Les Etats-Unis cherchent-ils à faire taire le petite soeur de S&P et Moody's

La Securities & Exchange Commission va lancer des poursuites contre l'agence Egan-Jones. Elle lui reproche des irrégularités dans le dossier déposé en 2008 afin de pouvoir noter des titres de l'Etat et des titres adossés à des actifs.
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Les autorités américaines chercheraient-elles à faire taire la petite agence de notation Egan-Jones ? Ses dirigeants en sont en tout cas convaincus alors que la Securities & Exchange Commission (SEC) s'apprête à lancer des poursuites officielles contre la société. "Egan-Jones pense que l'action de la SEC est inexplicable si ce n'est comme une volonté de nous faire taire et de maintenir le statu quo du monopole des agences payées par les émetteurs", a-t-elle dénoncé jeudi soir.

"Nous ne laisserons personne nous intimider", a renchéri le patron de l'agence, Sean Egan, dans le "Wall Street Journal". "Nous nous défendrons vigoureusement contre ses accusations", a-t-il ajouté, promettant de continuer à délivrer "des notes exactes", dénués de tout conflit d'intérêts. Contrairement aux trois grandes agences de notation (Standard & Poor's, Moody's et Fitch), Egan-Jones fonctionne en effet grâce à un système d'abonnement. Elle n'est donc pas rémunérée par les émetteurs des titres qu'elle note. Un système qui revient, selon l'agence, à demander à un restaurant de payer un critique gastronomique pour l'évaluer.

Dégradation des Etats-Unis

Selon des sources citées par Reuters et par le "Wall Street Journal", la SEC reproche à Egan-Jones des irrégularités dans le dossier déposé en 2008 afin de pouvoir noter des titres d'Etats et des titres adossés à des actifs. L'agence de notation n'aurait ainsi pas fourni des informations exactes sur son expérience en matière de notation et sur ses problèmes de conflit d'intérêts, ainsi que certains documents comptables et administratifs. Les sanctions qu'elle encoure vont d'une simple amende à la suspension.

Lancée en 1992, Egan-Jones est l'une des neuf sociétés habilitées par la SEC comme agence de notation. Soucieuse de conquérir des parts de marché, elle a souvent pris les trois grandes agences de vitesse lorsqu'il s'est agi de déclasser certaines dettes souveraines, notamment celles des Etats-Unis. Début avril, elle a d'ailleurs à nouveau dégradé la note américaine, la ramenant d?AA+ à AA. Egan-Jones avait retiré le triple A aux Etats-Unis en juillet 2011, quelques semaines avant Standard & Poor's.

L'agence de notation s'est également distinguée en dégradant certaines entreprises dans le contexte de la crise financière. Fin novembre, quelques jours après la faillite du courtier MF Global, Egan-Jones avait notamment abaissé la note de Jeffries, estimant que son exposition à la dette européenne pourrait également le mettre en difficultés. Cette annonce avait provoqué une chute de l'action du courtier à Wall Street. Le PDG de Jeffries avait alors assuré que le rapport d'Egan-Jones contenait de nombreuses approximations.

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Commentaire 1
à écrit le 21/04/2012 à 11:35
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"le" petite soeur?

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