BNP Paribas veut réduire par 5 ses investissements dans l'extraction et la production de pétrole

Alors qu'elle avait jusqu'à jeudi pour répondre à trois ONG, Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France, qui l'avaient mis en demeure fin octobre en raison de ses financements dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers, BNP Paribas a annoncé mardi soir vouloir diviser par cinq ses financements au secteur de l'extraction et de la production de pétrole
(Crédits : BENOIT TESSIER)

Alors qu'elle avait jusqu'à jeudi pour répondre à trois ONG, Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France, qui l'avaient mis en demeure fin octobre en raison de ses financements dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers, BNP Paribas a annoncé mardi soir vouloir diviser par cinq ses financements au secteur de l'extraction et de la production de pétrole. Si le groupe bancaire n'a pas financé directement de nouveaux projets pétroliers depuis 2016, son soutien à des entreprises continuant de développer de nouveaux champs est en partie comptabilisé comme de l'exploration et de la production.

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80% d'énergie décarbonée dans son portefeuille de financement énergétique en 2030

Dans un communiqué, la première banque européenne s'est en effet engagée à réduire à « moins d'un milliard d'euros » le montant de ses encours de crédits dans ce secteur. Il s'agit d'une forte accélération pour la banque, qui communiquait jusqu'ici sur une baisse de 25% à l'horizon 2025 (le raffinage pétrolier et le gaz ne sont pas concernés par cette promesse). Résultat : les énergies « bas carbone » (énergies renouvelables, nucléaire et biocarburants) devraient représenter 80% du portefeuille de financement énergétique de la banque en 2030, contre 55% aujourd'hui. BNP Paribas compte ainsi passer les encours de ses financements d'énergies bas carbone, « essentiellement renouvelables », à 40 milliards d'euros en 2030, contre 24,8 en septembre dernier.

Concernant le gaz, le groupe bancaire souhaite réduire de 30% son encours de crédits, évalué à 5,3 milliards d'euros en septembre 2022, en réservant les financements prioritairement aux centrales thermiques de nouvelle génération à bas taux d'émission ainsi qu'à la sécurité d'approvisionnement, terminaux gaziers et flotte de transport de gaz ».

« En 2015, au moment de la signature de l'accord de Paris, les financements à la production d'énergies bas carbone ne représentaient qu'une part limitée du portefeuille de crédits de BNP Paribas », assure son directeur général, Jean-Laurent Bonnafé. Avec ces nouveaux objectifs, « le groupe aura ainsi réalisé 80% de sa transition en moins de 15 ans »

En France, BNP Paribas n'est pas le seul groupe bancaire à être mis en cause pour l'insincérité de ses engagements climatiques. Crédit Agricole, autre mastodonte de la finance, est également dans le collimateur des ONG

Premier financeur des géants du pétrole et du gaz, selon les ONG

Reste à savoir si ces mesures dissuaderont les trois ONG de lancer ou non une assignation. Pour elles, les financements de la banque dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers, sont en contradiction avec son « devoir de vigilance » environnemental. Pour l'heure, elles  disent attendre encore la réponse officielle de BNP Paribas à leur mise en demeure pour prendre une décision.

Selon Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France. « BNP Paribas s'est imposée entre 2016 et 2021 comme le 1er financeur au monde de 8 géants pétro-gaziers qui prévoient à eux seuls plus de 200 nouveaux projets d'énergies fossiles ».

En septembre dernier, la banque avait déjà été visée par une action de l'ONG Reclaim Finance, qui encourage les clients de la banque à domicilier leurs comptes auprès d'établissements plus vertueux sur le climat.

Pour l'Agence internationale de l'énergie, le développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers qui se traduiraient par de nouvelles émissions de carbone pendant des décennies est incompatible avec l'accord de Paris, visant un réchauffement climatique de 2°C maximum en 2050 comparé à la période préindustrielle.

Si La Banque Postale s'est déjà engagée à sortir des énergies fossiles à l'horizon 2030, l'effort est bien plus important pour BNP Paribas. Société Générale, pour sa part, avait indiqué en octobre vouloir réduire son exposition à la production de pétrole et de gaz de 20% d'ici 2025 comparé à 2019. Crédit Agricole de son côté a promis de diminuer son exposition à l'extraction de pétrole de 25% entre 2020 et 2025. Le groupe ambitionne aussi de réduire de 30% le niveau absolu de CO2 émis par ses clients dans leurs activités liées au pétrole et au gaz à l'horizon 2030.

 (Avec AFP)

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