Le gendarme américain de la Bourse prône la régulation des cryptomonnaies, pour leur survie

L'ancien banquier de Goldman Sachs Gary Gensler, à la tête de la SEC, a livré quelques conseils aux entrepreneurs des crypto-monnaies et des startups qui lancent des services décentralisés sur la blockchain. Aux États-Unis, l'étau de la régulation de ces nouveaux actifs numériques se resserre pour les faire entrer dans le cadre de la réglementation financière classique.
Jeanne Dussueil
« Parlez-nous, entrez (...) au lieu de préférer semble-t-il... demander pardon quand il faudrait demander la permission », conseille Gary Gensler, patron de la SEC, dans les colonnes du Financial Times.
« Parlez-nous, entrez (...) au lieu de préférer semble-t-il... demander pardon quand il faudrait demander la permission », conseille Gary Gensler, patron de la SEC, dans les colonnes du Financial Times. (Crédits : REUTERS/Jose Luis Magana)

Gary Gensler, choisi par le président Joe Biden pour diriger la SEC, le gendarme américain de la Bourse, en avril dernier, prépare le terrain de la régulation des cryptomonnaies. Pour l'ancien banquier d'affaires de Goldman Sachs, spécialiste de ces nouveaux actifs numériques qui reposent sur le protocole décentralisé de la blockchain, leur survie dépend même de l'instauration d'un cadre légal, a-t-il confié au Financial Times. « L'histoire vous prouve que cela ne peut plus durer longtemps en dehors d'un cadre légal. La finance c'est la confiance, finalement », confie encore l'ancien patron de la CFTC, le régulateur des marchés dérivés de Chicago au quotidien britannique.

Tandis qu'il revendique le caractère « neutre de la technologie » de ces actifs échangés via des protocoles informatiques capables de bâtir un consensus - sans autorité centrale -, à l'image du Bitcoin, le patron de la SEC anticipe un marché en pleine expansion. De fait, aux États-Unis, les plateformes de trading américaines font florès, au premier rang desquelles Coinbase, valorisé 65 milliards de dollars lors de son entrée en Bourse, mais aussi FTX, Kraken, ou BitMex. Sur ces nouvelles places de marché, des milliers de cryptomonnaies (on en compte plus de 2.000) s'échangent sans intermédiaire bancaire et de manière (en théorie) sécurisée.

« Avec une valeur mondiale (des cryptomonnaies, NDLR) d'environ 2.000 milliards de dollars, ce marché atteint un niveau qui fait penser que d'ici cinq ou dix ans, il se fera à l'intérieur du cadre réglementaire des politiques publiques », affirme-t-il au journal.

Parallèlement, la SEC (Securities and Exchange Commission) surveille de près l'essor du secteur de la finance décentralisée, la DeFi, dont la proposition de valeur est de développer de nouveaux services financiers sans intermédiaires et instantanés aux particuliers ou aux entreprises.

Au global, les startups de la blockchain trouvent déjà preneurs. Au troisième trimestre, ces entreprises ont attiré 30,4 milliards de dollars d'investissements, soit une hausse de 44% sur un an, selon les données du site Crunchbase. La valorisation de la crypto-monnaie bitcoin dont le cours est particulièrement volatile avoisine, elle, les 1.000 milliards de dollars.

Aussi, Gary Gensler en profite aussi pour faire un appel du pied aux acteurs du secteur et de la DeFi qui, encore peu contraintes, rechignent à venir s'enregistrer auprès de la SEC. « Parlez-nous, entrez (...) au lieu de préférer semble-t-il... demander pardon quand il faudrait demander la permission », conseille celui qui a aussi été professeur d'économie à l'Institut de technologies du Massachusetts (MIT).

Les cryptomonnaies pour financer le plan de relance géant

En parallèle, en plus de ce premier avertissement de la SEC, les cryptomonnaies risquent de ne plus passer sous les radars aux États-Unis du point de vue de la taxation. Adoptée par le Sénat et par la Chambre des représentants cet été, l'infrastructure bill, le plan géant bipartisan de Joe Biden qui prévoit finalement un budget à 3.500 milliards de dollars (initialement 1.200 milliards) pour financer transports, routes et Internet haut débit, s'est vu ajouter un volet cryptomonnaies.

Avec ces amendements, afin de trouver de nouvelles rentrées fiscales pour financer les plans de relance liés au Covid-19, Washington compte ainsi intégrer les transactions de ces actifs sous le contrôle du fisc américain (IRS), les rattachant aux produits financiers classiques.

La communauté des cryptomonnaies s'inquiète déjà de savoir qui, parmi les "mineurs", les éditeurs de logiciel ou les développeurs, seront potentiellement concernés par cette taxation qui prendrait effet en 2023, précise CNBC.

Lire aussi 5 mnGary Gensler, le nouveau patron de la SEC potentiellement décisif sur les cryptomonnaies

Jeanne Dussueil

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Commentaires 3
à écrit le 01/09/2021 à 18:20
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Tient un ancien banquier de Goldman Sachs, un collègue de Barroso( ex-UE)

à écrit le 01/09/2021 à 17:15
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Ben disons que le bilan de la finance internationale étant catastrophique détruisant directement l'humanité et son environnement il est logique de douter hein, se vouer à ce monstre c'est devenir médiocre d'emblée. Sans parler du fait qu'on connait t...

à écrit le 01/09/2021 à 12:49
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"La finance c'est la confiance?" Elle est bien bonne cette blague.... Pour moi, la finance, c'est plutôt la défiance. Mais bon faisons confiance à ce sympathique cowboy.

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