Huit banques dont HSBC et BNP lancent une Blockchain de commerce international

La plate-forme Voltron, ouverte à toutes les banques et aux entreprises, doit permettre d'accélérer l'émission de lettres de crédit et l'échange de documents entre partenaires commerciaux. La plateforme, qui utilise la technologie Corda de la startup R3, sera opérationnelle en 2019.
Delphine Cuny
L'utilisation de la technologie de registre distribué peut ramener à moins de 24 heures le processus, encore très manuel et papier, d'une lettre de crédit dans le commerce international, qui prend habituellement 5 à 10 jours.
L'utilisation de la technologie de registre distribué peut ramener à moins de 24 heures le processus, encore très manuel et papier, d'une lettre de crédit dans le commerce international, qui prend habituellement 5 à 10 jours. (Crédits : Bain & co)

Les consortiums se multiplient dans la finance pour faire avancer des projets collaboratifs reposant sur la technologie Blockchain. Dernier en date : l'initiative Voltron, une plate-forme destinée à faciliter le financement du commerce international, qui rassemble huit banques : HSBC, ING, BNP Paribas, Standard Chartered, SEB, Bangkok Bank, CTBC Holding (ChinaTrust) et NatWest. Voltron, dont le lancement opérationnel est prévu en 2019, s'appuie sur la technologie de registre distribué Corda de la startup américaine R3 (dans laquelle de très nombreuses banques du monde entier ont investi).

Cette initiative, ouverte à toutes les autres banques et aux entreprises, est le prolongement de la lettre de crédit sur la Blockchain testée par HSBC et ING en conditions réelles en mai dernier avec le groupe américain de négoce de matières premières agricoles Cargill. La transaction avait pu être bouclée en 24 heures au lieu des 5 à 10 jours habituels.

La plateforme Voltron permettra aux entreprises clientes de se connecter avec leurs banques et leurs partenaires commerciaux « via un canal unique et simplifié pour l'émission de lettres de crédit et la présentation ou l'échange de documents provenant d'autres réseaux » expliquent les membres fondateurs de l'initiative dans un communiqué. Les banques pourront accélérer leurs décisions de financement et les entreprises clientes des banques diminuer le nombre de procédures internes et de partages de documents, tout au long de la chaîne logistique d'une cargaison internationale.

« A la suite de notre première transaction live en environnement blockchain, réalisée en mai dernier avec Cargill, les clients ont manifesté un vif intérêt et la volonté de digitaliser leur process de lettre de crédit » a commenté Vinay Mendonca, le directeur général des produits, propositions de financement du commerce et créances de HSBC.

« Pour tenir les promesses d'un avenir numérique, les banques devront collaborer avec tout l'écosystème du commerce international. Cet engagement de HSBC et de ses partenaires, au sein de l'initiative Voltron, est la preuve que les banques sont prêtes à concrétiser cette vision. »

Des économies et des revenus en plus

Le mois dernier, 15 grandes entreprises, dont une majorité de banques, parmi lesquelles ING, Société Générale, BNP Paribas, Natixis et Crédit Agricole, aux côtés de Shell notamment, ont annoncé la création d'une startup Komgo S.A., qui va développer une plateforme blockchain pour le commerce international de matières premières et des produits tels qu'une lettre de crédit digitale, un service de vérification de l'identité des clients.

« Les solutions actuelles de financement du commerce extérieur ont été conçues dans des silos, ce qui ajoute des risques importants, des inefficacités opérationnelles et des coûts. Les transactions précédentes effectuées sur Voltron ont démontré que les banques peuvent offrir une solution de blockchain viable sur le plan commercial et sur le plan opérationnel et qui présente un avantage significatif pour les clients » a fait valoir de son côté le Pdg de la startup R3, David E. Rutter.

Le commerce international est considéré comme l'un des cas d'usage les plus évidents pour cette technologie de stockage et de transmission d'informations encore émergente, née avec le Bitcoin, qui devrait permettre de réaliser des économies, mais pas seulement.

« La Blockchain pourrait augmenter de 1.100 milliards de dollars les volumes du commerce international à l'horizon 2026, par rapport aux 16.000 milliards de dollars actuels » estime le cabinet de conseil Bain & Company, dans un livre blanc co-écrit avec HSBC sur le sujet.

Bain & Co estime en outre que les solutions s'appuyant sur la Blockchain pourraient « accroître de 2,2 milliards de dollars les revenus annuels de l'industrie bancaire tirés du crédit documentaire pour le commerce international d'ici à 2026, en plus des 8 milliards de dollars générés annuellement sans la Blockchain. »

A côté de Voltron, d'autres plateformes Blockchain pour le commerce international sont testées par des consortiums de banques (parfois les mêmes), à l'image de Marco Polo (TradeIX), we.trade (ex-Digital Trade Chain), eTrade Connect, Finacle Trade Connect ou encore Easy Trade Connect (qui a donné naissance à Komgo). Il faudra les rendre interopérables. Bain considère utopique d'imaginer une plateforme unique et imagine plutôt un avenir avec des « superconnecteurs », de très grandes banques jouant le rôle de tiers de confiance et faisant le pont entre les plateformes. Un modèle mondialisé in fine assez centralisé.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 31/10/2018 à 18:37
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On voit la blockchain partout, comme je l'avais prédit il y a quelques mois. Au final c'est un concept très flou et personne ne connait. On essaie de vendre ca comme une revolution, super sécurisé et tout. Ouais ou pas. Des cryptomonnaies basées d...

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