, qui ont déjà bénéficié d'un net rebond de l'action après une mauvaise année 2018 (-34%). Depuis janvier, l'action CASA a progressé de 14,3% quand l'indice Stoxx Banks a cédé 1,7% : Crédit Agricole se targue ainsi d'avoir signé « la meilleure performance parmi les 18 valeurs bancaires européennes ».

Delphine Cuny

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Commentaires 8
à écrit le 05/08/2019 à 15:54
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"En croissance malgré les taux, Crédit Agricole se pose en champion de la solidité financière" : on ne disait pas la même chose de Lehman Brothers ? La solidité financière m'as l'air de quelque chose d'extrêmement relatif pour une banque...

à écrit le 02/08/2019 à 21:26
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Le crédit agricole pas vert du tout pour les handicapés Un handicapé a, pardon avait, un LEP au Crédit Agricole tous les mois il lui est mis une somme sur ce livret. Il est fourni au CA les documents pour la validation du Livret d’Epargne. Cette an...

le 04/08/2019 à 8:27
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@pas très reluisant le CA 02/08/2019 21:26 Tout est faux dans ce que vous avez écrit. Etes-vous FI, NPA, LCR, etc ? Cordialement PS: je n'ai jamais travaillé pour le CA et je n'ai aucun lien avec le CA

à écrit le 02/08/2019 à 16:38
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pure hypothèse : supposons qu'un fermier se voit proposer un tracteur dernier cri (satellite, cabine à air conditionné, rotation pleine vue à 360, GPS pour l'assistance des opérations de culture entièrement automatique, etc . . . etc . . .), le banqu...

le 03/08/2019 à 13:19
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Client mais aucun rapport avec l'agence, je prépare mon départ vu la position de cette banque envers les travailleurs pauvres qui sont matraqué en cas de problème financiers

à écrit le 02/08/2019 à 12:20
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Les banques de détails ont fait évoluer leur modèle économique : plutôt que de vivre en prêtant l'argent déposé, elles ont développé un modèle où elles gagnent de l'argent en facturant des frais divers et variés. Alors je veux bien qu'on me parle ...

à écrit le 02/08/2019 à 9:01
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Beaucoup trop de sujets sur les établissements financiers sur la tribune, les banques, les assurances, les assurances, les banques, à savoir ceux qui ont pillé l'économie réelle pour en arriver à ce dumping fiscal et social qui a complètement anéanti...

le 02/08/2019 à 11:38
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Pareil pour moi, je ne dirai pas mieux!

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