Etats-Unis : face à une inflation « pas tolérable », la Fed veut serrer la vis plus rapidement

Si la Réserve fédérale américaine est convaincue de la nécessite de relever rapidement ses taux d'intérêt, il lui reste à déterminer le niveau de ce durcissement des conditions - jusqu'ici exceptionnelles - de financement. Après avoir été rassurante fin 2021, face à l'inflation galopante outre-Atlantique, la secrétaire d'Etat Janet Yellen tire désormais la sonnette d'alarme.
En pleine crise de Covid-19, les taux avaient été abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% il y a deux ans.
En pleine crise de Covid-19, les taux avaient été abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% il y a deux ans. (Crédits : JOSHUA ROBERTS)

Ce n'est pas une surprise car la Fed avait déjà fait courir le bruit sur son intention de relever plus rapidement que prévu ses taux d'intérêt par la voix de ses émissaires. Mais il reste à savoir où la banque centrale américaine placera le curseur, entre un relèvement modéré et les partisans d'une fermeture plus franche du robinet des liquidités dans la reprise post-Covid.

La Fed avait, jusqu'à fin 2021, été très prudente sur les hausses de ses taux, afin de ne pas entraver la reprise, ni de peser sur le marché de l'emploi. Pour rappel, maintenir l'économie à flot en pleine crise de Covid-19, les taux avaient été abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% il y a deux ans, face à l'expansion de la pandémie.

Mais cette politique accommodante d'"helicopter money" menée par l'Etat a aujourd'hui de lourdes répercussions. De fait, la croissance économique est désormais menacée par la forte inflation. Ce qui a de quoi inquiéter l'administration du président Biden dont la popularité est en pleine déconfiture. Sa secrétaire d'Etat au Trésor, Janet Yellen, tente donc de reprendre la main :

"Je suis préoccupée par l'inflation" et "il n'est certainement pas tolérable (qu'elle) reste aux niveaux actuels", a déclaré la ministre de l'Economie et des Finances, lors d'un entretien avec l'AFP.

Une déclaration tranchée et surprenante, tandis que, fin novembre, Janet Yellen voyait l'inflation comme transitoire. Elle anticipait même une baisse "dans la seconde moitié de l'année prochaine, nous commencerons à voir l'inflation baisser et vous pourrez le voir en regardant les taux d'inflation mensuels."

Or, poussée par un ensemble de facteurs liés à la pandémie, l'inflation a atteint, aux Etats-Unis, 7,5% sur un an en janvier, son rythme le plus rapide en près de 40 ans, selon l'indice CPI du département du Travail.

50 points au lieu de 25 points

Résultat, un consensus commence à dessiner. "Un rythme plus rapide d'augmentations (...) des taux directeurs que dans la période post-2015 serait probablement justifié", ont estimé, selon ce compte-rendu, "la plupart des participants" de la dernière réunion du comité monétaire de la Fed, les 25 et 26 janvier.

Ces propos ont alimenté les spéculations sur une possible hausse de 50 points de base lors de la réunion des 15 et 16 mars, et non de 25 points seulement, qui est la pratique habituelle.

"Nous rejoignons maintenant le camp affirmant que la Fed (...) lancera son cycle de resserrement avec une hausse des taux de 50 points de base en mars (...) (puis) des augmentations de taux de 25 points de base lors des réunions suivantes", anticipe encore Kathy Bostjancic, économiste pour Oxford Economics.

Le souvenir de 2008

Lors de la dernière période de reprise économique, à partir de 2015, les taux étaient remontés doucement, pendant trois années, relevés à huit reprises, de 25 points de base à chaque fois, jusqu'à la fourchette de 2,25 à 2,50%, après être restés pendant sept ans entre 0 et 0,25%.

L'économie américaine est aujourd'hui plus solide, ont souligné les responsables de la Fed, que lors de la longue reprise économique qui avait suivi la crise financière de 2008.

Ils ont ainsi "estimé qu'il y avait de bien meilleures perspectives de croissance de l'activité économique, une inflation considérablement plus élevée et un marché du travail nettement plus tendu".

(Avec AFP)

Lire aussi 5 mnL'inflation américaine ne durera pas, prophétise Janet Yellen (avec l'atout Powell dans sa manche)

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Commentaires 6
à écrit le 17/02/2022 à 11:55
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Avant la pandémie tout était en train de croûter, il y a eu pause, diversion, maintenant on revient dans le vif..

à écrit le 17/02/2022 à 9:55
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On se demande toujours si des gens comme Janet Yellen sont vraiment incompétents (Ce qui serait étonnant vu leur niveau de qualification), ou s'ils sont juste hypocrites. Je pencherai pour la deuxième option

le 17/02/2022 à 10:41
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jurisprudence Lagardère fils : je préfère être taxé d'incompétence que de malhonnêteté (NDLR : ça fait un peu mal à l'égo mais on ne risque rien au pénal)

à écrit le 17/02/2022 à 9:34
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Sauf que la dernière fois que la FED a augmenté substantiellement ses taux, en 2005-2006, il en a résulté la crise de 2008 car les emprunteurs ne pouvaient plus rembourser. On doit donc plutôt s'attendre à une hausse de la communication plutôt qu'...

à écrit le 17/02/2022 à 9:25
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sans rire??????? elle a largement contribue a la pagaille et desormais elle ' sonne l'alarme'????? comme segolene et montebourg qui coulent tout ce qu'ils peuvent avant de hurler que la france se desindustrialise?

à écrit le 17/02/2022 à 9:05
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Avec des salaires au ras des pâquerettes du fait de la radinerie de ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant, ça va encore faire mal à une population mondiale qui a déjà subi l'autoritarisme et l'humiliation de politiciens illégitimes au...

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