AIG n'attaquera pas l'Etat américain

Le conseil d'adminstration du groupe d'assurance, sauvé de la faillite par l'argent public en 2008, a finalement décidé de ne pas s'associer à la plainte de son ancien patron Maurice Greenberg contre le gouvernement américain pour spoliation des actionnaires historiques.
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Le bon sens l'a finalement emporté. AIG a refusé mercredi de se joindre à une plainte lancée par son ex-Pdg Maurice "Hank" Greenberg et sa société Starr contre les Etats-Unis et la banque centrale, au motif que le sauvetage de la compagnie en 2008, conduisant à sa nationalisation, aurait spolié les actionnaires "historiques". Le conseil d'administration "a décidé de refuser totalement la demande de Starr, et ne va pas poursuivre [le gouvernement] ni permettre à Starr de mener ces accusations en son nom", précise AIG dans un communiqué. En examinant cette demande, le conseil d'administration estiment avoir "rempli son devoir fiduciaire correctement et entièrement", souligne le président Steve Miller. "A ce jour, AIG a remboursé 205 milliards de dollars à l'Amérique, y compris un bénéfice de 22,7 milliards de dollars. Nous continuons à remercier les Etats-Unis pour leur soutien", a-t-il ajouté.

Steve Miller s'est donc désolidarisé de l'ex-patron d'AIG qui avait porté plainte en novembre 2011 au nom de Starr et d'autres actionnaires "historiques" du groupe contre le gouvernement américain, auquel il réclame 25 milliards de dollars au titre de l'indemnisation des actionnaires. Classée sans suite par un tribunal de New York, la procédure est cependant toujours en cours à Washington.

Un sauvetage de 182 milliards

Le groupe d'assurance AIG avait fait l'objet en 2008 d'une aide du Trésor américain et de la Réserve fédérale de New York, pour un montant total de182 milliards de dollars, sous la forme de liquidités et de garanties, afin d'éviter que l'assureur ne fasse faillite. Cette opération avait donc provoqué de fait la nationalisation de la compagnie, l'Etat en détenant jusqu'à 92%. L'idée que la compagnie aujourd'hui assainie puisse porter plainte pour avoir été secourue a provoqué un scandale aux Etats-Unis sur les réseaux sociaux et dans la presse. Une annonce qui tombe mal, moins d'un mois après que le groupe ait achevé de rembourser l'Etat,  et au moment même où il déploie une campagne de communication sur le thème "merci l'Amérique". "AIG a remboursé sa dette aux Etats-Unis avec un bénéfice, et nous le pensons quand nous disons merci au peuple américain", a réaffirmé le directeur général d'AIG, Robert Benmosche.
 

Une plainte "dénuée de tout fondement"

Du côté des pouvoirs publics, on ne cache pas sa satisfaction face à la décision du conseil d'administration de l'assureur. La décision d'AIG "est la bonne", a déclaré le sous-secrétaire adjoint au Trésor chargé de la stabilité financière, Timothy Massad. "Nous continuons à penser que la plainte de Starr est dénuée de tout fondement et nous défendrons vigoureusement notre action". La Fed a quant à elle envoyé au communiqué publié au moment du dépôt de la plainte de Starr. "AIG avait le choix d'emprunter à la Fed ou de faire faillite", ce qui aurait "laissé les actionnaires d'AIG avec des actions sans aucune valeur", avait-elle alors souligné.

Un accord est un accord...

Un avis que ne partageait pas Hank Greenberg dont la plainte affirmait "plutôt que de fournir à AIG les aides à la liquidité qu'il a fournies à d'autres entreprises comparables (...) le gouvernement a pris une série de mesures en septembre 2008 qui ont abouti à une prise de contrôle de l'entreprise et de 80% des actions d'AIG, sans dédommager équitablement" les actionnaires. Le directeur général d'AIG, Robert Benmosche, a certes admis mercredi 10 janvier sur la chaîne financière CNBC que l'assureur avait été traité "différemment" de certaines banques ayant bénéficié d'aides publiques au plus fort de la crise, comme Citigroup. Mais "le gouvernement a fait ce qu'il a pu avec les informations dont il disposait en pleine tornade", a-t-il ajouté. AIG ne peut pas avoir "accepté l'argent public pour ensuite poursuivre le gouvernement", a -t-il par ailleurs estimé. "C'était peut-être un mauvais accord, mais un accord est un accord", et participer à cette plainte n'aurait pas été "dans l'intérêt de nos actionnaires" en termes de réputation, a-t-il insisté.

 

 

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Commentaires 2
à écrit le 11/01/2013 à 11:12
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C'est regrettable cet abandon de poursuite judiciaire, le superbuzz 2013 leur aurait été sans aucun doute attribué! Peut être ont -il eu peur que la justice américaine condamne les administrateurs à porter pendant 148 ans une pancarte autour du coup ...

à écrit le 11/01/2013 à 1:45
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Ce M. Greenberg est indécent.

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