Assurance-vie : les CGP plébiscitent les actions et les produits structurés en 2020

Les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) ont effectué en 2020 des arbitrages massifs sur les contrats d’assurance-vie de leurs clients, selon l’Observatoire Nortia. Les fonds en euros, les actions et les produits structurés sont les grands gagnants de la crise sanitaire. Nortia anticipe un rebond de la collecte de l’assurance-vie en 2021.
Les CGP ont privilégié le fonds euros au premier semestre avant de revenir sur les unités de compte au second semestre 2020.
Les CGP ont privilégié le fonds euros au premier semestre avant de revenir sur les unités de compte au second semestre 2020. (Crédits : Nortia)

2020 ? «Une année compliquée », concède Philippe Parguey, directeur général de Nortia. Mais, précise-t-il aussitôt, contrairement aux grandes crises précédentes, « personne n'a paniqué et nous avons constaté des arbitrages, aussi massifs que rationnels, pour s'adapter aux évolutions de marchés ».

C'est l'une des conclusions de l'Observatoire Nortia du conseil financier indépendant, qui analyse, chaque trimestre, les mouvements réalisés sur la plateforme Nortia par quelque 1.000 CGP (conseillers en gestion de patrimoine) pour le compte de leurs 30.000 clients (11 milliards d'euros d'encours).

2021 s'annonce prometteur pour l'assurance-vie

De fait, l'Observatoire met en lumière une année 2020 contrastée : un premier semestre prudent sur les allocations avec une collecte soutenue sur les fonds en euros et un retour sur la prise de risque au second semestre.

Au quatrième trimestre 2020, les clients (plutôt aisés) ont ainsi nettement repris leurs investissements sur les unités de compte, qui représentent 55% du flux de collecte, contre 46% au second trimestre, au plus fort de la pandémie. Au total « l'année 2020 s'achève sur une répartition en ligne avec les tendances historiques observées chez Nortia », souligne l'Observatoire.

« L'assurance-vie a été pénalisée en 2020 par le gel de nombreux projets patrimoniaux, comme la vente de biens immobiliers ou d'actifs professionnels. Tous ces projets, un moment suspendus, commencent à revenir et c'est la raison pour laquelle nous avons connu une bonne collecte en fin d'année. Même si le mois de janvier a été assez calme, la collecte repart très fort en février et je pense que 2021 sera une bonne année pour l'assurance-vie », commente Philippe Parguey

Top 3 des fonds actions

Le fonds en euros a démontré (une fois de plus)  sa résilience en 2020 : il reste le pivot central de l'assurance-vie, y compris sur des contrats moyens de plus de 300.000 euros. « Les fonds en euros ne sont pas morts, comme beaucoup le prédisaient :  ils représentent toujours, et encore pour longtemps, malgré la chute des rendements, le meilleur placement sans risque du marché », avance Philippe Parguey.

En revanche, c'est bien sur les unités de compte (UC) que les équilibres ont été quelque peu chahutés. Les grands gagnants de l'année 2020 ont été sans conteste les fonds actions, européens et internationaux, et ce, au détriment des fonds patrimoniaux ou diversifiés. Alors que les fonds actions représentaient 10% de la collecte brute sur les UC au premier trimestre, ils ont concentré un tiers de la collecte au quatrième trimestre, et « cette tendance va durer », estime Nicolas Lemaire, analyste financier chez Nortia. Les supports sectoriels et thématiques, notamment sur l'environnement, sont clairement sur une pente ascendante dans les allocations.

C'est donc, sans réelle surprise, que nous trouvons sur le podium des fonds privilégiés (hors produits structurés et immobilier) par les CGP en 2020, soit des fonds actions bien installés sur le marché, soit des fonds actions thématiques. La première place revient en 2020 à Comgest Monde (actions internationales), suivi de Varenne Valeurs (valeurs de croissance et stratégies de couverture) et du fonds thématique Echiquier Artificial Intelligence.

Vague de collecte sur les produits structurés

Autre grand gagnant de l'année 2020, selon l'Observatoire, les produits structurés. « Après la baisse des marchés et la hausse de la volatilité, nous avons constaté une vague importante d'investissements dans les produits structurés, avec un stock qui devrait rester stable dans le temps », relève Philippe Parguey.

En revanche, les supports immobiliers ont souffert à partir du second trimestre avant de renouer avec la collecte à partir du troisième trimestre et quatrième trimestre (autour de 20% de la collecte brute), sans retrouver son pic (40%) du premier trimestre.

L'année 2020 a été ainsi caractérisée par de nombreux arbitrages au sein des contrats d'assurance-vie, particulièrement au premier trimestre, qui ont profité aux produits structurés, aux actions et aux supports immobiliers.

Les grands perdants de ces arbitrages ont été les fonds monétaires, les fonds mixtes et les fonds obligataires. À noter que les fonds en euros ont été les supports privilégiés au troisième trimestre en termes d'arbitrages nets.

Le retour du compte-titres

L'année 2020 marque également le grand retour du compte-titres. « Tout le long de l'année, les CGP ont plébiscité ce support, qui permet de saisir rapidement les opportunités de marchés », souligne l'Observatoire. Chez Nortia, la collecte sur les comptes titres a ainsi frôlé les 500 millions d'euros. Et ce sont les produits structurés qui se distinguent très nettement dans les arbitrages nets effectués par les CGP sur les comptes-titres.

Les clients commencent en effet à prendre conscience de la « flat tax », qui se traduit par une fiscalité équivalente pour le compte-titres et l'assurance-vie sur les horizons d'investissement de moins de huit ans. En outre, le compte-titres présente une bien meilleure souplesse pour effectuer des arbitrages rapides, notamment sur les produits structurés, qui nécessitent parfois plusieurs jours pour être référencés sur un contrat d'assurance-vie contre quelques heures pour un compte-titres. Enfin, pour les CGP, les obligations réglementaires sont désormais identiques pour les deux supports.

L'afflux de collecte sur les comptes-titres provient pour l'essentiel des entreprises qui y voient un support adapté pour la gestion de leur trésorerie excédentaire. Les entreprises peuvent ainsi placer leur cash, sans pression de rendements, dans des allocations prudentes, avec des garanties élevées sur le capital. Une tendance qui devrait également perdurer en 2021.

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