Moitié moins d'introductions en Bourse dans le monde en 2022

Les conditions financières dégradées sur les marchés ont douché les projets d'entrée en Bourse. Le nombre d'IPO s'est effondré de plus de 70% en 2022 aux États-Unis et en Europe, d'après EY. Le cabinet d'audit financier et de conseil anticipe une reprise des introductions au second semestre 2023.
C'est surtout aux États-Unis que le coup d'arrêt des IPO s'est fait sentir: le nombre d'entrées en Bourse s'est écroulé de 78% (seulement 90 opérations), et leur montant de 94%, à 8,6 milliards. Photo d'illustration : un trader du New York Stock Exchange (NYSE).
C'est surtout aux États-Unis que le coup d'arrêt des IPO s'est fait sentir: le nombre d'entrées en Bourse s'est écroulé de 78% (seulement 90 opérations), et leur montant de 94%, à 8,6 milliards. Photo d'illustration : un trader du New York Stock Exchange (NYSE). (Crédits : Brendan McDermid)

Coup de froid sur la Bourse en 2022. Alors que 2021 avait marqué une année record, les introductions en Bourse ont chuté en 2022 dans le monde, d'après une étude du cabinet d'audit financier et de conseil EY dévoilée ce jeudi.

La chute du nombre d'opérations est spectaculaire : -45% entre 2021 et 2022 pour un montant des valorisations inférieur de près de 61% à l'échelle mondiale. En cause, des conditions de marché bien moins favorables, notamment dans les pays occidentaux.

Conditions de marché défavorables

« Tout au long de l'année 2022, l'activité mondiale des introductions en Bourse a été affectée par une volatilité accrue du marché et d'autres conditions de marché défavorables, ainsi que par les performances médiocres de nombreuses introductions en Bourse cotées depuis 2021 », détaille Franck Sebag, associé EY.

Par rapport à 2021, le contexte financier est en effet nettement dégradé sur fond d'incertitude avec le retour d'une inflation à des niveaux inédits depuis quatre décennies, le durcissement monétaire des banques centrales après des années de taux bas et des perspectives économiques moroses, dont une probable récession.

À Wall Street, le nombre d'opérations chute de 78% et de 94% en valeur

Le manque d'engouement pour la Bourse est particulièrement manifeste dans les IPO (Initial Public Offering, pour « introduction en Bourse ») aux Etats-Unis. Le nombre d'entrées en Bourse dégringole de 78% quand leur montant fond de... 94% à seulement 8,6 milliards. Un point bas en vingt dans aux Etats-Unis. À titre d'exemple, la principale introduction de l'année a permis à Corebridge, société d'assurance vie et d'épargne retraite, de lever 1,7 milliard de dollars en septembre 2022, très loin des 13,7 milliards récoltés par le constructeur de voitures électriques Rivian en novembre 2021.

Les difficultés des valeurs technologiques expliquent aussi ce ralentissement. Ces dernières années, nombre de grandes IPO étaient le fait d'entreprises technologiques. Or, après deux années fastes pendant la pandémie de Covid, la tech connaît une crise, y compris chez ses géants les GAFAM. Quant aux sociétés prometteuses, qui pourraient songer à des IPO mais n'offrent pas encore de garanties de rentabilité, elles ne bénéficient plus de la patience et de l'enthousiasme des investisseurs.

L'Europe sauvée du désastre par l'IPO de Porsche

En Europe, la situation n'est guère plus reluisante. Dans la dernière ligne droite de l'année, la cotation de Porsche aura permis d'éviter une véritable déroute du marché des introductions en Bourse sur le continent, après une année 2021 exceptionnelle. Avec 149 opérations au compteur et 18 milliards de dollars levés, les IPO européennes reculent de 70% en volume et de 78% en valeur sur un an.

Lire aussiIntroductions en Bourse en Europe : l'année 2022 sauvée du désastre par Porsche

La baisse aurait été encore plus significative sans l'arrivée en trombe en Bourse du constructeur automobile allemand haut-de-gamme par sa maison-mère Volkswagen pour un total de 9,1 milliards d'euros levés. L'introduction de Porsche à la Bourse de Francfort a été un succès, malgré une moitié des titres émis sans droit de vote. Le faible flottant, la notoriété de la marque, et un visa direct pour entrer dans l'indice DAX ont fait « qu'aucun gérant ne pouvait se désintéresser de l'opération », selon un banquier.

Quid de 2023 dans le monde ? Chez EY, Franck Sebag anticipe un rebond du nombre d'introductions en Bourse au deuxième semestre de l'année alors que « des conditions plus favorables semblent être mises en place » pour une reprise « d'ici la seconde moitié de l'année ».

(avec AFP)

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