Paiement : Iliad (Free) veut casser les prix du marché B2B avec la startup Stancer

Le groupe télécoms de Xavier Niel se lance sur le marché du paiement (encaissement) pour les commerçants. Sa filiale Stancer entend jouer des mêmes codes qui ont fait le succès de Free dans la téléphonie mobile : une offre sans engagement et à prix cassés pour s’imposer sur un marché déjà très encombré. L’offre, assez basique, se présente comme « deux à trois fois moins chère » que la concurrence. Pas question pour autant de jouer dans la cour des néo-banques, notamment pour les particuliers.
George Owen et Aurélien Beaujean sont aux commandes de la startup Stancer, filiale du groupe Iliad.
George Owen et Aurélien Beaujean sont aux commandes de la startup Stancer, filiale du groupe Iliad. (Crédits : DR)

C'est avec l'assurance d'une fintech qui aurait déjà fait ses preuves que Stancer, filiale du groupe télécoms Iliad (Free), annonce le lancement de son offre de paiement à destination des commerçants, StancerPay. Avec l'ambition de « casser les codes du paiement ».

Une telle annonce peut légitimement soulever un certain scepticisme tant le marché du paiement, off et on line, mobile ou non, semble déjà bien saturé. Aux côtés des banques traditionnelles, une multitude de fintechs ont adressé le marché de l'encaissement, comme Zettle, Square, SumUp ou bien PayPlug, sans parler des géants américains comme Apple qui souhaite transformer ses nouveaux iPhones en terminaux de paiement (et peut-être mettre fin au terminal de paiement classique).

« Le marché des terminaux de paiement connaît aujourd'hui de grandes transformations avec l'arrivée de nouveaux spécialistes sur le marché, à l'instar du français Yavin, mais aussi les ambitions des grands acteurs internationaux du paiement à l'image d'Adyen qui a annoncé récemment le lancement de sa propre gamme de terminaux et noué un accord avec Apple pour son offre Tap to Pay d'encaissement sans contact sur iPhone », observe Nicolas Renaud, consultant chez Sémaphore Conseil.

L'alter ego d'Iliad dans le paiement?

Pour se faire une place au soleil, Stancer compte déployer les mêmes recettes qui ont fait le succès de Free dans la téléphonie mobile : une offre « sans engagement » à prix cassés. La fintech joue donc la transparence sur les prix avec une commission variable de 0,7% pour une carte émise en zone euro (2,5% sinon) et une commission fixe par transaction de 0,07 euro (zone euro) en magasin, ramenée à zéro pour les petites transactions (moins de 7 euros), et de 0,15 euros en ligne.

« Nous sommes deux à trois fois moins cher que le marché », soutient le PDG de la société, Georges Owen. L'idée est bien d'ailleurs de faire de Stancer « l'alter ego d'Illiad dans le paiement », selon l'expression du dirigeant. « L'offre semble assez agressive coté tarif avec notamment la mise à disposition du terminal gratuit mais, comme toujours, le diable est dans les détails », remarque de son côté Nicolas Renaud.

Il est en fait assez difficile de faire un véritable comparatif tant les modèles de facturation sont différents, selon les acteurs. Les banques proposent généralement des commissions cartes (émises en Europe) assez faibles, de l'ordre de 0,25 à 0,5%. Mais elles facturent parallèlement de nombreux frais (location du terminal, mise en service, assistance...) qui alourdissent la facture pour le commerçant.

C'est pourquoi les nouveaux entrants ont toujours joué la carte de la transparence avec des commissions clairement affichées, sans frais cachés. Mais chacun, là aussi, a son modèle. La fintech Smile & Pay propose ainsi une commission carte Europe de 0,65% dans le cas d'un abonnement de 29 euros par mois sans frais fixe.

La fintech Yavin (dont l'un des actionnaires est d'ailleurs Xavier Niel, via son fonds Kima Ventures) a également adopté la formule de l'abonnement, avec uniquement une commission variable de 0,5%. De leurs côtés, SumUp ou Zettle apparaissent plus chers avec une commission carte Europe de 1,75 % mais sans frais fixes. Le prix du terminal peut également varier du simple ou double.

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Déjà rentable !

Le prix ne fait cependant pas tout, surtout dans le domaine du paiement. Le discours de Stancer est également bien rodé sur ce volet. Créée officiellement en 2018, Stancer est une émanation de l'infrastructure de paiement d'Iliad, développé en interne ces dernières années. Pour la petite histoire, Xavier Niel en avait assez de payer des commissions jugées disproportionnées au prestataire de paiement de Free, « une grande banque de la place ». C'est donc bien sur la base des outils de paiement développés pour les besoins du groupe Iliad et de l'expérience acquise que Stancer tente l'aventure, avec un agrément d'établissement de paiement en poche.

Pas l'ombre du néo-banque

« Nous gérons déjà 200.000 transactions par jour (...) et nous sommes déjà rentables », souligne Georges Owen pour bien rappeler que la startup ne débarque pas de nulle part. Mais si Iliad est un actionnaire (très) majoritaire, la jeune société revendique une parfaite autonomie en matière de stratégie et de développement, avec ses propres locaux et salariés (une vingtaine actuellement, toujours en phase de recrutement). Même le logo ne fait référence ni à Iliad ni à Free.

Cette offre très basique, peu portée sur l'innovation, peut surprendre à l'heure où les acteurs multiplient les services pour mieux diversifier les revenus. SumUp vient d'annoncer le lancement d'un porte-monnaie numérique pour les particuliers et Square fait ses premiers pas dans la banque mobile pour une clientèle de (petits) commerçants. D'autres se lancent dans le crédit ou la facilité de paiement. Mais faire simple et pas cher est peut-être à nouveau le credo d'une époque.

En tout cas, Iliad n'a pas relevé le pari de la néo-banque, sur les traces de son concurrent Orange avec Orange Bank. Mais les pertes accumulées par cette dernière, et les réflexions en cours sur son devenir au sein du groupe de télécoms, ont sans doute dissuadé Xavier Niel de caresser l'idée d'un développement stratégique d'une "Free Bank" pour pallier la faible croissance des revenus de l'opérateur.

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