Epargne et décarbonation : quelles solutions derrière les ambitions de Bercy ?

Dans le cadre du projet de loi sur l'industrie verte, Bercy a lancé une réflexion sur la création de nouveaux supports d'épargne, destinés à financer des projets écologiquement vertueux. Tient-on là un nouveau canal pour soutenir la décarbonation de l'économie ? Faut-il vraiment en passer par la création de solutions de placement nouvelles ? Un débat qui pose plus largement la question de la transparence des projets financés par l'épargne des Français. Le point au Forum Partageons l'Economie avant la loi Industrie verte qui va créer pour les jeunes un "plan d'épargne avenir climat".
(Crédits : DR)

#Partageonsleconomie - Comment placer son épargne sans alourdir son empreinte carbone ?

Qu'est-ce qui aujourd'hui limite le financement de la décarbonation de l'économie ? A en croire Bercy, peut-être le manque de supports d'épargne qui permettraient de diriger les flux financiers de Français épargnants dans l'âme vers les projets adéquats, même si des efforts en ce sens ont déjà été faits avec la loi Pacte. Le gouvernement planche donc sur la création de solutions de placement grand public, de type livret vert, auquel s'adjoindrait une solution d'épargne bloquée jusqu'à la majorité pour les jeunes. « Pour l'instant, le problème est surtout que les produits financiers existants ne sont pas adaptés aux projets qui contribuent à la décarbonation de l'économie, qui sont des projets innovants, de long terme, aux modèles d'affaires que les acteurs bancaires n'ont pas l'habitude de regarder. Il y a donc un vrai besoin pour de nouveaux produits d'épargne, qui soient tracés en direction de financements spécifiques, comme le nucléaire ou la décarbonation de l'industrie », éclaire Eva Sadoun, co-fondatrice et présidente de Lita.co.

Côté bancaire, la réaction est plus mesurée. Pour Etienne Barel, directeur général délégué de la Fédération bancaire française, il ne faudrait point trop attendre de ces nouveaux placements verts. « Je suis prudent face à la création de nouveaux livrets avec objectif à destination d'un public large. Il faut faire attention aux fausses promesses : un livret d'épargne à visée très large est plutôt un produit sécurisé et relativement liquide, contrairement à de l'épargne de plus long terme - nécessaire pour les projets de décarbonation - et peu liquide ». Créer une nouvelle solution d'épargne verte impliquera donc de se pencher sur le degré d'adéquation possible ou souhaitable entre le niveau de risque des projets financés celui offert par le produit bancaire.

Utiliser le plein potentiel de l'existant

Sans attendre les produits verts voulus par Bercy, il existe déjà des solutions pour limiter l'empreinte carbone de son épargne, mieux encore, pour contribuer à la transition de l'économie. Eva Sadoun cite ainsi certaines unités de comptes disponibles sur le marché, mais aussi les opportunités de placement sur le non côté, afin de contribuer au financement de nouveaux modèles économiques, ce qui passe en grande partie par un vivier de TPE et PME. « Il me semble également indispensable de sélectionner des gestionnaires d'actifs qui votent contre les énergies fossiles », souligne-t-elle, alors que s'ouvre justement la saison des assemblées générales.

Transparence des gestionnaires de fonds sur leur politique de vote, transparence des banques également sur l'utilisation des placements réalisés avec l'épargne, telles sont les deux pistes qui semblent simples mais méritent encore des efforts. « Les banques sont prêtes à aller plus loin dans la transparence, tout en faisant attention à ne pas canaliser l'argent déposé sur un produit dédié, afin d'assurer la liquidité des placements », confie Etienne Barel. En matière d'amélioration, il cite la possibilité d'augmenter les seuils d'obligation de réemploi de l'épargne, qui existent par exemple sur le LDDS (livret de développement durable et solidaire). « On peut aussi réfléchir à augmenter le niveau d'exigence dans ce qui est financé par de tels livrets, mais cette piste me semble moins pertinente », ajoute le représentant de la FBF. Sans nouveau retard, le projet de loi sur l'industrie verte devrait être présenté en conseil des ministres d'ici la fin du mois de mai et lever les dernières interrogations qui entourent les nouvelles solutions d'épargne verte voulues par Bercy.

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