
En mars 2021, les Français ont placé 3,67 milliards d'euros sur les livrets A et DDS (développement durable et solidaire), selon les derniers chiffres de la Caisse des dépôts. Ce qui porte la collecte cumulée sur le premier trimestre à 14,6 milliards, soit 50% de plus que l'an dernier sur le même trimestre. L'épargne de précaution ne cesse donc de grossir, alors que la crise sanitaire et les restrictions se prolongent.
Ce n'est pas en soi une surprise. Toutes les études convergent en effet sur un nouvel effort d'épargne exceptionnel des Français en 2021 après une année record en 2020. Au total, la Banque de France anticipe une « surépargne » de quelque 160 milliards d'euros en 2020 et 2021, dont 110 milliards sur l'année dernière. En revanche, selon les experts de la BPCE, la structure de cette épargne de crise pourrait se modifier cette année... au profit des livrets, et plus marginalement, de l'assurance-vie.
Le dernier baromètre Epargne et Placements de BPCE, qui repose sur un sondage des épargnants réalisé en février 2021, souligne en effet une prise de conscience des ménages d'une épargne inutilisée sur leurs dépôts à vue. « C'est une rupture par rapport à 2020 », constate Alain Tourdjman, directeur des études et prospective de BPCE. Mais, contrairement aux souhaits du gouvernement, cette manne ne semble pas se diriger pour autant vers la consommation (ou l'investissement productif) mais vers d'autres produits d'épargne, et en premier lieu, les livrets.
Arbitrage des dépôts à vue en faveur des livrets
En clair, il y aurait un arbitrage des dépôts à vue vers les livrets A. Au passage, l'assurance-vie profite également de cette bascule, comme le confirme la dynamique de reprise de la collecte nette sur l'assurance-vie sur ces derniers mois, après une moindre décollecte sur les fonds en euros et un maintien de la collecte en UC (contrats en unités de compte).
Comme le confirme le baromètre de BPCE, comme d'autres sondages d'ailleurs, les ménages restent sur leurs gardes, avec des anticipations à la fois de montée du chômage, de hausse des impôts et de l'inflation. « Tout concoure à maintenir une épargne de précaution importante », résume Alain Tourdjman.
D'autant qu'une étude du Conseil d'analyse économique a montré, en octobre dernier, que la moitié du surplus d'épargne accumulée par les Français provient des 10 % des ménages les plus aisés. Or, la propension à consommer de ces ménages est plus faible que la moyenne. D'où d'ailleurs les craintes qu'une partie de cette épargne soit, en sortie de crise, investie dans l'immobilier, voire la Bourse, au détriment de la relance.
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