Dix ans après son arrivée sur le marché du mobile, Free dispose toujours de son contrat d'itinérance avec Orange. Et ce n'est peut-être pas fini ! le 27 juillet dernier, l'opérateur de Xavier Niel a demandé à l'Arcep, le régulateur des télécoms, une prolongation de cette « prestation » qui lui permet d'emprunter les réseaux 2G et 3G de l'opérateur historique pour trois années supplémentaires. Sachant que le contrat actuel, qui a déjà été plusieurs fois étendu, doit normalement s'achever en fin d'année.
Ce mercredi, l'Arcep a précisé les modalités de cette énième prolongation. Elle comprend notamment une limitation des débits. Ou plus précisément un « plafonnement des débits maxima montants et descendants atteignables par les clients de Free Mobile en itinérance à 384 kbits » à compter de 2023. Les modalités financières - ce que Free paiera à Orange - incluent un « mécanisme » spécifique. S'il n'est pas détaillé par le régulateur, son objectif est d'inciter « à la réduction du nombre de clients Free Mobile utilisant le réseau 2G/3G d'Orange ». Désormais, l'Arcep va examiner cette prolongation « au regard notamment des objectif de régulation ». Ce sera ensuite au collège de l'institution présidée par Laure de La Raudière de donner - ou pas - son aval.
Une manne importante pour Orange
Du côté d'Orange, on se frotte les mains. Pour l'opérateur historique, qui doit fermer son réseau 2G en 2025, c'est l'opportunité, dans l'intervalle, de rentabiliser cette infrastructure au maximum. Même si les revenus de ce contrat n'ont aujourd'hui plus rien de comparable avec ceux des débuts du contrat. En 2015, par exemple, Orange avait touché, selon nos informations, un pactole de 400 à 500 millions d'euros.
Mais le son de cloche est très, très différent chez SFR et Bouygues Telecom. S'ils ne souhaitent pas faire officiellement de commentaire à ce sujet, leur colère ne fait aucun doute. À leurs yeux, cela fait bien trop longtemps que Free bénéficie de son contrat d'itinérance, alors même qu'il dispose aujourd'hui de son propre réseau mobile. Pour SFR et Bouygues Telecom, cette situation fausse la concurrence.
« Si l'itinérance perdure, c'est une catastrophe »
Chez l'opérateur de Martin Bouygues, ce dossier fait sortir ses dirigeants de ses gonds depuis des années. Et pour cause : c'est grâce à ce contrat d'itinérance que Free a pu débarquer sur le marché du mobile, en 2012. En tant que nouvel entrant, il en avait besoin dans la mesure où il ne disposait pas de réseau propre. En utilisant le réseau d'Orange, Free a pu allègrement casser les prix du mobile. Au grand dam de Bouygues Telecom qui en a énormément souffert. À l'été 2012, Martin Bouygues disait déjà tout le mal qu'il pensait de cette « itinérance ». « Si l'accord d'itinérance perdure, c'est une catastrophe », avait-il râlé.
C'est pourtant bien ce qui s'est passé. Ce contrat a déjà été reconduit à deux reprises, en 2016 et en 2020. Lors de cette dernière reconduction, Arthur Dreyfuss, alors secrétaire général d'Altice France (SFR) avait critiqué la manœuvre. D'après lui, elle était révélatrice d'un « triste constat » : à l'en croire, Free aurait, a-t-il indiqué au Figaro, encore besoin de cette itinérance faute d'avoir suffisamment investi dans son réseau...
Une « extinction » sans cesse repoussée
Mais l'Arcep n'a pas été de cet avis. À cette occasion, l'institution n'a pas jugé utile de modifier les termes du contrat entre Free et Orange, au regard de la « baisse continue, en volume et en proportion, des communications de Free Mobile acheminées en itinérance 2G/3G ». Mais aussi parce que Free a continué, a souligné le régulateur, d'investir dans son propre réseau. Le régulateur évoquait alors une « extinction » totale au 31 décembre cette année. Mais rien n'est, visiblement, jamais gravé dans le marbre. Interrogé par La Tribune, Free n'a pas souhaité faire de commentaire.
Sujets les + commentés